5+5 = Philippe Crab

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Auteur compositeur et déjà  auteur de trois albums (« Bestiare » »La Chambre » et »l’autre soir ») Philippe Crab construit, sans faire de bruit, une discographie aussi singulière que personnelle et toujours aussi attachante. Son dernier album »Necora Puber » vient de paraitre sur le label le Saule.

Juin 2014

5 disques du moment :

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Kamilya Jubran et Sarah Murcia : Nhaoul’
un disque de chansons difficiles à  décrire, folk savante du Proche-Orient,  ? Des riffs de oud à  faire pâlir d’envie Led Zep (écoutez kam), un trio de cordes épurées, de longs titres aux rythmes impairs, l’incroyable expressivité de la voix de Kamilya Jubran. J.’aime encore plus Makan, sorti en 2009.

Léonore Boulanger : Square ouh la la
De l’art d’éviter l’anecdotique. Jeux rythmiques incessants, modal façon Botta, la voix sublime de Léonore ne nous chantant ni les voisines, ni les pizzas (mais une poussette inarrêtable, un royal grand 2, ou la venue d’un messie non désiré, je n’ai pas encore tout compris) et les deux autres chevelus qui ne sont pas en reste, bref, un petit ilot de génialité dans un monde de supermarchés.

Ferenc Fricsay : RIAS Sinfonie Orchester Berlin – Béla Bartok – two portraits – dance suite – Piano Concerto n,°2, etc.
Réédition 2014 de quelques-uns des chefs d’oeuvre de Bartok, cent mille fois enregistrés certes, mais interprétés en 1952 par l’orchestre symphonique de Berlin, conduit par le grand,  Fricsay et par Geza Anda(le 2ème concerto pour piano), un son mono tout à  fait charmant, nous voici plongés au coeur du XXème Siècle (atroce, sublime).

Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp : Rotorotor
Découvert dernièrement avec plaisir. Des rythmes intéressants sur Close and different, enfin des musiciens qui savent compter jusqu’à  5 ! Constructions inattendues, cuivres bienvenus, la belle voix de la chanteuse, cela change un peu du tout-venant dit alternatif, prévisible comme une autoroute.

…Je dois écouter trop de vieux disques. Pourquoi pas Arlt et Thomas Bonvalet, c’est un bon disque. Et puis les derniers albums du Saule.

5 disques pour toujours :

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Eric Dolphy : Out to Lunch
Je ne sais pas bien ce que me racontent Dolphy, Hubbard, Hutcherson, Davis (Richard) et Williams, mais c’est,  quelque chose d’impérieux, de furieux et de drôle, tout à  fait en dehors des cadences harmoniques et des mètres classiques. Dolphy,  invente le Free Jazz au début des années 60 (tout en multipliant les solos mémorables pour Mingus entre autres, et en arrangeant pour Coltrane à  l’occasion), et puis il meurt. Tant pis.

Beach Boys : Pet Sounds
Je suppose que je l’écouterai encore avec plaisir juste avant d’y passer.

The Divine Comedy : Promenade
Tant de fois écouté, connu par coeur à  17 ans, absorbé jusqu’à  l’écoeurement. Neil Hannon m’avait,  fait aimer, en musique, l’emphase, les trésors discrets de l’humour, tout ce qui se goûte au-delà  (en-deça ?) du premier degré. Les enregistrements ont mal vieilli, ils portent la marque glaçante des disques des années 90 (mais un peu moins que d’autres).

César Franck : Sonate pour Violon et Piano
La version d’Ostrakh et Richter de 69, par exemple, dans la défunte URSS. Quelques accents post-romantiques mais beaucoup de retenue, une ligne mélodique divine, un développement parfait, beaucoup de recueillement, le chef d’oeuvre de Franck.

Henri Dutilleux : Concerto pour Violoncelle (Rostropovitch)
le grand postimpressionnisme à  la française, sans égal pour invoquer un monde musical parfait (le nôtre n’en serait qu’un pâle reflet). Au premier plan la rugosité virtuose de Rostropovitch, et derrière, en relief, les couleurs formidables de l’orchestre. Un bien bel enregistrement.

Philippe Crab : Necora Puber
Le Saule / Les Disques Persévérance
Sortie : 7 juin 2014

Le 5+5 de Philippe Crab à  écouter sur spotify :