John Wick Parabellum : au top du cinéma d’action actuel

Ce troisième volet de la saga confirme la suprématie de John Wick dans le cinéma d’action de cette décennie avec des scènes de combats toujours aussi bluffantes.

John Wick Parabellum Photo Keanu Reeves
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A quelques exceptions près, l’analyse de ce troisième opus pourrait être la même que celle du second. En effet,  John Wick 3 est toujours aussi impressionnant et efficace niveau action et l’histoire, ou plutôt l’univers dans lequel gravite le personnage principal (sa mythologie en somme) se densifie doucement mais surement. Ce volet confirme que cette saga est devenue, l’air de rien, le must dans le cinéma d’action de la décennie. Et même une référence dans toute l’histoire du cinéma d’action contemporain aux côtés d’un The Raid et sa suite. Car sur le plan des combats, des cascades et des fusillades, cette trilogie frôle la perfection. Que ce soit au niveau des cadrages, de la visibilité, des chorégraphies mises en place et des lieux de l’action choisis et de la manière dont ils sont mis en valeur, c’est un sans faute. Le second épisode était juste un cran en dessous du premier car il ne bénéficiait pas de l’effet de nouveauté et de fraîcheur. Ce troisième volet pourrait valoir complètement le second mais deux détails font qu’il se situe également un cran en dessous…

Ces détails, plus ou moins sérieux selon l’importance qu’on leur accorde, se situent sur la fin de l’histoire. D’abord le combat final, censé être l’apothéose du film, est légèrement décevant au regard de tout ce qu’on a pu prendre dans les mirettes sur trois long-métrages et même durant ce seul volet. Le fait de le situer dans une salle de verre est une bonne chose mais le combat en lui-même est un tantinet banal et en plus trop long, surtout après deux heures de castagne quasi ininterrompue. On en attendait plus de l’affrontement Keanu Reeves / Mark Dacascos.
On trouve également que cette fin ouverte et complètement improbable fait basculer la saga dans le mercantile et l’exagération. Trois épisodes suffisent amplement et enchaîner sur un 4e épisode risque de lui faire perdre tout son charme. Un quatrième volet serait uniquement synonyme de velléités commerciales et le résultat risque de rimer avec répétition et lassitude.

Du côté des nouveaux personnages, si Anjelica Huston fait le boulot avec classe mais sans se révéler indispensable et que Saïd Taghmaoui n’a pas le charisme nécessaire pour le rôle qu’on lui attribue, Halle Berry est la véritable valeur ajoutée du film. Son personnage est intéressant, on aimerait même en savoir plus, et il permet une scène d’action anthologique et bluffante dont tout spectateur se souviendra.

Keanu Reeves a trouvé en John Wick un nouveau rôle mémorable dans le cinéma d’action après ceux de Point Break, Speed et Matrix. Il est toujours aussi mutique que mythique en incarnant cet ange de la mort. Mais même mono-expressif, comme le rôle l’exige, il donne de sa personne niveau physique en exécutant toutes les cascades lui-même. Et le côté parfois poussif qui le voit terrasser tous ces ennemis est contrebalancé par la presque déification que le scénario fait du personnage. On apprécie également d’en savoir plus sur la Table haute et ses ramifications par le biais de l’Inquisiteur joué par Asia Kate Dillon, qui fait cependant un peu trop de manières. Sinon, c’est toujours aussi bien mis en scène avec des plans larges qui permettent de saisir l’entièreté de l’action et la variété (et la beauté) des décors utilisés est appréciable. On pense notamment au combat inaugural dans la bibliothèque qui met dans le bain direct et à celui dans l’écurie. Mais, comme dit plus haut, c’est celui à Casablanca qui restera le morceau de bravoure du film comme pouvait l’être celui dans les thermes romains pour le précédent.

Bref, durant plus de deux heures qui filent à la vitesse de l’éclair, on en prend plein les yeux et c’est toujours aussi jouissif et inventif sur le pan de l’action, à défaut d’être surprenant. Les « John Wick », c’est un peu un jeu vidéo avec différents niveaux où l’on jubile d’arriver au palier suivant. Mais toutes les bonnes choses ont une fin et, succès ou non, la saga devrait en rester là.

Rémy Fiers

John Wick Parabellum
Film américain de Chad Stahelski
Avec Keanu Reeves, Halle Berry, Laurence Fishburne…
Genre Action
Durée ; 2h 12min
Date de sortie 22 mai 2019