Après cinq ans d’absence, Other Lives revient avec Volume V, dix titres où folk, orchestrations et émotions se mêlent, confirmant le groupe comme un maître d’une Americana symphonique et intime.
Depuis leur premier album éponyme daté de 2014, le collectif Other Lives a marqué les esprits par une approche musicale évolutive, où le folk originel s’est paré d’une instrumentation plus élaborée, influencée par la musique pastorale, une emphase héritée d’Ennio Morricone, perceptible avec leur magnum opus For Their Love. Après une absence de 5 années, suscitant interrogations et toutes sortes de rumeurs, c’est un tournant pour Jesse Tabish, plus précisément à Stillwater, lieu emblématique où le groupe s’est formé.
Même si Rituals, majoritairement tourné vers la musique électronique, reste encore, à ce jour, un intrus dans la discographie du groupe, quelle malédiction a interrompu l’élan du groupe ? Si ce n’est le projet Cowboy Ballads Part I réduit à un disque solo, dans la continuité des inspirations grandioses de son auteur, ce nouvel album est imprégné d’une certaine mystique. Au-delà d’une pochette chargée de symbolisme, la centralité musicale de Other Lives génère des émotions complexes et souvent troublantes.
Une chanson doit contenir une pensée, le germe d’une idée poussée vers sa réalisation. Refusant toute forme de vedettariat par une coloration esthétique délimitée entre clair et obscur, Mystic ouvre l’album comme s’est refermé le précédent, majestueux par ses cordes, pianos et chœurs ; ambitieux par ses thématiques, la solennité contenue dans Versailles est le poinçon de Other Lives, cette densité capable de tout contenir et a contrario, cette spatialité sans limites. Le disque est parsemé de pièces instrumentales dont Heading West, inaugurant le chant de Kim Tabish non plus en arrière-plan, mais comme lead vocal, agit comme un contrepoint, One for The Kids titre légèrement boursoufflé par une mélodie peut-être trop appuyée. Volume V a l’effet d’un baptême ininterrompu, Show us Some Love esquissé comme étant le single idéal, garde cet aspect éthéré, où la ligne mélodique est le fil d’Ariane du groupe, porte dérobée dans un tableau où tout semble fragile. Cisa Cisa dénote complètement avec les 10 titres, tempo presque échevelé et guitare ciselée.
Volume V affine la signature sonore et les arrangements où cordes, cuivres, piano et percussions dialoguent avec les guitares et la basse. L’album, en dix titres et à peine plus de 31 minutes, condense une intensité émotionnelle symphonique, confirmant Other Lives comme l’un des rares groupes capables de faire dialoguer l’Americana et la musique de chambre, la mélancolie et la lumière, l’intime et le panoramique.
The Wake, titre concluant l’album est de facture plus folk, classique, épure la musique jusqu’à l’essentiel. Son dépouillement confère une sensation de calme, comme une respiration après l’intensité orchestrale de titres précédemment décrits.
Franck Irle