10 albums « Pop / Rock » à retenir de ce troisième trimestre 2023

Pas vraiment de trêve estivale pour la bonne musique. Ou plutôt, même avec la rareté des parutions en août, nous avons eu beaucoup de choses formidables à écouter, et beaucoup de raisons de célébrer cet été l’incroyable créativité musicale de notre époque. Comme le trimestre précédent, nous avons fait le choix chez Benzine de mettre aussi en exergue dans cette liste des artistes ou des groupes pas encore aussi célèbres – ou même simplement aussi reconnus – qu’il le méritent…

Top Albums T3 2023

Durant ces trois derniers mois (donc juillet, août et septembre), l’équipe Benzine a aimé ces 10 albums, classés par ordre alphabétique de leurs auteurs :

Anohni & The Johnsons – My Back Was A Bridge For You To Cross

Face à l’effondrement possible de la planète et à la montée de la haine un peu partout, on peut croire, comme Anohni, que l’Art, en transmettant la mémoire des combats passés, peut encore jouer un rôle. C’est peut-être optimiste, mais en tous cas, ça permet à Anonhi de nous offrir un nouveau disque absolument bouleversant, un autre chef d’œuvre, mais également l’un des albums qui parle le plus sincèrement, le plus directement, de notre époque, et des défis immenses que nous affrontons. (Rebis Music / Rough Trade)

Deluxxe – If You Were Me

Deluxxe, formation américaine  originaire de Buffalo (Usa), invite la cold-wave à se la jouer indie-pop. Pourtant, la rencontre entre les compositeurs Mason et Greg et des  musiciens issus de la communauté skinhead jouant dans le groupe street-oï  Violent Way  pouvait laisser dubitatif. Le résultat est juste bluffant. Le lyrisme tendu du chant s’inscrit dans la tradition Britpop alors que l’instrumentation lorgne du coté des Chameleons ou des Sad Lovers And Giants. Les huit titres font preuve d’une belle maîtrise au chant et accompagnent les mélodies dans des arpèges aux sonorités eighties. (Avant! records)

Explosions In The Sky – End

Même si leur nouvel album s’appelle End, non seulement Explosions In The Sky ne se séparent pas, mais ils signent en outre un de leurs meilleurs albums : ce manifeste du post-rock, qui conjugue la virtuosité de la tradition et le hasard de l’expérimentation et qui, sans un mot, raconte l’histoire de mille vies, est un énième coup de maître de la part de ces (solides) piliers de la musique instrumentale. (Temporary Residence Ltd/PIAS)

Jim Jones All Stars – Ain’t No Peril

Jim Jones appartient à une espèce fascinante, celle des personnages drapés d’une aura presque surnaturelle, un prédicateur rock qui prêche un chemin vers le futur à travers un passé hybride, où se côtoient proto-punk animal, soul des bas-fonds, boogie hanté, ballades gothiques et fracas bruitiste, comme dans une gigantesque partouze vaudou rétrofuturiste. Et Ain’t No Peril est son nouveau gospel ! (Ako-Lite Records)

Jack Ladder – Tall Pop Syndrom

En France, on connaît encore mal Jack Ladder, un autre baryton prodigieux, à la fois désespéré et drôle, venu d’Australie. Son dernier album, Tall Pop Syndrome, un disque d’electro pop eighties plutôt squelettique, rempli de mélodies accrocheuses, et interprété en solo, aux claviers et synthés, s’avère particulièrement emballant, et son passage par le Festival de Binic a confirmé qu’il est un artiste passionnant. (Endless recordings)

Night Beats – Rajan

Après avoir erré, frôlé la catastrophe, produit quelques morceaux dispensables, Danny Rajan Billingsley revient avec ce Rajan, probablement son meilleur album depuis que Night Beats existe. On passe par tout un tas d’émotions et d’ambiances, on trouve tellement de choses différentes sur cet album qu’on a du mal à les distinguer et à les nommer : des guitares qui sonnent comme sur les génériques de séries TV ou les BO de films des seventies, de la soul, du funk et du R&B, le tout plongé dans un psychédélisme qui fleure bon l’électro européenne des années 70.… (Fuzz Club / Suicide Squeeze)

Slowdive – Everything Is Alive

Non contents d’avoir signé un magnifique retour en 2017, Slowdive doublent la mise avec Everything is Alive, en augmentant leur discographie d’un cinquième album peut-être moins décisif, mais toujours aussi enivrant. Si la surprise vous prend lorsque s’installe le silence au bout de ces quarante petites minutes, c’est celle qui accompagne la sortie d’une douce torpeur, la même à laquelle on a goûté le jour où, pour la toute première fois, nos songes se sont confiés à la musique de Slowdive… A moins que ce ne soit l’inverse… (Dead Oceans/Modulor)

Sparklehorse – Bird Machine

On peut bien avoir écrit la chanson Pop parfaite avec Sea Of Teeth et continue d’explorer au-delà des frontières de la mort la composition ultime. Ecouter Bird Machine, l’œuvre posthume de Mark Linkous alias Sparklehorse, c’est paradoxalement rencontrer un être bien vivant. Ce disque bouleversant par l’absence de son auteur vient raviver la plaie de cette perte énorme. Perte peut-être, mais aussi addition d’un plaisir nouveau et inédit avec cette collection de morceaux sublimes, sublimes parce que définitifs… (Anti- / PIAS)

Teenage Fanclub – Nothing Lasts Forever

Deux ans seulement après l’excellent Endless Arcade, les Écossais de Teenage Fanclub sont de retour avec un formidable douzième album. Nothing Lasts Forever confirme que le temps n’a pas d’effet sur la musique de ce groupe majeur de l’indie pop, qui perpétue l’héritage des Byrds et de Big Star, et entretient une flamme qui refuse de s’éteindre : celle d’une certaine idée – pleine de légèreté – de la pop. (PeMa / Big Wax)

Jonathan Wilson – Eat The Worm

Cinquième album de Jonathan WilsonEat The Worm confirme toute la singularité de cet artiste qui aime toujours autant brouiller les pistes en mélangeant pop, folk, jazz et rock. Enregistrés en compagnie de musiciens de groupes comme The Killers, Bon Iver, auxquels se sont ajoutés des sections de cordes et de cuivres et des instruments divers dans des arrangements qui lui confèrent un relief incontestable, Eat The Worm est bluffant d’inventivité et de richesse, dans une démarche qui n’est pas sans rappeler, par moments, celle d’un certain Robert Wyatt, avec cette même envie de proposer des chansons ambitieuses, sophistiquées, sans être pour autant rébarbatives… (BMG)