[Live Report] KIM à la maison : l’amour de la musique

Que faire quand on est passionné de musique « live » et que les concerts ne sont plus possibles ? Eh bien, accueillir un artiste à la maison, quelqu’un comme KIM par exemple, se révèle une alternative tout-à-fait réjouissante en attendant la réouverture des salles… On vous raconte notre expérience…

KIM concert à la maison

Plus de concerts depuis 3 mois ! Pire, a priori rien de possible avant quelques mois encore… le manque de musique live s’accentue de jour en jour, se mue en une sorte d’angoisse sourde. Quelle solution ? Difficile de considérer les sessions “confinement” retransmises sur les réseaux sociaux, aussi sympathiques soient-elles, comme une véritable alternative au contact direct avec le musicien… Pourquoi ne pas organiser un concert à la maison, puisque c’est une pratique qui se répand ? Et puis on a l’impression de pouvoir aider un peu nos artistes, désormais sans salles, sans public…

KIM, peu de gens le connaissent encore – pas assez de gens, en tous cas… C’est un artiste versatile, tout-terrain oserait-on dire, le genre de type qui a une nouvelle idée chaque matin, et qui, loin de se lamenter devant le désastre culturel créé par le COVID19, a toujours une solution à proposer… Non, plutôt à mettre lui-même en place. Grand amateur de Neil Young, passionné et ami du regretté Daniel Johnston, KIM chante en français, en anglais, en russe (qu’il parle couramment), en italien (une langue familiale qu’il ne parle pas, par contre…), mais aussi en arabe, en espagnol. KIM joue du blues, du rock, et même de la chanson française élégante. Il est l’invité idéal si vous voulez un artiste versatile chez vous, il s’adaptera à votre style, vos désirs… même s’il avoue, mi honteux, mi malicieux, avoir une tendance à s’appesantir parfois dans des ambiances mélancoliques qui peuvent plomber l’ambiance.

KIM livraison de concertsCe soir KIM joue à la maison, et, règles de distanciation oblige, nous sommes quatre seulement dans mon salon à l’écouter – en sirotant bières et verres de vin, ce qui ne fait pas de mal -, avec sa guitare classique. Plus intime ? Difficile… Et la setlist est développée à la demande, ou plutôt suivant le feeling dans la pièce. KIM sait que je suis fan de Daniel Johnston ? Il débutera donc par une reprise du grand disparu ; l’un de mes amis porte un t-shirt The Beatles ? ce sera donc la chanson éponyme de DJ qu’il jouera. Plus une reprise du There is a Place des Fab Four ensuite. Plus tard, il reviendra à Daniel avec une formidable interprétation du brillant Casper the Friendly Ghost, histoire d’être certain que je suis satisfait…

Mais KIM, on veut qu’il nous joue ses chansons à lui, parce qu’il est un compositeur acéré, et son stakhanovisme assumé – résultat d’insomnie chroniques – ne l’empêche pas de pondre des chansons impressionnantes : car des trucs comme Soldiers of Creation, Guurl (dont les paroles ont été écrites par “sa nana”, nous dit-il) ou My Family, ont le calibre de vrais classiques potentiels. Des titres qui ne dépareraient pas dans la setlist d’un groupe anglais ou américain au succès international, mais qu’on déguste ce soir dans une version unplugged, et avec l’artiste qui ne chante que pour nous. Cabaret, avec des accents rappelant le Berlin de Lou Reed ou le Moonchild du King Crimson enfonce le clou : on n’est pas en train d’écouter de la musique au rabais !

Si l’on sourira en écoutant un Confinado de circonstances, et l’on aura des fourmis dans les jambes pendant le quart d’heure rock’n’roll culminant sur un I Hate Rock’n’Roll efficace, on se laissera – comme prévu – envahir par l’émotion pendant les extraits de son très bel album récent (Les Sessions du Carreau…) : Sûr que le Monde, Solenn, Толка … Bref, on passera par toutes les émotions, avant de conclure 50 minutes impeccables par la reprise du I Feel So Good de JB Lenoir.

Car, « yes, we feel so good », ce soir, grâce à KIM. Et à l’amitié, et, comme toujours, au partage de notre amour de la Musique. Et en attendant de retourner dans les salles de concerts, cet amour-là nous fera tenir le coup.

Eric Debarnot