[Live Report] Ghost, Lucifer et Spiritbox au Liberté (Rennes) : « Il y a école demain ! »

La tournée papale d’Emeritus IV passait par Rennes, et les jeunes fidèles se sont pressés très nombreux pour recevoir la bénédiction diabolique de Ghost. On vous raconte cette grand messe enthousiaste !

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Ghost au Liberté (Rennes) – Photo : Guillaume

Premier bémol de la soirée, une longue attente sur le parvis devant la salle sous une chaleur écrasante, et on voit que les fans les plus hardcore, arrivés très tôt, ont attrapé des coups de soleil. En cause, Ghost, qui ont fait leurs balances très tard (ils arrivaient de Toulouse et le retard n’était probablement pas de leur faute, avec les aléas de la route)…

On commence la soirée avec Lucifer, groupe formé à Berlin mais dont le seul membre allemand est à présent la chanteuse Johanna Sadonis, les autres musiciens (deux guitaristes, un bassiste et un batteur) étant pour leur part suédois. Le son est très bon, lourd comme il se doit, les amplis Orange laissaient deviner une orientation vintage, le groupe délivrant un set carré et efficace d’influence hard rock 70’s, porté par une chanteuse avec un beau brin de voix. Petit bémol, le jeu de scène est quasiment inexistant, tout comme la communication avec le public. Mais mieux vaut ça que l’inverse. Le set est très court, probablement du fait du retard pris en début de soirée…

On enchaîne avec Spiritbox. Le groupe canadien, emmené par sa charismatique chanteuse Courtney LaPlante, officie dans un registre très différent, bourrin au possible, et avec au chant un curieux mélange d’incantations mystiques et de parties screamo… Le public semble apprécier, alors que Lucifer était plus proche musicalement des mélodies ciselées de Ghost que ce déluge de décibels pas très fin… Un bon point cependant, très original, la chanteuse arpente la scène tel un automate, ce n’est pas courant. Elle quitte ladite scène entre chaque morceau, ainsi que son guitariste : un rituel un peu bizarre, mais pourquoi pas ?

Ghost Liberté 02C’est à 21h45 que Ghost entrent en scène, alors que le concert était annoncé à 20h30, après une longue installation effectuée derrière un rideau blanc : les « goules » entrent d’abord, suivies de leur leader Tobias Forge, actuellement Papa Emeritus IV. Les « goules » ont troqué leurs « visages » pour des masques à gaz qui sont du plus bel effet, comme d’ailleurs les vitraux en fond de scène…

Forge est égal à lui-même, enchaînant les changements de tenues, ou plutôt de déguisements, entre chaque morceau ou presque. On frôle parfois le ridicule (les ailes de chauve- souris à la Dracula…) mais les tenues de pape sont impressionnantes. Côté vocal, même si les fans ne partageront pas notre avis, cela reste faible, par rapport à ce que demanderait la musique du groupe.

On commence par des morceaux qui ne sont pas les meilleurs, comme le très kitsch Rats. Les « goules » effectuent de fréquentes visites sur les avancées de scène pour satisfaire les fans moins bien placés : les solos virtuoses interprétés à quelques dizaines de centimètres d’eux compenseront la gêne d’un light show impressionnant mais souvent éblouissant. S’il faut supporter Tobias Forge, son mauvais anglais et ses blagues pas toujours très drôles, le plaisir redouble lors des passages instrumentaux de toute beauté qui concluent systématiquement les morceaux, même les plus faibles.

Petit aparté, rendons hommage au staff de la salle, très sympathique, qui a distribué de l’eau à volonté dans des gobelets aux spectateurs… Et aux « goules », plus nombreuses finalement que l’on imagine du fait qu’elles alternent sur scène selon les morceaux – il y en a huit en tout, avec des costumes très proches : toutes très sympathiques, elles auront abreuvé les fans de médiators !

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Globalement, la setlist omet quelques-uns des titres phares du groupe, comme Monstrance Clock, privilégiant, et c’est bien normal, le dernier opus sorti l’année dernière, Impera. Nous aurons aussi le droit à une cover de Jesus He Knows Me de Genesis, pas très bien chantée mais savamment réinterprétée par les musiciens. Certains morceaux s’avéreront très convaincants : les classiques Cirice, Year Zero, et surtout Mummy Dust, qui fait regretter que le chant de Tobias n’aborde pas plus souvent la direction prise sur ce morceau…

Même si Papa Emeritus IV, blagueur, laissait entendre au début que nous n’aurions qu’une chanson en rappel, « parce qu’il y a école demain ! », a-t-il précisé non sans humour à ses jeunes fans très nombreux dans le public, nous avons finalement eu droit à trois titres. Tous dégoulinants de kitsch, ce que la veste bleue à paillettes arborée par Tobias à ce moment-là laissait malheureusement présager. Dance Macabre n’a définitivement rien de macabre, et on regrettera vraiment l’absence de Monstrance Clock dans ce final très 80’s.

La conclusion de tout cela alors ? Non, Tobias Forge n’est pas un grand chanteur. Mais des premières mesures de Kaisarion à un final flamboyant, seul dans la lumière en haut de l’estrade réservée à la batterie, le maître de cérémonie aura établi une communion quasi mystique avec ses fans. C’est bien cela un concert de Ghost réussi et impérial, et peu importe ce que nous, pauvres profanes, pouvons en penser…

Texte : Mimie PunkChou
Photos : Guillaume

2 thoughts on “[Live Report] Ghost, Lucifer et Spiritbox au Liberté (Rennes) : « Il y a école demain ! »

    1. Je ne peux pas répondre à la place de notre rédactrice, mais je ne pense pas à la lecture de son article, qu’elle n’aime pas Ghost, au contraire. Elle pointe simplement les faiblesses et les forces d’un groupe populaire comme eux. Faire preuve d’esprit critique est quand même la moindre des choses, il me semble…

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