Revue de concert : Alela Diane au Havre, avril 2008

Après l’overdose de sucre et de tocs 80.’s consécutive au concert de Sébastien Tellier, la venue d’Alela Diane au Cabaret Electric avant son passage au Printemps de Bourges constituait une belle occasion de goûter à  davantage d’authenticité et de rusticité.

En guise de préambule, les rouennais de Maarten étaient conviés à  venir présenter leur récent »My Favourite Sheriff ». Même si de prime abord, les ponts reliant leur musique à  celle de la jeune Alela ne sautent ni aux yeux ni aux oreilles, l’Amérique constitue indubitablement un dénominateur commun à  leurs univers respectifs. Celle où Maarten s’en est allé puiser son inspiration, c’est la Californie des skaters à  chemise quadrillées de Grandaddy, combo défunt avec lequel les français présentent quelques atomes crochus facilement palpables dans leur set. Et même au-delà  serait-on tenté de dire, puisque c’est le barbu Jason Lytle himself qui s’est chargé de produire leur dernier album. Si dans ses moments d’apaisement acoustique, Maarten développe une personnalité un peu plus marquée, leurs titres les plus électriques et les plus enlevés renvoient inévitablement aux morceaux grandaddyesques les plus efficaces (à  ceci près qu’ici, les claviers bricolo et bousillés font profil bas, et que la lo-fi ingénieuse et foldingue des débuts a été laissée sur le bas-côté). Ce petit bémol mis à  part, Maarten peut se prévaloir d’une belle qualité d’écriture et n’a pas à  rougir face à  cette noble référence pleinement assumée. Tellement assumée (et respectée de surcroît) que le groupe reprend en fin de set le tubesque et enflammé »Summer Here Kids » titre qui a su réjouir tout une kyrielle d’indie-kids au crépuscule du dernier millénaire.

Réédité deux ans après une parution discrète et auto-produite, »The pirate.’s gospel » a bénéficié d’une aura médiatique propice à  rameuter les troupes havraises. Si le lien de cause à  effets entre échos dithyrambiques et motivation des troupes reste à  démontrer, quelques 300 personnes auront fait le déplacement pour assister à  la prestation paisible et intimiste d’Alela Diane et sa petite famille (son papa à  la guitare et aux percus, un imposant barbu au profil de camionneur, stoîque derrière son banjo, et l’angélique Mariee Sioux, tout droit sortie d’un campement d’apaches). Sans remouds, avec une douceur exemplaire, tous les quatre s’attachent à  distiller une folk music où le fingerpicking est roi et le chant d’une pureté virginale, puisant jusqu’aux racines dans les fondements de la musique américaine ; celle que l’on joue au coin du feu dans les plaines arides. A en juger par le silence respectueux et monacal du public manifesté à  son égard, cette Alela-là  aura vraisemblablement réussi à  stopper les horloges internes de certains. Comme quoi, pour peu que les ingrédients soient utilisés à  bon escient et avec humilité, un brin de classicisme et de simplicité rehaussé d’une pareille voix, il n’y a rien de tel pour momentanément suspendre la course effrénée du temps.

Sébastien Radiguet

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