Kurt Vile – B’lieve I’m Goin Down

Kurt Vile - photo

Le nouveau Kurt Vile résonne comme un road-trip dans l’Amérique profonde, bercé par des dentelles de guitare et guidé par une voix nonchalante.

Kurt Vile - B'lieve I'm Goin Down - cover albumLes années se suivaient et ne se ressemblaient pas pour Kurt Vile. Après les sublimissimes Childish Prodigy (2009) et Smoke Ring for my Halo (2011), l’offrande faite en 2013 avec Wakin On A Pretty Daze ne pouvait décemment pas recevoir les même superlatifs. L’année 2015 allait-elle contrarier cette palichonne succession ? Allait- t’- on enfin retrouver le Kurt Vile qui a su se poser et s’affirmer dans ce séduisant patchwork folk-Rock-Lo-fi ?

Enregistré et mixé notamment à Los Angeles et Joshua Tree, B’lieve I’am Goin Down résonne comme un road-trip dans l’Amérique profonde, balisé par l’idiome folk guitare/voix ‘That’s Life , tho (almost hate to say)’, par les pincements de cordes du banjo – instrument que le petit Kurt reçut de son mélomane de père – sur l’accent country de ‘I am an outlaw’ , bercé par des dentelles de guitare que ne renierait pas Nick Drake (‘Stand Inside’ , ‘Kidding Around’) et guidé par une voix nonchalante. Certains diront même que ce sont les ombres de Bob Dylan (‘Outlaw Blues’ / ‘I am an Outlaw’) et de Kerouac qui planent sur cette errance en douze actes.

La beauté du désert de Californie lui inspire ‘Pretty Pumpin’ qu’il considère comme la plus belle chanson qu’il n’ait jamais écrite : « Tout le monde était au lit et je ne pouvais pas dormir. J’ai continué d’écouter et soudain j’ai regardé autour de moi, je pouvais voir des miles et je me suis dit Je viens d’écrire ma meilleure chanson au milieu de nulle part, dans un désert beau, mystique et magique ».
Seule incursion en rythme chaloupé, l’effort de presque sept minutes de ‘Lost my Head there’ incite à taper du pied dans cet incroyable sens de l’économie harmonique que possède le natif de Philadelphie.
L’ombre au tableau c’est l’ennuyeux ‘Wild Imagination’ qui remplit plus qu’il n’apporte.
Pour certains, il faudra renouveler l’écoute pour se convaincre et enfin apprécier les ambitions affichées : « Je voulais revenir à l’écriture de chansons tristes […] je voulais vraiment que ça sonne comme si j’étais sur mon canapé, pas d’une manière Lo-fi, un peu plus accessible et vulnérable ».
Mission accomplished’ donc – autant dans le song-writing ‘Life like this’ que dans l’habillage au piano ‘Bad Omens’ – même si le projet pouvait, à priori, décevoir les détracteurs du précédent album (Mea culpa) et du virage propret emprunté depuis 2013.

Hervé Lanini

Kurt Vile – B’lieve I’m Goin Down
Label : Matador
sortie : 25 septembre 2015

Article à retrouver sur le site Émission Electrophone