The Strokes – Comedown machine

Alors voilà , je »meaculpise » publiquement, comme un animateur météo qui aurait tenu des propos racistes sur une page facebook. Si tu relis mes tweets de ce début avril, tu me liras ironiser sur comedown machine des Strokes. Parce que oui voilà  c’est pas de ma faute, j’étais au volant de ma voiture et j’ai été percuté par une grosse envie de rock post adolescent comme j’en avais eu ma dose en 2001 à  la sortie de Is this it? et n’ayant pas eu mon shoot immédiat à  l’écoute de Comedown Machine…., J’ai ironisé sur l’album des Américains. Je me ravise en ayant pris le temps de le laisser mûrir dans mon lecteur. En ayant pris le temps de prendre plaisir à  l’écouter.

Mais toi, Ondine Benetier, toi qui a écrit dans les Inrocks une critique assassine, partant sans doute du même postulat d’envie de rock que moi (tu avais seize ans et la jeunesse en fleur à  la sortie du premier album, tu sautais partout dans les soirées, vantant le retour du rock, la Doc Martens en évidence…) Je n’aime pas ta méthode. Parce que justifier que tu n’apprécies pas l’album par le climat de déliquescence qui règne au sein d’un groupe qui tourne ensemble depuis plus de 13 ans, est juste une ineptie sans nom. Erreur de jeunesse sans doute, mais oui Ondine tu es jeune encore, ou alors on mettra cet avis assassin sur le compte de l’urgence à  publier rapidement la critique du disque juste après la sortie de l’album, juste après que toi comme moi nous ayons mis la main sur les »advance » des maisons de disque. Parce que c’est bon pour le référencement, la SEO, la place des Inrocks dans le moteur de recherche. Non? Ah bah alors je ne te comprends pas. Justifier qu’on aime pas un disque parce que le groupe est en pleine crise d’unité, ce serait nier l’existence entière de Oasis (laisse t’étais en CM2), certains albums des Beatles, oublier Mellon Collie and the infinite sadness de Smashing Pumpkins, oublier l’ego de Brian Wilson dans les Beach Boys… Refaire l’histoire du rock en entier.

Mais il est vrai qu’à  ton exemple,, Comedown machine va certainement subir une des avanies du monde moderne: le manque de temps. Comedown machine pousse au paroxysme l’entreprise des Strokes pour se départir de leur image garage rock, entamée déjà  depuis first impressions of earth. , Et qui a le temps d’attendre qu’un disque prenne le temps de s’installer sur sa platine, alors qu’il est déjà  remplacé par un autre dans le lecteur? Qui a le temps de se laisser re-séduire par une ré-invention de groupe quand le monde ne caresse plus que l’envie de se retrouver en terrain balisé, quand on attend que le goût du fromage corresponde strictement à  son étiquette. Pas toi Ondine assurément. , Je me demande ce que tu aurais dit à  l’époque du passage de Radiohead de The Bends à  OK computer? Aurais-tu dit qu’on ne comprenait pas pourquoi cette tête de pioche de Yorke tirait un projet pop exsangue vers l’électronique? hihihi (rire sarcastique). Bon allez j’arrête le bashing. Ca défoule, mais ça ne sert à  rien. Dans la vie Ondine est peut-être très sympathique.

Tentons du coup d’expliquer comment l’album de 38 minutes, – comme une bonne vieille face de cassette magnétique -tire son épingle du jeu. D’abord parce qu’une fois passée la surprise de ne retrouver guère que all the time, habilement placé en début de disque pour passage de témoin entre le Strokes des deux premiers albums et son incarnation actuelle, Comedown machine , surprend parce qu’il emmène tout le groupe (en pleine crise, exsangue… patata pour la rubrique people voir avec Ondine) explorer une veine déjà  percée par Casablancas en solo dans Phrazes for the young – auquel ne manque , d’ailleurs que le duo guitaristique des Strokes pour , être du même tonneau-. 80’s comedown machine est à  ce titre le plus bel exemple de démonstration de ce qu’aurait pu être les Strokes s’ils n’avaient pas marqué les années 2000. Les Strokes, abandonnent un son (faussement) sale, pour une perfection sonore qui éloigne le groupe du garage et le rapproche des années 80, très très produites. On hésite parfois à  savoir si Moretti frappe les fûts ou s’il a été remplacé par la beatbox si caractéristique de l’époque. C’est sûr ça surprend.

De manière plus affirmée, et plus tranchée aussi que Angles, qui est sans doute l’album des Strokes que je comprends le moins, les New-Yorkais explorent. D’autres sons, d’autres ambiances, une baisse de tempo et presque du groove classe. Sur certains titres même, comme Partners in Crime notamment Casablancas, va presque jusqu’à  se prendre pour Sigur Ros. Musicalement ça tient, mais la voix trop haut perchée du bonhomme est le seul point qui m’irrite parfois dans tout le disque. Les Strokes explorent, se réinventent avec réussite souvent, mais moins d’immédiateté tubesque. Slow animals par exemple convoque les baggy des Stone Roses, avec l’air de ne pas y toucher. Ca aussi ça surprend. Le casque aide beaucoup à  bien juger de la richesse sonore de l’ensemble très net, très produit. Le disque est plus réfléchi, moins direct que ce qu’on a pu connaître des Strokes de jadis. Je ne savais pas trop à  quel groupe le comparer jusqu’à  ce qu’au hasard de mon lecteur MP3 se percutent le bankrupt de Phoenix et Comedown machine des Strokes et que j’aie un doute sur la paternité.

En fait c’est ça. La bande réunie – dans la douleur (nananana….)- autour de Casablancas, fait de la musique de Versaillais. Ils gagnent en classe ce qu’ils perdent en rock primaire, si tant est que le rock sale ait été chez eux un jour autre chose qu’une image. Comedown machine sonne comme la mise en commun des voies individuelles prises par chacun de ses membres. Il y a le côté solaire emprunté par Hammond Jr, le côté éthéré et mineur de Little Joy, et le goût immodéré de Casablancas pour le rock cybernétique des années 80. Et l’ensemble sonne un peu comme du Phoenix., Le nouveau Strokes est capable de produire des ovnis comme Call it fate, call it Karma, sans que je sois choqué.

En parvenant, à  oublier les attentes que j’avais quant au son, quant au mode de prise de parole, si je parviens à  oublier que les Strokes ont une histoire qui sera aussi un jour leur boulet, Comedown machine est un grand album que mon lecteur se plait à  diffuser. Si je me laisse aller une seconde à  chercher un reptilia bis sur le disque. Je suis déçu comme Ondine. Mais faut lui dire à  Ondine: ni elle ni les Strokes n’ont plus seize ans ;-), et la maturité que les Strokes nous montrent est plus que plaisante, je trouve.

Denis Verloes

 

Tracklist

Label: Jive / Epic / Sony Music

Date de sortie: 25 mars 2013

 

Plus+
La critique de Angles
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3 thoughts on “The Strokes – Comedown machine

  1. Ouais, c’est bien de positiver, mais elles sont passées où les chansons ? la maturité c’est bien beau, mais ça sent surtout la baisse d’inspiration. Alors oui, on peut réécouter 50 fois ce disque pour essayer de commencer à l’apprécier, mais bon pour tous les autres albums des Strokes, une écoute ou deux suffit à l’emporter. Franchement, de la pochette (mais c’est quoi cette impression dégueulasse?) au livret (sont où les lyrics et le visuel arty qu’on aimait tant?) en passant par le mix ( la voix est dans les choux complet…) tout ça sent l’escroquerie à plein nez, en tous cas c’est pas ce genre de produit qui va redonner envie aux rockers en herbe d’aller lâcher 15 euros pour un disque. Actuellement, faut mieux se replier sur les productions solo de Casablanca ou Hammond, qui sont beaucoup plus léchée et bien plus inspirées niveau mélodie et compos. Voilà, un fan de longue date déçu.

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