En dix épisodes, Your Honor propose un scénario plutôt bien ficelé, une partie d’échecs sanglante entre un juge et un mafieux de Nouvelle-Orléans prêts à tout pour sauver la peau de leurs fils respectifs.
Adaptation d’une mini série israélienne Kvodo, sortie en 2017, Yout Honor débarque en ce début d’année sur myCANAL avec en-tête de gondole Bryan Cranston, que l’on avait pas vu dans un rôle de premier plan dans une série depuis Breaking Bad.
Située à la Nouvelle-Orléans, l’intrigue de cette série adaptée par Peter Moffat (The Night of) sur 10 épisodes démarre par un banal fait divers, lorsque le jeune Adam renverse accidentellement un motard. Pris de panique et terrorisé par ce qui vient de se passer, le jeune conducteur laisse le motard pour mort, la tête sur le bitume, se vidant de son sang. Mais voilà, il se trouve que le garçon renversé n’est autre que Rocco Baxter, le fils cadet d’un ponte de la mafia locale incarné par Michael Stuhlbarg (Boardwalk Empire, Fargo…). Bien décidé à découvrir qui a laissé mourir son fils, Baxter décide de mettre tout en œuvre pour retrouver le coupable, quitte à employer la manière forte. Les choses se compliquent encore quand Michael Desiato (Bryan Cranston), l’un des juges les plus importants de la Nouvelle-Orléans se rend compte que son fils est coupable de délit de fuite dans cette affaire. Prêt à tout pour sauver la peau de son fils unique, il va alors imaginer un plan machiavélique afin de trouver un autre coupable, en l’occurrence un adolescent issu d’une communauté noire de la ville à qui il va faire porter le chapeau sans qu’il ne se rendent compte de rien.
Démarre alors une suite de rebondissements qui vont s’enchaîner durant huit épisodes assez haletants dans un scénario d’une redoutable efficacité.
Derrière le côté thriller assez classique, avec les grosses ficelles parfois inhérentes à ce type de production, la série a le mérite de pointer du doigt les différences de classe et de race très marquées dans cette région des États-Unis. Elle montre particulièrement bien, au sein même de la police et de la justice, que les différences de couleurs de peau peuvent avoir un impact sur le travail des uns et des autres et sur la manière dont la justice peut être rendue.
Bryan Cranston, que l’on avait pas vu à pareille affaire sur le petit écran depuis bien longtemps, incarne à merveille ce personnage de juge ambigu, à la fois manipulateur, et père de famille aimant, marqué dans sa chair par divers drames et donc prêt à tout pour sauver la peau de son enfant.
Les personnages féminins occupent également une place importante dans l’histoire, montrés ici comme les garde-fous de la morale et d’une justice américaine qui a parfois tendance s’égarer et à oublier ses principes.
Benoit RICHARD