Cults – s/t

Se laisser conduire par la pochette tout en headbanging est une grossière erreur que j’ai pourtant commise. Je m’attendais à  pénétrer dans l’univers rock et foufou d’un duo à  la Kills, c’est à  un tout autre voyage quelque part à  la charnière des 60’s et des 70’s que Cults nous convie.

Cults donc, ou un duo new-yorkais composé de Madeline Follin et Brian Oblivion duo à  la ville comme à  la scène (j’aime bien préciser les relations de couple dans les groupes en ce moment, ça doit être mon côté Voici). Un duo qui nous emmène quelque part aux confins du rock et du punk, si ce dernier avait un peu moins senti le vomi et plus la Blondie (ouaaah et en plus je fais des comparaisons pourries.

Ok me diras-tu lecteur blasé, mais des duo rock garçon/ fille des White Stripes aux Tin Things en passant par The do, the Kills… on a eu des tannées. Tu n’as pas tort. Cults, formé par deux étudiants en cinéma, dégage pourtant une atmosphère qui doit finalement moins aux guitares échevelées, qu’à  la production sixties, Phil Spector en tête et la motown juste derrière. Aucun rapport avec les duo cités plus haut, qui plongent quant à  eux dans le rock primaire ou la pop électronique, tu en conviens lecteur? N’est-ce pas là  déjà  une première incitation à  aller écouter une époque revisité par des vingtenaires de l’an 2000?

Et c’est sans doute parce que le décorum sonore de Cults est très abouti, parce que le groupe choisit le buzz via le hype Bandcamp, plutôt que le daté myspace, et parce que les blogs bruissaient déjà  dès avant la sortie du premier album qu’on parle un peu beaucoup plus de Cults que de n’importe quel autre duo du moment. Oui lecteur, tu as encore raison. Moi même j’ai hésité un instant à  inscrire mon papier à  la suite des autres. Mais il faut reconnaitre qu’avec sa réverb’ étrange qui donne de l’ampleur à  l’ensemble, avec cette manie de placer les arrangements (xylophone, batterie, choeurs…) bien plus en avant dans le mix que la guitare ou tout autre instrument, Cults arrive à  trouver un son qui asseoit son identité au film d’un album qui se déguste à  la vitesse d’une face de cassette magnétique de ma jeunesse. Impossible de se tromper avec n’importe lequel des duos cités plus haut. Cults tient non seulement une forme, une hype et un son.

Mais ce n’est pas encore tout, lecteur, et c’est pourquoi je prends le temps de te parler longuement de Cults. En plus d’un côté très mode, d’une inscription dans la grande tradition -mais une peu pervertie- d’un son propre et d’une atmosphère entière, Cults réussit avec mention l’examen habituel du pasage par mes oreilles. En plus de tout ce que j’ai évoqué ci dessus, Cults parvient à  placer 11 mélodies sur un premier album homogène. Les tourtereaux ont cette facilité qui n’est pas donnée à  tous les prétendants, d’arriver à  composer des chansons accrocheuses, qui s’insinuent en tête et ne se jetent pas aussitôt écoutées. Des mélodies pop riches et simplissimes qui répondent au cahier de charges de la pop culture, malgré une atmosphère un peu froide où la réverbération rajoute du caverneux à  l’affaire.

On songe un peu à  Lush et un peu aux Cranes, pour le romantisme sombre et adolescent; un peu aux Pipettes première moûture pour l’entrain juvénile, et beaucoup à  Spector ou la Motown pour la production et les arrangements; mais toujours revisités avec un brin de nonchalence punk, de langueur poétique, de regard décalé presque nouvelle vague. Une bonne découverte qui accompagne idéalement de ses pop songs faussement ensoleillées un été 2011 où la pluie darde ses rais de liquide plus souvent que le soleil ses rayons.

Denis Verloes

Tracklist

Date de sortie: 27 juin 2011
Label: Columbia / SonyMusic

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