La vengeance dans la peau

vengeance.jpgDernier volet de la meilleure trilogie d’espionnage jamais réalisée.
Jason Bourne reprend sa poursuite de vérité et traverse les méandres de son affreux passé. Toujours réalisée par Paul Greengrass (à  qui l’on doit le poignant »Bloody Sunday » ou le coup de poing »Vol 93″), cette super-production ne manque pas de saveur ni de réflexion. Dans la lignée des deux autres épisodes, »La vengeance dans la peau » conclut en beauté une série qui aura tenu la route jusqu’au bout. Toutefois, on égale pas le deuxième volet, »La mort dans la peau » (de Greengrass également).

Ici, Bourne perd un peu en charisme et le réalisateur préfère se focaliser sur l’action (aussi décoiffante, à  sa manière, que celle d’un »Die hard 4″).Il est clair qu’on ne s’ennuie pas une seconde et que le plaisir de retrouver Matt Damon est total, mais il semble que son personnage soit un chouia moins profond ; ce qui n’empêche pas de puissantes scènes psychologiques ainsi qu’une une fin flamboyante et crédible qui ne tombe pas trop dans les pièges de la révélation classique, filmée parce qu’elle doit l’être.

Greengrass tient son héros jusqu’au bout, livre des scènes d’anthologie (les courses-poursuites en voiture et en moto son démentes !), de beaux moments apaisés mais sous danger, nous fait voyager de Turin à  Paris en passant par le Maroc et la Russie, ne sous-emploie aucunement ses personnages secondaires et filme comme un documentariste ce jeu effréné du chat et de la souris. La caméra semble encore plus rapide qu’avant, ce qui fait que l’on a parfois un peu de mal à  suivre les visages et les infimes mais importants gestes, mais sa virtuosité tient quand même du tour de force, tant on est transportés dans la course, tant on plonge corps à  corps avec Bourne.

La réussite de ce dernier volet tient finalement dans la constance filmique qu’il entretient en rapport des deux précédents épisodes. On est dans la logique, sur le même chemin, dans un cinéma-type d’action-réflexion jusqu’au bout. On passera donc sur les quelques erreurs de vitesse de la caméra vers le début et sur le penchant un peu trop action du film pour n’en retenir que la cohérence globale : trois films, un seul héros qui poursuit son passé (à  moins que ce ne soit le contraire), deux visions du genre (le premier volet était réalisé par Doug Liman), des machinations, des sociétés manipulatrices, et, sous-entendus, des traités de terrorisme, d’irresponsabilité, de lâcheté, de direction généralisée, etc…
La série »Bourne » est donc bien plus profonde que toute autre du genre, et semble, jusqu’à  aujourd’hui, être la seule à  savoir manier intelligemment le divertissement ultra-efficace, la profondeur des personnages et la réflexion sur un Monde en pleine destruction, sans jamais céder au manichéisme primaire.

« La vengeance dans la peau » met donc un point (final ?) à  cette histoire, à  cette intrigue complexe et fouillée, un point aux interrogations, et s’avère être une démonstration terrifiante de la direction des humains dans un Monde qui déraille gravement.

Jean-Baptiste Doulcet

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La vengeance dans la peau
Titre original : »The Bourne Ultimatum »
Film américain de Paul Greengrass – 1h56 – sortie : 12 Septembre 2007
Avec Matt Damon, Julia Stiles, David Strathairn…

 


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