Kamikaze Mozart, de Daniel de Roulet

kamikaze.jpg« On ne choisit pas ses Wolfgang. Ils vous tombent dessus l’un après l’autre, comme une guerre mondiale. Ou plutôt, comme une étoile filante. Personne n’est préparé aux météorites en plein jour »
Fumika est japonaise, musicienne et étudiante au conservatoire de Berkeley avec son amie Shizuko. Attachée à  sa passion pour Mozart, elle espère bousculer son destin qui l’a déjà  fiancée à  Tetsuo Tsutsui, soldat au service de Sa Majesté l’Empereur, suite aux habiles tractations des deux familles. Mais Fumika ne connaît son prétendant qu’à  travers une photographie et quelques lettres, très conventionnelles.

Nous sommes en Avril 1942. Fumika et d’autres ressortissants japonais doivent rejoindre les camps de rassemblement, après l’attaque à  Pearl Harbor. La jeune fille s’éloigne le coeur lourd en pensant à  un jeune allemand qu’elle vient de rencontrer à  Berkeley. Il s’appelle Wolfgang Steinamhirsch, c’est un fou de chimie que le gouvernement va recruter pour un projet confidentiel basé dans le désert de Los Alamos.
Déplacée de camps en camps, Fumika va croire en sa bonne étoile lorsqu’elle emprunte l’identité d’une indienne navajo pour faire le ménage à   » la fabrique des nuages  » un site secret où bossent des scientifiques pour le compte du ministère de la Guerre. Elle y retrouve Wolfgang, devenu un ambitieux savant, et espère qu’il aidera Shizuko et elle dans leur projet d’évasion du camp de Santa Fe.

Hélas ! Le lecteur n’est pas dupe. Le projet de Los Alamos va frapper le Japon en Août 1945, avec deux bombes atomiques. Sur ce plan, l’issue du roman est toute tracée. Il devient alors intéressant de suivre quel triste sort vont connaître Fumika, son fiancé kamikaze et Wolfgang le fou de l’atome, tous estampillés par le sceau de la tragédie.
Entre fiction et réalité, le roman parle de la guerre et de destins brisés autour du fil rouge que constitue la construction de la Bombe atomique. Daniel de Roulet, dans un style très froid, presque sans âme et donc difficilement attachant, a peut-être souhaité cette sécheresse pour planter une distance raisonnable entre l’auteur et son histoire où se mélangent les faits réels et l’imaginaire.

Une petite accoutumance s’impose, puis l’histoire apparaît franchement émouvante et très prenante ! C’est surtout au travers du personnage de Fumika que la dimension humaine et émotionnelle s’exprime le mieux. Son parcours enchaîne l’injustice, l’incompréhension, la bêtise et la perfidie humaines. Longtemps elle trouvera dans la musique de Mozart une échappée pour survivre et affronter son destin. Mais la musique adoucit-elle les moeurs ? Est-elle capable d’achever une guerre, de sauver les âmes ? L’auteur offre une réflexion douce-amère à  ce sujet, je ne suis pas sûre d’apporter la réponse qui semble évidente et triste dans ce roman. Mais la lecture de ce livre, pourtant pas emballante au début, résonnera longtemps en moi. Je le pense…

Stéphanie Verlingue

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Kamikaze Mozart
auteur : Daniel de Roulet
Editeur : Buchet Chastel
208 pages – 16 euros
parution : août 2007

3 thoughts on “Kamikaze Mozart, de Daniel de Roulet

  1. Je n’ai pas meme eu besoin de la petite accoutumance. J’ai été prise dès le début, j’ai appris beaucoup de choses et les personnages de ce roman continuent de m’intriguer et de me poursuivre. Du grand art. Aline

  2. Je n’ai pas meme eu besoin de la petite accoutumance. J’ai été prise dès le début, j’ai appris beaucoup de choses et les personnages de ce roman continuent de m’intriguer et de me poursuivre. Du grand art. Aline

  3. Je n’ai pas meme eu besoin de la petite accoutumance. J’ai été prise dès le début, j’ai appris beaucoup de choses et les personnages de ce roman continuent de m’intriguer et de me poursuivre. Du grand art. Aline

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