Lost in The Orchestra – Horses Know The Best Way To Follow

lost-in-the-orchestraGageons que si Quentin Tarantino tombe sur ce groupe bordelais, le cinéaste les adopte immédiatement pour faire la BO de son prochain western ou un Kill Bill vol.3.

Sur sa bio, Lost in The Orchestra met en avant son amour pour la poésie anglophone, à  l’origine même de la création du groupe et qui fait qu’encore aujourd’hui, ils mettent en musique des poèmes. Ce qui est, au passage, signe d’une certaine humilité : à  quoi bon vouloir rivaliser avec Emilie Bronte quand elle écrit Spellbound ou Robert Frost quand il écrit Stopping By Woods on A snowy evening ?

Autre certitude : Lost in The Orchestra aime le cinéma. En témoigne la pochette même de Horses Know The Best Way To Follow, hommage à  peine déguisé à  Saul Bass et au générique de »La Mort aux Trousses ». Cet amour du cinéma se traduit surtout dans la musique des Bordelais, rendant hommage à  Ennio Morricone et plus spécifiquement à  la musique de western _une thématique qui s’harmonise bien avec la poésie célébrée par les Bordelais puisque dans les deux cas, il y est question de nature. Avec Lost in The Orchestra, c’est bien le vent de la plaine qui souffle dans un écran,  rapidement élargi,  en Cinémascope : l’album se termine ainsi par les bruitages d’un paysage nocturne de Far West à  la quiétude troublée par une chevauchée de mustang. Le groupe profite à  fond d’être un sextet pour faire dans la pop orchestrale. Mais attention, il n’est pas question d’appesantir l’auditeur sous un déluge de cordes :, Lost in The Orchestra n’est pas un philarmonique en miniature, mais bel et bien un orchestre,  de Mariachis, avec cuivres et guitare. Ce qui les rend, en définitive,,  plus proche de nous et plus chaleureux à  l’écoute. Comme les héros de »la Horde sauvage » ils partent volontiers chercher leur salut au Mexique. Ailleurs, Ils n’ont pas peur de donner une touche hautement dramatique à  leur musique, donnant la bande son idéale pour un duel au soleil (The Call). Ils se plaisent aussi à  embarquer l’auditeur dans quelques cavalcades dignes de la »Charge héroîque » (Horses know the best way to follow).

A ce niveau là  de la chronique, on pourrait croire que notre sextet fait dans la musique de film stricto sensu. Or, il n’en est rien, ou plutôt, Lost in The Orchestra se sert de la musique de film pour habiller ses pop songs en haute couture.,  Car il y a bien là  des mélodies qui n’ont rien à  envier à  du Lee Hazlewood ou du Phil Spector (avec eux, c’est quand même »Sixties, mon amour ») ; il y a bien là  une chanteuse à  l’élégance détachée d’une Laetitia Sadier ou d’une PJ Harvey, des guitares au vibrato ravageur (celles-là  même qui pourraient finir de chavirer Quentin Tarantino). Et dès que les deux, guitares et voix, prennent un chemin plus trouble et plus torturé, Lost in The Orchestra change de paradigme, passe peut-être des cow-boys aux indiens. Le groupe ne fait plus vraiment dans une pop orchestrale (les cuivres sont rangés dans leur étui) mais dans un art rock tendance mystique, digne d’un Siouxie and the Banshees,  (Good Hours ou Harp, comme une cérémonie perdue au milieu des serpents à  sonnette). A se demander si le pseudo de la chanteuse anglaise ne prend pas tout son sens avec Lost In The Orchestra. Nos Bordelais ne sont pas agrippés dans un style, tel un lézard sur son rocher. Et,,  en grand révélateur, rapproche invariablement les Shangrilas de Pixies (Spellbound). Comme quoi, Lost in The Orchestra ne manque vraiment pas de ressources.

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Denis Zorgniotti

Date de sortie : 13 décembre 2013
Label : Autoproduit

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