Les trois ans d’attente entre le volume 3 et le volume 4 de l’anthologie d’animation Love, Death & Robots ont clairement permis à la technologie d’évoluer de manière impressionnante. Il reste que, au delà de la perfection visuelle, une « bonne histoire » reste essentielle à la réussite d’un court métrage.

Trois ans entre le troisième et le quatrième volume de Love, Death & Robots, la très remarquée anthologie de courts métrages d’animation – largement fantastiques et / ou de Science Fiction -, c’est long, et il faut admettre que cette « série » pas comme les autres nous avait manqué. D’un autre côté, en trois ans, la technologie a incroyablement évolué, et on voit, sur de nombreux épisodes, « la différence ». Le plus troublant est d’ailleurs Golgotha (épisode 6), où l’on est bien en peine de distinguer « l’image de synthèse » d’une image réelle, en particulier dans le rendu des visages humains : c’est totalement bluffant, mais cela pose aussi la question de l’intérêt d’une telle « copie conforme » de la réalité… et cela confirme par l’absurde qu’une vision graphique « artistique » est bien plus importante que le « photoréalisme ».
Comme avec la saison précédente, on peut relever d’emblée que le titre de la série de Tim Miller est devenu mensonger, puisque, si l’on y voit beaucoup de morts et de robots, l’amour pointe aux abonnés absents, une fois encore. Cela n’est malheureusement pas une bonne chose, trop des 10 courts métrages tournant autour des mêmes sempiternels thèmes, donnant lieu à des scènes plus convenues que réellement stimulantes : invasions d’extraterrestres, attaques de démons, guerres de gangs, combats de guerriers / gladiateurs… Au milieu de cet enchaînement de violence à la limite du cliché, parfois magnifiquement traité (le graphisme contre-intuitif mais très beau des 400, par exemple), parfois trop prévisible (Conversion en altitude, dans un registre comics sans grand intérêt), les amoureux des félins apprécieront le clin d’œil aux chats, capables de devenir maîtres du monde en prenant le contrôle des robots domestiques (Le grand autre, très drôle) ou de sauver la situation face à Satan lui-même (Le chat de Saint Luc, en dépit d’un graphisme hétérogène et décevant).
Le meilleur film de ce quatrième volume est à notre avis le très soigné Rose l’Aragne, qui conjugue une esthétique originale et élégante avec un scénario retors, dont on ne comprend le sens que lors du dernier plan : du vrai cinéma, puisque, finalement, le travail formel le plus impressionnant (comme sur le pénible le Cri du Tyrannosaure) ne saurait pallier à l’absence d’une « bonne histoire ». Signalons aussi l’hilarant Mini-rencontres du troisième type, reprenant le principe assez fou de la « mini-apocalypse zombie » du troisième volume, et qui mérite d’être vu plusieurs fois pour en saisir tous les (min) détails.
Du côté des échecs les plus frustrants, la très belle idée du Complot des objets connectés (« traduction française » à côté de la plaque de l’original Smart Appliances, Stupid Owners) ne débouchant sur rien, et surtout la très vaine introduction de Can’t Stop, pourtant dirigée par ni plus ni moins que David Fincher : cette mise en image d’animation de l’interprétation live par Red Hot Chili Peppers de l’un de leurs titres plus connus, où musiciens et spectateurs sont représentés comme des marionnettes, ne réjouira que les fans du groupe, et laissera les autres stupéfaits devant son absence totale de… signification.
Mais, même irrégulière, voici une nouvelle anthologie qui vaut le coup d’œil, et nous donne à nouveau envie d’attendre le prochain volume de Love, Death & Robots, une « série » que nous avions un peu oubliée…
Eric Debarnot