Fredo Viola – The turn

thumb_500_500_FAFAFA_md_Fredo_Viola_LL40jpg.jpgQuand le temps suspend son vol. Ces quelques minutes où vous stoppez net toute activité pour écouter attentivement ce qui s’échappe de vos enceintes audio. Je les ai vécues avec les deux morceaux qui débutent l’album de Fredo Viola : the turn et surtout the sad song. En quatre minutes, ce dernier fait se télescoper voix quasi sacrée avec électro minimaliste, pour un résultat étrange et aérien, presque religieux, ou qui du moins requiert une écoute aussi fervente que la foi en une croyance. On peut d’ailleurs parler d’expérience sonore, puisque l’artiste utilise l’effet Cluster (un mix de plusieurs voix fractionnées et pré-enregistrées mais qui donnent l’impression d’une captation live) et l’emballe dans de très douces sonorités électroniques et folk. Si le début est de toute beauté, forcément, la suite déçoit un petit peu…mais revenons à  Viola.

Londonien de naissance, New-Yorkais baroudeur, Fredo puise son inspiration chez Bartok comme chez Boards of Canada, la musique médiévale comme Nick Drake, Belle and Sebastien ou Shostakovitch. Ce qui en découle est en même temps très référencé et assez unique, cela fait un bon bout de temps qu’un album ne m’avait à  ce point interpellé et déstabilisé (en fait, depuis la secousse Aegytis Byrjun des Sigur Ros). The turn tourne essentiellement autour de la voix, amplifiée, démultipliée, triturée et ré-orchestrée, mais elle reste le squelette imposant de chansons qui s’improvisent seulement autour de ces vocalises. Et ce pourrait être là  où le bât blesse : la longueur de l’album pèse sur les intentions de Fredo Viola, qui, contre toute attente, choisit presque le remplissage anecdotique (K Thru 6 et Robinson Crusoe) pour mieux finir en strates vocales classieuses sur Death of a Son et Umbrellas.

La (les?) voix peu(ven)t rendre allergiques une bonne partie des auditeurs, c’est évident ; Fredo Viola ne s’égare que peu de ses bidouillages rythmiques organiques/envolées de vocalises, on sent même une certaine monotonie poindre sur la seconde moitié de l’album, mais force est de constater qu’il ne veut rien faire comme tout le monde, et si certains considèreront trop vite qu’il veut s’insérer dans la mouvance Fleet Foxes-nouvelle scène néo-folk, ils devront jeter une oreille plus attentive sur un album certes un peu en demi-teinte, mais qui mérite amplement qu’on y accorde de l’importance pour la moitié de ses morceaux, d’une beauté à  couper le souffle (et couper aussi toute activité, donc).

A noter en sus qu’en ces temps de dématérialisation du support musical, Fredo Viola ose sortir un digipack impeccable avec le CD et un DVD de ses performances vocales et scéniques captées avec des vidéos elles aussi »Clusters » combinant et emmêlant extraits vidéos courts avec effets spéciaux étonnants. A vérifier également sur son très beau site www.theturn.tv

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Jean-François Lahorgue

Editeur : Because Music
Date de parution : mars 2009.

Tracklist :
1. The Turn (A Pagan Lament)
2. The Sad Song
3. Friendship Is…
4. Red States
5. The Original Man
6. Risa
7. Robinson Crusoe
8. K Thru 6
9. Moon After Beceuse
10. Puss
11. Death Of A Son
12. Umbrellas

Plus :
Le magnifique site artwork de Fredo Viola
Son site (plus »classique »)
Sa page Myspace

La vidéo de the sad song :