[Netflix] La Casa de Papel, 5e partie – vol. 2 : la conclusion d’une ex-série évènement

Après avoir été l’un des plus grands succès populaires de la plateforme Netflix, la Casa de Papel a perdu progressivement et son audience et son aura. Jusqu’à cette dernière bordée d’épisodes qui conclut de manière plutôt astucieuse la série et sauve l’honneur..?

La Casa de Papel - S5 - Part 2
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Il est peu de dire que, même pour les aficionados de la série chaotique et baroque qu’a été la Casa de Papel lors de ses débuts retentissants, la lente dégradation des parties 3 et 4, et pire encore, le premier volume de la cinquième partie, avaient constitué une sévère déception. Plus guère de jubilation devant l’intelligence machiavélique des plans de nos cambrioleurs, et beaucoup d’irritation devant les lourdeurs (faussement) psychologisantes de relations trop complexes entre des personnages toujours plus caricaturaux, voire pour certains, largement incohérents. Et puis il y avait ces fameux problèmes d’absence de logique qui avaient peu à peu décimé les rangs de ceux qui avouaient – comme nous – aimer malgré tout la Casa de Papel. Álex Pina et son équipe devaient absolument redresser la barre pour que l’on reste avec un souvenir pas trop négatif de cet ex-objet de désir que fut la série espagnole, avant de se départir progressivement de la plupart de ses charmes.

La Casa de Papel - S5 - Part 2Si cette dernière bordée d’épisode débute de manière hésitante, et retombe de temps en temps dans ses pires travers avec d’interminables et improbables scènes sentimentales en plein milieu de l’action, se dessine peu à peu une conclusion astucieuse, articulée autour du véritable « plan complet » de « El Profesor », plan qui ne sera dévoilé que dans le tout dernier épisode. Il serait absurde de révéler quoi que ce soit de ce qui se passe dans cette toute dernière partie, tant le plaisir que chacun en retirera dépendra largement de l’effet de surprise. Un twist à mi-parcours permettra d’ailleurs de relancer l’intérêt en complexifiant les défis que « El Profesor » et sa bande devront relever pour espérer, non pas triompher, mais au moins survivre.

Et si la conclusion reste hautement improbable, bien entendu, elle a le mérite de se nourrir de la réalité de mécanismes économiques, voire politiques, relativement crédibles… même si l’on peut regretter qu’elle se fasse l’écho à un état d’esprit conspirationniste bien trop répandu de nos jours : la Casa de Papel prend acte, comme le fait bon nombre de films et de séries actuels, que la Vérité est finalement la seule vraie victime des manœuvres des uns et des autres, qu’ils soient criminels, hommes politiques ou policiers.

On peut se réjouir quand la Casa de Papel montre une foule madrilène célébrant ses « héros », qui ont osé affronter les institutions, ou encore quand la caméra s’attarde sur un tag du masque désormais symbolique de Salvador Dali. On regrettera que quand la série se conclut, pas grand-chose n’ait réellement changé : tout cela n’était finalement que le jeu démentiel, à l’échelle d’un pays tout entier, d’une famille de gangsters sociopathes, dont on peut admirer l’intelligence ou l’élégance, parfois digne de celle de notre héros national, Arsène Lupin, mais dont l’absence d’idéal social ou politique est bien significatif de notre époque.

Et c’est ainsi que lorsque la bande reprend dans cette dernière partie le chant symbolique de Bella Ciao, l’émotion qui pouvait s’en dégager au début de la série s’est bel et bien diluée dans le nihilisme général : loin, très loin du peuple et de ses révolutions éternellement confisquées, ne reste plus que le divertissement superficiel offert par une partie d’échecs à l’échelle de l’Espagne, d’où toute humanité a progressivement disparu.

Eric Debarnot

La Casa de Papel – Partie 5 Volume 2
Série TV espagnole de Álex Pina
Avec : Álvaro Morte, Pedro Alonso, Itziar Ituño, Jaime Lorente, Najwa Nimri,
5 épisodes de 50 min environ mis en ligne (Netflix) le 3 décembre 2021