[Interview] EggS : « On a besoin de trouver cette énergie ensemble, à sept ! »

Au milieu d’une scène rock française qui reste toujours aussi dynamique et créative, l’un des groupes qui nous a marqué en 2022 a été EggS. Après les avoir vus sur la scène de L’international, nous avons voulu comprendre un peu mieux la dynamique du groupe en interrogeant Charles Daneau…

EggS Photo Jules Vandale
EggS – Photo : Jules Vandale

Benzine : Charles, est-ce que tu peux nous expliquer la genèse du groupe ?

Charles : Le projet EggS s’est monté en 2018, à l’époque j’étais dans un groupe plutôt indie, noise, influencé par les Thugs. Quand on a arrêté, j’ai commencé à répéter des choses de mon côté, avec un ami, Greg, qui a pris la batterie. Manolo nous a rejoint à la basse et Léo aux claviers. On a fait un premier EP chez Howling Bananas en 2018, puis pas mal de 7 pouces chez Howlin Bananas et chez Hellzapoppin et Prefect Records en Angleterre. Avec le Covid, il a fallu faire une pause d’un an, mais ça a été l’occasion d’écrire de nouveaux morceaux. Et aussi de répéter entre nous, en ne respectant pas toujours toutes les règles du confinement ! (rires) Résultat, beaucoup de travail et de la matière pour un album complet, qui deviendra A Glitter Year, enfin sorti en 2022…

Benzine : Mais comment en êtes-vous arrivés à cette configuration actuelle ?

Charles : En fait, j’ai toujours aimé les groupes où il y a beaucoup de monde. On connaissait bien Camille et Margaux de En Attendant Ana, et on s’était déjà dit avec Margaux qu’elle devrait faire un truc sur un de nos morceaux. Je voulais du saxo, c’est un instrument que j’ai vu souvent chez des groupes que j’aime, comme par exemple dans toute une partie de la scène australienne… mais aussi chez Bowie et chez Springsteen… Camille joue du saxo et de la trompette, on a donc répété et ça a marché. Greg a repris la guitare, qui était son véritable instrument au départ, et on a recruté Rémi à la batterie qui vient du punk hardcore.

 

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EggS à l’International (Paris) le 14 janvier – Photo : Eric Debarnot

Benzine : Comment est-ce que tu décrirais votre musique ?

Charles : Eh bien, comme chez Guided by Voices, c’est de la pop avec l’énergie qui vient du punk.

Benzine : Et vous êtes contents du résultat sur A Glitter Year ?

Charles : Oui, sur l’album, les morceaux sonnent exactement comme ce qu’on voulait, ça ressemble à la musique qu’on voulait faire. EggS, c’est un groupe que je pourrais aimer si je ne faisais pas de musique !

L’album a été enregistré au Studio Claudio à Versailles, et on y est arrivés grâce à Guillaume Siracusa, qui joue dans Special Friend, et qui est ingé son. On avait besoin de lui, parce qu’à 7, c’était nécessaire de structurer tout ça, tout en gardant l’approche lo fi, l’énergie du direct. Ce n’était pas facile de trouver une personne qui puisse comprendre ce qu’on voulait faire !

Bon, cela dit, on va sûrement aller faire d’autres choses dans le futur, mais c’était bien d’être arrivés à ça sur cet album…

Benzine : Parmi l’équipe de Benzine, on est plusieurs à avoir cru détecter des influences néo-zélandaises… On délire, ou quoi ?

Charles : La musique néo-zélandaise, comme The Clean, a toujours été une chose qu’on aime, mais on n’essaie pas de faire des clins d’œil : clairement ça vient naturellement ! Ces groupes néo-zélandais te laissaient croire que tu pouvais faire de la musique toi-même, sans être forcément musicien. Un peu comme The Pastels, dans les années 80 : un croisement entre le Velvet et les Stooges, avec peut-être Dylan en plus…

Benzine : Et dans l’aspect « troupe », quelque chose d’Arcade Fire ?

Charles : Dans le groupe, il y en a qui sont fans, en effet. Mais on retient plutôt d’Arcade Fire le côté « crew », ça colle bien avec ce qu’on veut transmettre… On a besoin de trouver cette énergie ensemble, à 7… Springsteen aussi fait ça, avec le E Street Band !

Benzine : Au final, vous êtes tous Parisiens…

Charles : Parisiens ou de proche banlieue, comme Montreuil et Evry. Il y a aujourd’hui une vraie scène à Paris, autour de lieux fédérateurs comme la Pointe Lafayette, le Zorba, l’International.

Benzine : Tu nous en dis un peu plus sur tes influences ?

Charles : Je suis un gros fan de musique, donc je creuse. Dans l’histoire du Rock, il y a un groupe que j’adore, c’est les Thugs. J’ai eu la chance de croiser Eric Sourice dans un festival, pour moi, c’est vraiment un groupe culte. Il y a aujourd’hui des groupes français qui, comme les Thugs à l’époque, intéressent les USA, le Japon. La génération actuelle n’en a plus rien à faire du cloisonnement, des différences de pays, ou de langues. Bandcamp permet de découvrir des choses formidables, tu rebondis à partir des noms que tu connais, tu hallucines devant la qualité des groupes proposés ! Aux Pays Bas, par exemple, en ce moment ça pioche partout, dans tous les genres, comme par exemple dans le funk !

Benzine : Et vos projets ?

Charles : Tourner, tourner, sortir de Paris jouer notre musique ailleurs, et puis enregistrer de nouvelles choses qui sont plus ou prêtes. Pour le format du groupe, on ne sait pas, mais à coup sûr, le groupe restera protéiforme, même si l’agenda de Margaux et de Camille est bien rempli. Ce qui est sûr, c’est qu’on veut tester plein de choses !

Propos recueillis le 20 janvier par Eric Debarnot

Les dates de la prochaine tournée de EggS seront annoncées sous peu.

EggS – A Glitter Year : l’esprit et la lettre du Dunedin Sound… en France !