Avant Thomas VDB l’humoriste, il y avait Thomas Vandenberghe le critique rock. Une période souvent méconnue de son public et sur laquelle il revient dans Comedian Rhapsodie, un récit autobiographique plein d’humour.
Qu’on apprécie ou non ses spectacles sur scène ou ses billets réguliers sur France Inter, difficile de ne pas avoir un minimum de sympathie pour Thomas Vandenberghe aka Thomas VDB. Entre 2 dates de son dernier spectacle « Thomas VDB s’acclimate » (à l’Européen à Paris pour plusieurs dates puis en tournée dans toute la France), l’humoriste publie Comedian Rhapsody, titre clin d’œil à Bohemian Rhapsody de Queen, un de ses groupes fétiches avec Weezer et Spoon. Un récit autobiographique dans lequel il revient sur ses jeunes années (enfance en Seine-Maritime, adolescence près de Chinon) et sa découverte du rock puis sa (courte) carrière de critique rock au sein du magazine Rock Sound, jusqu’à sa démission du poste de rédacteur pour embrasser pleinement une carrière de comédien.
Pour dire les choses aussi brièvement que simplement : c’est drôle. Très drôle même par moments, au gré de certaines réflexions ou anecdotes. Avec son humilité, son sens de l’auto-dérision et son goût pour les détails insignifiants/incongrus, Thomas VDB évoque de manière très vivace et drolatique donc, sa découverte du rock et de la musique, ses années de lycée ou de fac. Sa découverte de la scène en tant que comédien également, puisque, c’est tout l’objet de son récit, sa véritable vocation réside là, et non dans la musique.
Là où beaucoup de critiques rock se prennent volontiers au sérieux, à coup de « à 7 ans, j’adorais The Fall » ou « Lester Bangs m’a retourné le cerveau quand j’avais 6 ans », VDB n’enjolive pas son background très lambda de Français moyen qui a longtemps écouté un peu n’importe quoi : ses premiers chocs musicaux furent pour le Bimbojet d’El Bimbo ou pour The Final Countdown de Europe. Il a ensuite et longtemps écouté du hard rock ou du metal, longtemps possédé très peu de CDs (Club Dial reprazent !). Il n’a jamais voulu être critique rock au fond.
Pourtant, et c’est l’objet de la seconde partie de Comedian Rhapsody, c’est bien dans la presse musicale que celui qui se nommait alors encore Thomas Vandenberghe va se faire un nom. Au sein du magazine Rock Sound, magazine d’abord au croisement des Inrockuptibles première mouture et de Rock’n’Folk, puis spécialisé dans le punk et le nu métal en vogue dans les années 2000, il rédige ses premiers papiers, réalise ses 1ères interviews, effectue ses 1ers voyages aux Etats-Unis. Il fait montre là aussi de beaucoup d’humour dans sa découverte d’abord émerveillée d’un milieu, celui de la presse musicale, qui vit ses dernières années fastes (recevoir des disques gratos + être payé pour en parler = le boulot rêvé), avant de progressivement déchanter face aux responsabilités, aux compromissions et, surtout, à la frustration d’une carrière de comédien qu’il se voit contraint de mettre entre parenthèses… pendant un certain temps.
Un récit léger, parfois nostalgique, parfois mélancolique (dans sa dernière partie) mais toujours très drôle (= mot clé), qui offre une vraie bouffée d’air frais.
Laurent Garcia