Signé par Neo Sora (fils du compositeur), Ryuichi Sakamoto : Opus donne à voir et écouter le (très émouvant) dernier concert d’un Sakamoto se sachant condamné.

Ce billet sera court : l’aspect musical du documentaire Ryuichi Sakamoto Opus avait déjà été évoqué lors de la chronique de sa BO. Il est la conséquence d’une heureuse surprise : après avoir été montré à la Maison du Japon à Paris, le film de Neo Sora, fils du génial compositeur, connaît finalement une exploitation en salles.
Mentionnons pour commencer deux choses. Le fils de Sakamoto a aussi réalisé un long métrage de fiction, Happyend, film d’anticipation montré à Venise en 2024 dans la catégorie Orizzonti et annoncé en salles à la rentrée. Que l’on guettera avec curiosité. Comme producteur exécutif, on trouve le grand Jeremy Thomas. Un nom dont le travail à la production fait immédiatement surgir chez les cinéphiles les noms de grands cinéastes avec pour certains une BO signée Sakamoto. Skolimowski, Roeg, Bertolucci (Le Dernier Empereur), Oshima (Furyo), Frears, Cronenberg, Kitano, Wenders, Glazer… Et pour beaucoup d’entre eux une implication du Britannique dans des projets risqués (les adaptations de Burroughs et Ballard par le Canadien par exemple).
Ryuichi Sakamoto : Opus, c’est donc un compositeur se sachant condamné rassemblant ses dernières forces pour un concert filmé seul au piano. Dans le mythique Studio 509 de la NHK réputé pour son acoustique, seul, sans public. Avec le Noir et Blanc concentrant encore plus sur le corps et la visage fatigués du compositeur. La mise en scène est en apparence télévisuelle mais en fait met en exergue les efforts du corps, les pauses et les moments de respiration permettant de mener à bien le concert. Pas de gêne ressentie face à un artiste diminué, juste la beauté de la lutte. Jusqu’à la fin avec le thème de Furyo.
Puis post-générique : une figuration de la mort du compositeur. Il joue du piano, puis le piano joue tout seul et s’arrête. Et ce dernier carton, en latin : L’art dure, la vie est brève.
Le Hip Hop, qui s’est emparé de votre musique dès ses débuts, vous salue bien. Les cinéphiles aux oreilles bercées par le thème de Furyo et fascinés par votre interprétation du Capitaine Yonoi face à Bowie/Cellier et Kitano/Hara dans le film aussi. Vos adieux ne pouvaient du coup avoir lieu qu’au cinéma.