[Interview] Cheap Teen : “On a décidé d’arrêter de se mettre des limites…”

Le samedi 10 juillet, Cheap Teen, combo punk rock (mais pas que…) de Maison Alfort remportait un Tremplin Rock & Folk Radio particulièrement disputé. Cette victoire représente, on l’espère très fort, une nouvelle étape dans la trajectoire d’un groupe décidément beaucoup plus ambitieux et original que leur nom ne le laisse penser a priori. Du coup, ils nous ont expliqué le pourquoi du comment…

Cheap Teen
Cheap Teen – Photo : @non_deux_non (Instagram)

Benzine : On sait que vous êtes de Maisons-Alfort, vous le rappelez régulièrement sur scène, mais dites-nous-en un peu plus sur vos origines…

Enzo :  J’étais au lycée, j’avais 15 ans et l’idée de créer un groupe, j’écoutais beaucoup Blink 182, j’étais à fond dans cette musique… On s’est lancé avec un pote, Thomas, on a trouvé notre bassiste, on a monté Cheap Teen… Et puis au fil du temps, on est arrivé à la formation actuelle…

Benzine : ça a été Cheap Teen depuis le début, alors ?

Cheap Teen (tout le monde participe à la conversation, très animée !) : On n’a jamais changé de nom ! On nous demande : « vous ne trouvez pas que ça pue un peu, ce nom ? ». Mais ça attire la curiosité des gens, ils ne savent pas quoi attendre.

Enzo : Mon premier concert punk, c’était Fiddlar, et mon morceau préféré de Fiddlar, c’était Cheap Beer. Blink 182, c’était des « Cheap Teens », et cette idée ne disparaîtra jamais pour moi. Encore et surtout à l’adolescence, mais aussi à l’âge adulte, c’est bien d’être cheap !

Benzine : Et vous êtes restés fidèles à Maisons Alfort ?

Julien : J’ai rejoint Paris, Porte d’Italie, mais ce n’est pas loin…

Cheap Teen (ensemble) : … et on répète toujours tous ensemble à Maison Alfort !

« Le public parisien est soit blasé, soit les gens sont comme des oufs, il n’y a pas de milieu… »

Benzine : Les événements-clés de votre histoire, ça serait quoi ?

Cyprien : Le Supersonic, notre premier concert au « Superso… » :  enfin une salle parisienne ! On faisait déjà des salles un peu connues, il y a 3 ans environ, mais c’est compliqué de jouer à Paris quand tu viens de la banlieue et que tu t’appelles Cheap Teen

Enzo : Notre premier concert à Paris, c’était grâce à Pedro, un amour absolu de mec : il nous a fait jouer au Quicksilver Shop à Bercy Village. Un mois après, on faisait donc notre première date au Supersonic… A l’origine, on avait demandé à faire la première partie de Dr. Chan, mais ce n’était pas possible, alors Aurélien, qui est devenu un ami, nous a proposé une autre date. On s’y est fait repérer par William, qui est devenu notre manager.

Cheap Teen (ensemble) : Un grand souvenir du Supersonic, c’était le 26 novembre 2019, encore le « monde d’avant »… On jouait en première partie de Bad Breeding… On était super stressés, Lounés n’était toujours pas là… Alors, quand il est arrivé, on a relâché toute la pression, et on a déclenché un vrai pogo. Le public parisien est soit blasé, soit les gens sont comme des oufs, il n’y a pas de milieu…

Benzine : Et le Tremplin Rock & Folk Radio, ça va être un évènement-clé dans l’histoire du groupe ?

Cheap Teen (ensemble) : Forcément, grâce au Tremplin, faire un concert au Bol d’Or devant des milliers de motards, ça va être encore autre chose que le Super Sonic (rires) ! Mais le Tremplin nous a apporté surtout de la visibilité, en plus des « prix ».

Enzo : Pendant 2 jours, je n’ai pas arrêté de recevoir des notifications sur mon portable ! Mais c’est un autre gage de sérieux, on peut être vraiment pris un minimum au sérieux maintenant ! Cheap Teen, au départ, c’était juste pop punk, et maintenant c’est plus riche et plus compliqué…

Cyprien : … surtout depuis qu’Enzo a flashé sur Black Midi !

« Même si on écoute les mêmes musiques, on en retire des choses différentes… »

Cheap Teen
Photo : Kiarargh sur Instagram.

Benzine : Justement, parlons un peu de vos influences…

Cyprien : Chacun écoute beaucoup de choses, il y a une inspiration qui nous vient de plein de musiques différentes, du coup on a décidé d’arrêter de se mettre des limites…

Cyprien : … Et même si on écoute les mêmes musiques, on en retire des choses différentes. PUP par exemple, Enzo en retire la rage, moi plutôt l’idée qu’il y a des mélodies derrière, et aussi des vides qu’on peut remplir différemment.

Julien : En plus on a chacun notre approche en fonction de notre propre instrument !

Cyprien : Je suis un gros fan boy de Jack White, ce qui fait que j’ai tendance à jouer sur la Whammy. Enzo, lui, à la guitare rythmique, va plutôt chercher des sonorités chelous à la Sonic Youth

Benzine : Sonic Youth, alors ?

Enzo : Je me rappellerai toute ma vie, j’étais à la FNAC pour acheter In Utero de Nirvana, et j’ai voulu découvrir autre chose. Le vendeur m’a conseillé Goo de Sonic Youth… Au retour, dans la voiture, je mets le CD de Sonic Youth, et après trois morceaux, je me suis dit je n’avais pas encore la maturité pour écouter ça ! (rires) Un an plus tard, c’est devenu mon disque préféré. Mais Daydream Nation a été lui l’album fondateur, c’est incroyable. J’ai vu les membres de Sonic Youth jouer sur scène séparément, je n’arrive même pas à imaginer la puissance du groupe quand ils étaient ensemble…

Lounés : Moi, je suis plus orienté Metal, et musiques progressives aussi. On n’en retrouve peut-être rien en apparence dans Cheap Teen, mais c’est une grosse influence aussi.

Benzine : Et Black Midi, alors ?

Enzo : Le premier album de Black Midi a été un grand choc. J’avais découvert le groupe très tôt, mais ils étaient très mystérieux, il n’y avait pas d’informations sur eux, j’ai vu les gens les aimer de plus en plus, c’est devenu une influence importante pour moi…

 

Cheap Teen au Tremplin Rock & Folk Radio – Photo : EDBenzine : L’attitude d’Enzo sur scène, c’est quelque chose qui distingue Cheap Teen des autres groupes…

Benzine : L’attitude d’Enzo sur scène, c’est quelque chose qui distingue Cheap Teen des autres groupes…

Enzo : Ce n’est jamais prévu, j’ai toujours sauté partout, je me suis toujours lâché, j’ai toujours été très énervé… Le jour du Tremplin, j’étais particulièrement à fond, je vivais complètement les paroles, comme la colère de Right Now ! Je crois qu’il faut sentir la musique à 100%…

Cyprien : Mais il y a aussi du courage de la part d’Enzo de se mettre ainsi à nu, devant le public, de ne pas avoir peur de passer pour un con…

Enzo : Je me souviens du Festival LUPA où on était le dernier groupe à passer, j’ai pris une bouteille de jus de pomme, j’en ai balancé partout. A ce moment-là la sono est tombée en panne ! Après je suis allé voir l’ingénieur du son, il m’a dit que ce n’était pas de ma faute, ouf ! (rires)

Benzine : et l’avenir immédiat, c’est quoi ?

 Cheap Teen (ensemble) : Plein de projets, et bien sûr, du coup, tout ce qui tourne autour du Tremplin.  Mais on part en tournée fin octobre avec deux groupes proches de nous. Mais on ne peut pas encore dire le nom, c’est encore secret pour le moment…

Enzo : On va aussi sortir un titre à la rentrée, on va se rencontrer pour finir le mix. C’est assez brut, ce n’est évidemment pas encore la qualité de ce qu’on pourra produire avec Rock & Folk. Mais ce nouveau titre va montrer notre évolution, avec des influences aussi bien Metal et que Sonic Youth. Il y a aura un clip que je vais encore réaliser…

Benzine : On se revoit très vite alors, pour la sortie de ce nouveau titre…

Propos recueillis par Eric Debarnot

Cheap Teen, c’est :
Enzo – chant, guitare
Cyprien – guitare
Julien – basse
Lounés – batterie

EP 4 titres : Questioning One’s Balance, disponible depuis janvier 2021