l’Outsider : un polar fantastique de Stephen King un petit peu frustrant

La sortie en série TV d’une adaptation de l’Outsider, l’avant-dernier livre du maître de Bangor, est l’occasion de revenir sur ce polar fantastique, typique de la nouvelle veine de Stephen King.

The Outsider Stephen King

Cela fait donc un petit moment que Stephen King, célébré depuis presque un demi-siècle comme le maître du fantastique contemporain, et qui doit, et c’est logique, avoir envie de se renouveler un peu, à force, tente le genre « polar ». En y ajoutant, car on ne se refait pas complètement, une petite touche de fantastique. Et ça marche… plus ou moins, soyons réalistes. Car dans le polar, il y a quand même des pointures qui savent vous retourner la tête avec un brio que King n’atteindra sans doute jamais…

L'Outsider de Stephen KingThe Outsider s’inscrit dans la suite de la « série » Finders Keepers, entamée avec Mr Mercedes et – donc – faussement bouclée par End of Watch… même si le lecteur mettra un peu de temps avant de s’en rendre compte. Et puis la touche de fantastique devient carrément une louche ici… et c’est d’ailleurs bien le problème de The Outsider : la première partie est formidable, passionnante, entre montagnes russes émotionnelles et suspense implacable, jusqu’à ce que King rompe – en le claironnant bien fort – la règle de base énoncée par Sir Arthur Conan Doyle pour son Sherlock Holmes : « éliminez l’impossible, il vous restera l’improbable », ou quelque chose du genre. Et la déception est sévère : on espérait un twist magistral expliquant l’inexplicable, on a droit à du surnaturel qui peut, à la limite, justifier à peu près n’importe quoi. D’où une seconde partie du livre un tantinet fastidieuse, pour laquelle on a perdu notre principale motivation (découvrir une explication logique à ce qui semble impossible…), et qu’on lira, du coup, largement en dilettante… jusqu’à un final intense, et il est vrai pas trop mal ficelé.

Bref, il est difficile de vraiment critiquer un livre qui offre quand même quelques vrais bons moments, et qui permet à King de continuer à faire ce qu’il a toujours fait le mieux, et qui lui vaut désormais une vraie considération en tant qu’écrivain « sérieux », c’est à dire chroniquer avec précision et une belle dose de lucidité la vie quotidienne d’Américains ordinaires, auxquels il sait toujours conférer une touchante humanité.

Il n’empêche qu’en refermant The Outsider, on ne peut s’empêcher d’espérer que Stephen King retrouve un nouveau souffle, qu’il nous fasse le coup de la « résurrection artistique » comme il nous l’a déjà fait, et nous offre à nouveau de vrais chefs d’oeuvre… A vérifier avec L’Institut, la nouvelle cuvée…

Eric Debarnot

L’Outsider
Roman américain de Stephen King
Editeur : Albin Michel
576 pages – 24,90 €
Parution : janvier 2019