[Cannes 2023] Les films du jour #10 : L’Été dernier, Dans la toile, The Old Oak, Une nuit

Au programme des films cet avant-dernier jour à Cannes 2023, il y avait un amour entre une femme et son beau-fils, un Ken Loach très réussi, un tournage rocambolesque avec Kim Jee-Woon, et une histoire d’amour finement interprétée.

L’Été dernier, de Catherine Breillat

L’Été dernier - Samuel Kircher, Olivier Rabourdin, Léa Drucker
© Pyramide Films

Catherine Breillat nous offre un remake inversé du Fatale de Louis Malle : ici, la belle-mère va s’offrir une petite cure de jouvence avec le fils de son mari. L’autrice aurait pu en bénéficier en faisant appel à des scénaristes en connexion avec l’époque, évitant ainsi le ridicule de dialogues surannés où on a « les nerfs en pelote », « la peau parcheminée », et où même l’ado de 17 ans dit « chiche » et  » tu n’y vas pas de main morte » à sa belle-mère. Le « malaise » consiste, donc à laisser la caméra filmer un visage pendant le coït ou les larmes, et à truffer les rôles secondaires de références au viol, à l’inceste et aux abus divers. La gêne est bien là, finalement, mais probablement pas celle qu’ambitionnait la cinéaste. Sortie le 20 septembre

Dans la toile, de Kim Jee-Woon

Dans la Toile
© The Jokers Films

Kim Jee-Woon bénéficie d’un certain prestige depuis A Bittersweet LifeDans la toile est une comédie de tournage, où les catastrophes s’enchainent autour d’un réalisateur convaincu de tenir son chef-d’œuvre, envers et contre la censure, le manque de moyen, de temps et l’excentricité de ses comédiens. Sur un canevas bien connu naviguant entre le film créé et le méta récit, le métrage n’apporte pas grand-chose, si ce n’est un humour assez lourdaud, des séquences inutilement répétées et des catastrophes lassantes. Une séance éreintante (2h15 à ce stade du Festival, c’est devenu une épreuve) et durant laquelle une seule spectatrice, qui doit être de la famille ou au moins du pays du réalisateur, s’esclaffe bruyamment à chaque réplique.

The Old Oak, de Ken Loach

Old Oak
© SIXTEEN OAK LIMITED, WHY NOT PRODUCTIONS

The Old Oak est un beau film, sensible, qui traite de la question de l’intégration de familles syriennes dans un village de l’Angleterre populaire, sacrifié par la fermeture des mines. On retrouve évidemment le goût pour certains discours indignés et une leçon par instant didactique, mais Loach et son scénariste historique Paul Laverty sont parvenus à un réel point d’équilibre, en insufflant à leur colère des élans de solidarité et une exhortation à l’action qui donnent au film une puissance fragile et nécessaire.

Une nuit, d’Alex Lutz

Un film coécrit avec Karine Viard qui propose une modulation sur ces parenthèses enchantées de rencontre amoureuse comme on a pu les voir dans Before Sunrise de Linklater ou encore Le Temps de l’aventure de Jérôme Bonell. Un dispositif minimaliste, très littéraire et un peu trop théâtral par moments, mais fabuleusement interprété, et dont le développement incite à une relecture assez fertile. Sortie le 5 juillet.

Plus de détails sur le Journal du festivalier du Sergent Pepper