Un mariage de rêve

affiche_9.jpgSaviez-vous que fut un temps, Anglais et Américains n’étaient pas copains comme cochons ? Sans trop nous dire pourquoi, Stephan Elliott brode sur cette opposition une fraîche comédie de moeurs dans laquelle l’art de la répartie verbale engendre un franc plaisir d’audition. Avec l’inventivité d’une mise en scène bourrée d’anachronismes volontaires (la chasse au renard sur fond du tube Sex Bomb !) et de cadrages amusants, le cinéaste opte pour une tonicité attrayante relevant le peu d’intérêt du récit.

Car Monsieur X aime Madame Y qui rencontre sa belle-mère… rien de révolutionnaire. L’utilisation comique du verbe vient justement rehausser un peu le manque de fantaisie de ce décor et de ces valeurs post-victoriennes qui, si elles charmaient dans le magnifique mélodrame de Joe Wright, Reviens-moi, initient ici un ennui patiné et enfoui sous les maigres ouvertures de la comédie, banale et prévisible. A part se réjouir du final, d’un pessimisme assez inattendu, difficile d’apprécier pleinement autre chose. Les personnages se révèlent d’une fadeur et d’une banalité redoutables ; la belle-mère au regard glacé (éternel numéro de Kristin Scott Thomas, toutefois efficace), la jeune belle blonde américaine pleine de caractère (révélation ; Jessica Biel sait jouer autre chose que la pin-up aux seins dénudés), le jeune époux palot, à  la présence épisodique (Ben Barnes, sans saveur), et le valet galant et cynique (Kris Marshall, très bien). Seul le personnage du père, porté par un Colin Firth plein de dérision, parvient à  créer un amusant décalage. Pour autant, on n’est pas certain que la mentalité et le physique collent avec l’époque ; tel le tableau de Picasso que l’on a perché au beau milieu du salon aux influences victoriennes, écrasé sous les horloges et la bibliothèque en chêne, Colin Firth apparaît comme un clown au milieu d’un sérieux beau monde bien figé. Mais là  où la présence du tableau est visiblement un gag, celle du comédien est une erreur.

Reste alors à  savourer la légèreté d’ Un mariage de rêve, tout à  fait agréable, tout en déplorant ses longueurs et son scénario cousu de fil blanc, comme un enchaînement de saynètes ingénieusement loufoques (mais pas trop), sans d’autres liens que cette fantomatique exposition/opposition des valeurs britanniques et américaines, manquant de sel, de folie. Un spectacle divertissant mais passager, pour ne pas dire très vite oublié.

Jean-Baptiste Doulcet

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Un mariage de rêve
Film britannique de Stephan Eliott
Genre : Romance
Durée : 1h36
Sortie : 6 Mai 2009
Avec Kristin Scott-Thomas, Jessica Biel, Colin Firth, Sam Barnes…

La bande-annonce :

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