Le Bon, la brute et le cinglé

affiche_3.jpgIl serait sans doute vain de vouloir résumer l’intrigue du dernier film de Kim Jee-Woon, réalisateur sud-coréen déjà  remarqué pour ses précédents opus, : Deux soeurs (2004) une angoissante histoire de famille et de fantômes, suivi deux années plus tard par A Bittersweet life, règlement de compte entre chefs de gang au sujet d’une petite amie infidèle. Deux longs-métrages ayant en commun rythme et virtuosité. Des qualités que l’on retrouve à  puissance dix dans ce western époustouflant, hommage évident au cinéma de Sergio Leone, maître incontesté du cinéma spaghetti, qui signa en 1966… Le Bon, la Brute et le Truand.

On dira juste qu’il s’agit ici d’une course poursuite sans relâche entre trois hommes qui, ce coup-ci, ne sont plus à  la recherche d’un chargement d’or disparu, mais d’une carte au trésor extorquée à  un haut dignitaire japonais. Le trio n’a de cesse de se courir après, histoire de mettre la main sous la fameuse carte et, partant, du trésor qu’elle est censée indiquer.
Cela débute par un véritable morceau de bravoure à  bord d’un train, se poursuit dans la ville voisine, pour trouver son épilogue au milieu du désert mandchou. Ainsi Kim Jee-Woon utilise en les passant à  sa moulinette personnelle les clichés et autres codes fondateurs du western de l’Ouest américain, : attaque du train, figure solitaire de celui qui représente le droit chemin (le Bon), traversée des grands espaces. Mais il y ajoute un sens de l’humour qui fait toujours mouche dans la production de scènes qui flirtent sans conteste avec le cartoon et l’univers cher à  Tex Avery, : la bagarre au sol et dans les airs prenant place dans un décor luxueux que le cinéaste semble prendre un curieux plaisir à  mettre en pièces. Le clin d’oeil adressé au cinéma déjanté du cartoon trouve son apogée dans la poursuite finale, : pas moins de vingt minutes endiablées et épuisantes (pour le spectateur lessivé) où le Cinglé dans un side-car voit à  ses trousses quatre catégories différentes de poursuivants qui, de surcroît, se chassent entre elles. A peine, le réalisateur nous aura-t-il offert une courte pause, permettant à  ces hommes vénaux d’échanger quelques grands principes.

Existe aussi d’autres clins d’oeil à  la mythologie du western, comme ce détournement de la fameuse réplique de Clint Eastwood dans le film de Leone, : »Le monde se divise en deux catégories, : ceux qui ont un pistolet chargé, et ceux qui creusent. Toi, tu creuses ! » C’est donc là  un pur produit de divertissement dont on peut raisonnablement penser que la première partie est la plus convaincante par la richesse des décors, les trouvailles de mise en scène, l’inventivité et les rebondissements d’un scénario magistralement servi par les trois comédiens qui font partie des plus grandes stars du cinéma sud-coréen. Aussi est-on en droit de faire quelque peu la fine bouche en trouvant que Kim Jee-Woon en fait ensuite des tonnes, gagnant en grosse cavalerie et recherche d’effets surlignés par l’emploi d’une musique anachronique et donc décalée ce qu’il perd en finesse et en subtilité.
C’est là  un mince reproche eu égard à  l’immense plaisir revigorant et jouissif que procure sans faillir Le Bon, la brute et le cinglé. Un film classe et ironique, inventif et sur-vitaminé.

Patrick Braganti

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Le Bon, la brute et le cinglé
Film sud-coréen de Kim Jee-Woon
Genre, : Comédie, action
Durée, : 2h08
Sortie, : 17 Décembre 2008
Avec Woo-sung Jung, Lee Byung-Hun, Kang-ho Song

La bande-annonce :

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