Mano Negra – Puta’s Fever : ¿Que pasa por la calle?

Vers la fin des années 80, le Rock Français est en ébullition. Le courant – que l’on nomma – Alternatif sort des squats Parisiens et enflamme les scènes enfumées des bars de la capitale. La Mano Negra , formation composite, hétéroclite, survitaminée, vient exploser le Rock Français avec un melting-pot musical inédit. Du Punk, du Rock, de la Salsa, de la Rumba ! Du Français, de l’Anglais, de l’Arabe, de l’Espagnol ! Un repas épicé où l’on jetterait par dessus l’épaule les restes du frigo dans cette marmite en ébullition qu’était la Mano Negra. PATCHANKA !

13-14 ans. Classe de 4 ème.
Epoque trouble. Métamorphose physique improbable.
Le doux enfant rêveur à la voix fluette, délicatement imberbe et délicieusement innocent, est en train de se transformer en une saloperie d’adolescent complexé et boutonneux.
Un odieux pervers souillant ses sous-vêtements à chaque fois que la prof d’Anglais pose nonchalamment sa lourde poitrine sous son pif, lui annonçant, sans rire, que « Bite » signifie « Mordre » et que dans son cours « Beach » ne voudra jamais dire autre chose que « Plage ».
C’est une déferlante de mauvaises nouvelles. Ouais mon pote !
Ton joli petit nez aux formes si fines reniflant les roses printanières ?
Un tarin « Depardiesque » à faire pâlir Christine Bravo.
Ta voix si mignonne, tellement asexuée, comme celle d’un ange tutoyant les aiguilles des cathédrales ?
Un odieux grincement, qui ferait passer un coup de craie sur un tableau pour un orgasme féminin au creux de ton oreille. Doublé d’un rire idiot naviguant entre Thierry Roland en plein fou-rire après une blague raciste de Guy Montagné et un vieux clébard enroué.
Ta peau si fine, aussi douce qu’un cul de fille ?
Un putain de papier à poncer « Gros grains » pour polir des arbres entiers. Des joues assassines, qui font saigner les ingénues qui se risquent à te taper la bise sans casque.
Des boutons « King size » de toutes les couleurs parsèment ton visage mutant. Du rouge au blanc, du violet au jaune; une saloperie de Kandinsky verni au Biactol.
Des points de toutes les tailles faisant de ta face hébétée un putain de chef d’oeuvre de la grande époque du Pointillisme, une gueule faite pour vivre dans les entrailles du musée d’Orsay.
On passera rapidement sur les poils disgracieux qui poussent un peu comme ils veulent sur le morceau de viande non-identifié qui te sert de corps.
Tes dents qui ont décidé de pousser en dedans, en dehors, dans ton palais, dans tes joues, maintenues entre elles par des fils barbelés te déchirant les gencives.
Et j’en passe…

Dans ce fatras de « bad news », quelques nouvelles réjouissantes.
Comme l’allongement surprise de ce pénis dont tu t’aperçois rapidement qu’il y a deux façons d’appréhender le terme pourtant si simple de « besoins naturels ». Et que tu préfères franchement la seconde façon.
La « Mobe », vieille carcasse à deux roues, prémices d’une liberté qui te tend les bras mais qui t’attend au coin de la rue, l’air vicelard, planquant sournoisement un surin dans son falzar.
Et puis entre Les démons de minuit , Les divas du dancing de l’oublié Philippe Cataldo et le Oui, je l’adore  d’une Pauline Ester hystérique : Puta’s Fever.

La Mano Negra !!

Groupe phare de la nouvelle scène alternative qui a sévit dans les années 80.
Collectif musical coloré et survitaminé qui écrasa tout sur son passage. C’est une claque sur le museau de la variétoche Française ronronnante.
Ce groupe de petites racailles Punks qui à la force du poignet, au son d’un Rock bigarré et ouvert aux quatre vents, écumant inlassablement les salles de l’hexagone dans des performances scéniques bouillantes et survoltées, parvient à faire la nique à cette variété ventripotente qui s’endort lourdement sous les lauriers « Druckeriens ».

C’est un tour du monde musical.
Un ouragan qui t’emporte de chansons en chansons et te traîne de pays en pays comme une feuille au gré d’un vent capricieux.
Un voyage mouvementé dont tu ne rentres pas indemne.
Un album uppercut, te laissant des bleus un peu partout sur le corps comme ces bons vieux pogos qui nous faisaient tomber les dents et boire notre propre sang.

Une balade à 200 à l’heure.
On boit un thé bouillant au Maroc, on parcourt les Andes à dos d’âne, on évite les balles en traversant Guayaquil City, on croise Roger Cageot « dans un coin pourri du pauvre Paris… » comme chantait Tonton Georges.
Tout va vite, très vite.
Les pays se succèdent, la tête nous tourne.
Les rythmes, les styles explosent, pétaradent.
Les langues se mêlent, s’emmêlent comme pour rouler un patin à l’humanité.
Français, Arabe, Espagnol, Anglais…
Rap, Rock, Reggae, Salsa, Bossa… Une orgie !

Un tourbillon jubilatoire qui te fout à poil, te fait monter à 2000 mètres, et te fait perdre tes esprits dans un râle de plaisir.
Un ragoût improbable, plein d’épices et de Tabasco, d’ingrédients délicieux, méconnaissables, cachés sous des tonnes de sauce.
Le plat typique de chaque pays. La spécialité du monde entier.
Un repas 3 étoiles cuisiné dans une vieille marmite au coin d’un feu perdu dans la Pampa.

Puta’s Fever c’est bien UNE PUTAIN DE FIÈVRE qui ne retombe jamais !!!

Renaud ZBN

Mano Negra Puta’s Fever est sorti le 1 septembre 1989 sur Virgin Records