Voyager léger, de Julien Bouissoux

voyageleger.jpgTristan Poque écrit toujours, mais sous plusieurs pseudonymes, il a revu ses prétentions à  la baisse, au diable la littérature, aujourd’hui il écrit des romans de gare, des polars sombres et austères, sans réel cachet. Pour arrondir ses fins de mois, il accepte aussi d’être lecteur pour une maison d’édition et gobe les manuscrits insignifiants qui, d’abord, boostent son énergie, et puis finissent par le laminer.
Son dernier livre peine à  voir le bout du tunnel, sans cesse son intrigue dérape, ses personnages deviennent flous. Au gré des rencontres et des questions bassement métaphysiques qu’entretient Tristan, son Cocktail Mortel boit l’eau.
Heureusement, il y a l’ami Poupou, compagnon de plume, de boisson et d’infortune. Lui aussi connaît le syndrome de la page blanche, au lieu de se miner il décide de se complaire dans l’observation des plantes fougères. Tous deux, paressant mollement sur le balcon du nouvel appartement de Poupou, devisent peu sagement et échafaudent un plan drôle et inventif.

Vous ignorez qui est Tristan Poque ? Alors, vous n’avez jamais lu le roman de Julien Bouissoux, La chute du sac en plastique. Dommage pour vous. Mais quelle chance de pouvoir faire cette rencontre prochainement ! Plaisant et désabusé, le ton de Julien Bouissoux saura vous toucher et vous séduire, en plus de son personnage attachant qu’est Tristan Poque. Héros peu romantique des Temps Modernes, il traîne son spleen et sa cruelle lucidité sous notre oeil charitable. Il incarne à  lui tout seul le jeune auteur peu ambitieux, ou forcé de ne plus l’être, qui se trouve au creux de la vague et du dilemme qu’est le manque d’inspiration. Les passages avec l’autre écrivain en manque de veine donnent aussi lieu à  des échanges cocasses, un peu tordus, mais qui sont le reflet de cette littérature contemporaine, légère et peu affectée. Ici, les personnages s’ennuient mais ne rasent pas le lecteur. A prendre à  la légère, comme le titre !

Stéphanie Verlingue

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Voyager léger
de Julien Bouissoux
Éditeur : L’olivier
180 pages – 16€¬
Publication :10/01/2008