Chroniques Express 113

OTPMD-benzineORCHESTRE TOUT PUISSANT MARCEL DUCHAMP / VIN BLANC WHITE WINE /MILAMARINA / THE GOASTT / AUCAN / ANTOINE BERJEAUT / SAMARIS / ROOM 204 / WHITE CROCODILE / TALES & REMEDIES / MORO / PRINCIPLES OF GEOMETRY / BENJAMIN SCHOOS / NIGHT BEATS / WILL STRATTON

OTPMDOrchestre Tout Puissant Marcel Duchamp – Rototor

Avec ce groupe au nom interminable, c’est bien le nom de John Parish,, producteur du disque, , qui m’a donné envie de tendre l’oreille. Le fidèle collaborateur de PJ Harvey a du goût et on comprend ce qui a pu lui plaire dans ce projet : la liberté, l’audace et la richesse musicale. Bien que réalisant leur album le plus pop, OTPMD,  reste, bel et bien, fidèle à  son créneau et cette idée, à  l’instar de Marcel Duchamp, que, rien ne lui est interdit. Rythmes africains qui roucoulent (avec marimba et xalam), énergie du jazz qui emporte, accent rock voire punk qui gratouille.,  On a parfois l’impression de revivre un nouveau tropicalisme délocalisé du Brésil (Come On In). Mais là  où certains se vautrent dans un salmigondis indigeste (on est heureusement très loin des fanfares rock franchouillardes…richesse ne veut pas dire bordel), OTPMD sauvegarde la musique et préserve un pré carré mélodique, au-dessus de la mêlée. La voix de Liz Moscarola y est aussi beaucoup pour beaucoup, présence douce et pourtant déterminée,  (These Books weren’t made for burning). Un peu comme The Ex, l’esprit de OTPMD est à  la fois savant et totalement instinctif, aventureux et extrêmement musical. (4.0) Denis Zorgniotti
Moi je connais records / L’Autre Distribution – Avril 2014 Bandcamp

vinblancVin Blanc White Wine – In Every Way But One

Joe Haege n’est pas du genre banal. C’était le cas alors qu’il était leader de 31Knots, c’est encore le cas avec ce nouveau projet solo. Il y a du David Byrne dans cet Américain de Portland. Un gars venant du rock indé, , mais, marqué, par la, world musique, et une certaine idée du funk blanc. Ajoutez à  cela un art consommé du home studio et d’une électronique bricolo qui, vous permet, d’être effervescent, tout en étant un artiste solo., , Le résultat met en avant les lignes de chant mélodiques de Haege (bon interprète à  la ferveur communicative), dans un champ d’expérimentation musicale et rythmique, parfois proche de Merz (Okay we get it). , Il reste de traces du passé »rock » de Haege avec,  des titres plus classiques : un I’m here qui prend aux tripes, un Don’t get romantic de vieux briscard du blues, un Enable ballade folk tranquille si les guitares n’étaient pas attaquées par des claviers vindicatifs. Mais c’est Temples of Lines qui arrive le mieux à  exploiter toute la complexité et les facettes de Haege une ligne de chant volontaire comme du Red Hot mais hanté par une armée de piano tout droit sorti d’un cauchemar contemporain imaginé par Wim Mertens. Vin Blanc White Wine est vraiment un artiste à  part. Qu’il en soit remercié. (4.0) Denis Zorgniotti
Party Damage records – Mars 2014 Bandcamp

milamarinaMilamarina – Pull

La musique de Milamarina rappellera à  coup sûr celle d’Emilie Simon. La combinaison est somme toute identique : voix cristalline de petite fille, instrument acoustique léger (Milamarina est harpiste) et électronique appuyée. Le résultat est une mélange de gracile évanescence, et de puissance pénétrante. Pull n’est pas pourtant pas un album à  jeter à  ortie, bien au contraire, car en permanence la jeune femme témoigne d’un talent pour tisser un monde onirique qui, par ses programmations appuyées voire dansantes, vous tient largement éveillés. Unfreeze ne manque pas de chien et Stranger avance avec la majesté d’un péplum. Un bon petit album pour une jeune artiste à  suivre. (3.0) Denis Zorgniotti
Autoproduction / Believe – Avril 2014 Deezeer

The Goastt – Midnight Sun

Contrairement à  celle de son demi-frère Julian, la carrière de Sean Lennon aura toujours été digne d’intérêt. Album solo (Into the Sun et Friendly Fire), musiques de films , ou collaborations diverses, Sean Lennon a toujours su rendre ses productions suffisamment attractives et originales pour que l’on ait toujours envie de suivre sa discographie. Cette fois encore, il réussit une album de belle tenue en compagnie de sa femme Charlotte Kemp Muhl avec le projet The Ghost of a Saber Tooth Tiger dont les rondeurs et la puissance pop psychédéliques 60.’s/70.’s rappelleront forcément certains titres du papa ou des Beatles. Mais au-delà  de toute comparaison, aussi évidentes soient-elle, cet album se suffit à  lui-même et ne doit pas faire oublier les qualités évidentes de compositeur et d’arrangeur de ce garçon capable d’écrire de solides pop songs aux refrains entêtants et aux mélodies toujours agréables avec, en plus, des orchestrations riches, inventives et variées qui évitent que toute forme de monotonie s’installe. Après deux EPs et un album (Acoustic Sessions paru en 2010), le couple est donc de retour avec cet excellent Midnight Sun qui rivalisera largement avec les productions du même genre parues au cours des deniers mois, qu’elles soient signées Pond, Jacco Gardner,Temples ou Tame Impala.(4.0) Benoît Richard
Chimera music – Avril 2014

aucanep1Aucan – EP1

Sobrement appelé EP1, ce nouvel effort d’Aucan n’en est pas moins un disque puissant. Suivant l’évolution du duo italien depuis quelques années déjà , on remarquera que petit à  petit Aucan abandonne les structures alambiquées et les guitares (les deux inspirées par le math rock) par une approche plus électronique et plus direct. Cet EP1 fait donc suite à  un Black Rainbow sous influence Massive Attack et se veut un cran au-dessus, dans le genre »rentre-dedans ». On est donc en terrain connu dans une techno/ rock/hip hop qui a fait les beaux jours de Prodigy (Riot). Avec Otto Von Shirach en featuring, The Rise of Serpent mixe des sonorités indus à  un esprit house. Tout ceci est bien efficace et maîtrisé, à  défaut d’être inventif. Le meilleur titre de cet EP est peut-être à  chercher du côté de Loud Cloud, pas plus original, mais particulièrement réussi dans le genre électro sombre, dense avec une rythmique qui virevolte dans l’air : comme un lâché de corbeaux métallisés dans un,  ciel entre chien et loup. (3.0) Denis Zorgniotti
Ultra Music – Mai 2014 Deezer

Antoine Berjeaut feat. Mike Ladd – Wasteland

Antoine Berjeaut est un compositeur, trompettiste de jazz qui a travaillé avec des artistes aussi divers que Jeanne Balibar, Doctor L, Touré Kunda, Moriarty ou Rodolphe Burger« Antoine Berjeaut s’intéresse également à  la musique électronique. A travers son projet , « Wasteland » feat. Mike Ladd, , il fait sonner le jazz avec les sonorités issues des machines mais aussi avec le hip hop du canadien Mike Ladd (« Easy listening for Armageddon ») dans des compositions aux frontières de l’écriture et de l’improvisation collective. Le résultat de cette collaboration s’avère tout de suite très attirant, avec des morceaux de jazz aux ambiances nocturnes qui évoqueront Miles Davis mais aussi Julien Loureau ou Erik Truffaz. Une belle performance et une jolie découverte pour les amateurs de jazz. (4.0) Benoît Richard
Fresh Sounds Records – Avril 2014

Samaris – Silkidrangar

On avait été conquis par le premier album de Samaris paru à  la fin de l’année 2013 sur lequel on découvrait , la musique d’un groupe islandais avec ses sonorités électroniques froides, ses climats éthérés propices à  la rêverie, et cet accent si caractéristique de la chanteuse qui levait le dernier doute que l’on pouvait avoir quant à  la provenance de ce trio. Quelques mois seulement après cette première tentative très réussie, le groupe remet le couvert avec de nouvelles chansons tout aussi intenses et mélancoliques que les précédentes. Avec juste des claviers, des ordinateurs, des voix et quelques effets, le trio distille avec toujours autant de conviction ses ambiances sombres et , envoutantes dans une musique électronique qui navigue entre trip-hop et dub, le tout boostée par une production sensiblement différente du premier album mais avec là  encore un résultat plutôt concluant.(3.5) Benoît Richard
One Little Indian – Mai 2014

room204 Room 204 – Maximum Vegetation

Avec ses dix ans d’existence, Room 204 fait figure de parrain de la scène noise française. Le fait est d’autant plus probant que le duo est à  l’initiative de Kythibong, label nantais bon pourvoyeur, en guitares saturées. Mais le guitariste Mric Chaslerie (également dans, Papaye) et le batteur Pierre-Antoine Parois (également dans Papier Tigre) ne se reposent pourtant pas sur leurs lauriers et proposent avec Maximum Vegetation, un album aussi intransigeant, qu’ exigeant. Affublé d’une troisième larron, Nicolas Cueille, Room 204 continue de faire une musique qui vous claque à  la figure. Les Riff hard-rock se tirent la bourre avec une batterie qui ne tient pas en place et une deuxième guitare qui tricote. D’un côté, Room 204 assène ; , de l’autre, il butine. Cela donne un cocktail frondeur qui envoie le bois dans une subtilité relative. En concert, cela doit être top, sur disque c’est déjà  bien…(3.5) Denis Zorgniotti
Kythibong – Mai 2014 Bandcamp

white-crocodile-pochetteWhite Crocodile – Je t’aime l’Amour (EP)

La chanteuse Julie Biereye a de la personnalité et du tempérament, pour un peu on en oublierait presque qu’elle fait partie d’un groupe, qui plus est composé de renégats du rock : un Américain, un Suédois et un Français entourant cette fameuse chanteuse anglaise et maitrisant parfaitement »leurs sujets » – Au pluriel et pour cause !,  Passant en l’espace de trois titres d’un registre cabaret rock (pour un Je T’aime chanté en français) à  l’énergie brut d’un Big City, puis à  Different Roads à  l’emphase sombre d’une folk américano- slave (avec Julie à  l’accordéon). C’est Kurt Weill,,  Siouxsie and the Banshees et Elysian Fields en un seul groupe, avec le sentiment de liberté d’un Violent Femmes fièrement porté en étendard. On écoute les deux autres titres de Je T’aime l’Amour avec autant d’envie et de gourmandise. Le production d’Alex Firla allie puissance et finesse. La pioche s’avère vraiment gagnante. (4.0) Denis Zorgniotti
Team Zic – Mai 2014
Bandcamp

talesandremediesTales and Remedies – s/t

Un autre groupe français emmené par une Anglaise (Joanna Kirk), garantie certaine d’avoir un bonne accent. Heureusement, l’intérêt de Tales & Remedies ne s’arrêtent pas à  ce détail linguistique. Pour son premier album, le groupe a décidé de mettre les plats dans les grands, s’entourant d’une quinzaine de musiciens parmi lesquels David Lavaysse (I&Fused), Pierre Lebourgeois (Bertrand Belin) et Julien Perraudeau (Diving with Andy). Des cuivres, des cordes, des percussions, des choeurs mais loin d’alourdir la folk tranquille de Tales & Remedies, ce florilège d’instruments emmène la musique vers des chemins bucoliques plus joliment tracés et des rythmiques plus affirmées. Fort de 14 titres, l’album égrène pourtant d’autres sensibilités que celle d’évoquer, en acoustique, la verte campagne. Mélancolie de boudoir sur The Mighty Bogatyr, pop féline épicée, ourlée d’électronique, sur Our groovy untuned love ; petit groove champêtre, avec pizzicati espiègles, sur un irrésistible Juggling with 3 hearts ; mélodie électrifiée et ainsi mordante sur Precious Moment. Un moment précieux, en effet. (4.0) Denis Zorgniotti
Autoproduit – Mai 2014 Bandcamp

moro-home-pastMoro -& The Silent Revolution – Home Pastorals

La musique, ça peut être simple des fois, en tout cas dans son approche : une affaire de copains, une volonté de jouer ensemble et d’écrire de bonnes petites chansons. C’est ce qui transparait chez Moro, le plus americanophile des songwriters italiens. Pour ce troisième album, le chanteur/guitariste, s’entourant d’un vrai groupe (The Silent Revolution), se plait à  faire une folk acoustique, nourri de choeurs légers et de mélodies toujours entrainantes. On les imagine jouant sur une plage, on rêverait d’y être.,  Rien de révolutionnaire, Moro se place dans une filiation entre Jonathan Richman et Wilco, plutôt une bonne base pour qui veut devenir bon mélodiste. Et puis, l’Italien a pour lui sa simplicité d’approche qui le,  conduit à  immanquablement à  pondre de bons morceaux et parfois encore mieux (Holy Darkness) (3.5) Denis Zorgniotti
Gamma Pop – Mai 2014
Bandcamp

Principles of Geometry – Meanstream

oui, on pourrait jouer sur les mots et dire que Principles Of Geometry fait aujourd’hui une musique plus »mainstream » que »meanstream » qui lorgne dorénavant du côté de Mr Oizo, de Sébastien Tellier ou de Kavinsky, , que leur morceaux s’éloignent des influences John Carpenter des débuts, mais reconnaissons tout de même au duo lillois une envie certaine de faire évoluer sa musique, d’avancer vers la lumière et d’aller, certes, vers un format plus pop mais sans totalement oublier ce qui faisait la particularité de leur style. , Qui pourra leur en vouloir, après avoir fait le tour d’un style bien cadenassé et qui a donné quelques albums assez fameux, d’essayer de choper un single ou deux ? Personne. Sans être une totale réussite, ce passage à  un style synthpop laisse malgré tout entrevoir quelques jolies choses et une réelle envie d’ouverture, avec toujours cette capacité à  faire sonner les synthés vintage de fort belle manière. Mais il manquera quand même a cet album un ou deux titres indiscutables pour nous convaincre totalement de cette petite (r)évolution entreprise par Jeremy Duval et Guillaume Grosso., (3.5) Benoît Richard
Tigersushi / La Baleine – Mai 2014
Bandcamp

Benjamin Schoos – China Man vs China Girl

Ce producteur belge connu sous le pseudo, Miam Monster Miam, (il a notamment travaillé pour, Lio, Alain Chamfort, ou, Jane Birkin), également auteur, compositeur, arrangeur, créateur du labelFreaksville Record, sortait en avril dernier un,  premier album solo sous son vrai nom :, Benjamin Schoos. l’occasion de découvrir la pop richement orchestrée d’un dandy trentenaire que l’on pourra, par son style,,  immédiatement rapprocher de Benjamin Biolay, ou de, Bertrand Burgalat., Sur »China Man Vs. China Girl » il invite, Lætitia Sadier, Chrissie Hynde, des, Pretenders, ou, Mark Gardener, de, Ride, pour un ensemble de chansons aux refrains entraînants, à  l’image de l’irrésistible single que constitue »Je ne Vois que Vous » interprété en en duo avec la chanteuse de, Stereolab., Au final, c’est un disque facile à  écouter que nous propose là , Benjamin Schoos, avec textes parfois assez déroutants d’où ressortent une forme de désuétude et où la mélancolique se mêle au charme et à  la sensualité.(3.5) Benoît Richard
Freaksville Music – Avril 2014

 

RVRB-013-SONIC-BLOOM-COVER-webNight Beats – Sonic Bloom

Vous vivez actuellement en 2014. Souvenez-vous en bien. Parce qu’avec Night Beats, trio américain de jeunes pousses élevées au peyotl, mauvaises graines et autres substances ayant tendance à  fortement distordre la réalité, rien n’est moins sur que cette phrase d’apparence anodine. Pourquoi ? Parce que sonic bloom, second album de Night Beats, distend l’espace-temps et vous fait faire un bond en arrière de près de quarante ans. Souvenez-vous de toute la scène psyché/rock de la fin des années 60, celle où tous les excès étaient possibles voire recommandés, celle où les guitares s’agrémentaient de fuzz, de delay, wah-wah, distorsions et autre réverbérations. Celle où les chanteurs hurlaient avec une classe folle (vocalement et vestimentairement parlant)dans leur micro Cette époque, célébrée par la compile Nuggets, c’est celle que fait revivre à  la note près Night Beats. Ces jeunes gens ne l’ont certes pas connue mais la fantasme avec un talent certain. Sauf que si les chansons sont là , l’énergie également, si c’est extrêmement bien fait (mélange bien dosé de psychédélisme, de garage et de pop) sonic bloom souffre malheureusement de rendre hommage de façon trop appuyée aux Seeds, Litters et autres 13th Floor Elevators. Le souffle est présent, le talent également mais il y manque un grain de folie véritable qui fait qu’on ne peut complètement adhérer au projet. Bref, il s’agit là  d’un bel essai pour un groupe qui, une fois les influences vraiment digérées, devrait probablement nous sortir un disque digne de son réel talent. En attendant ne boudons pas notre plaisir et savourons ce »Sonic bloom » comme il se doit c’est à  dire une confiserie fort agréable et inoffensive, un voyage dans le temps non dénué de charmes. (3.0) Christophe Ciccoli
The Reverberation Appreciation Society – Avril 2014

will-strattonWill Stratton – Gray Lodge Wisdom

Remis,  d’un cancer qui l’avait touché en 2012, juste après la sortie de son précédent album, Will Stratton revient donc presque miraculeusement en 2014 pour donner une suite au formidable »Post-Empire » avec, des chansons écrites durant sa période de convalescence, entre New York et Washington, toujours empruntes de douce mélancolie et de poésie et toujours sous l’influence de Morton Feldman, John Fahey ou encore Leo Kottke. Mais c’est plus Nick Drake auquel on pense à  l’écoute de »Gray Lodge Wisdom » tant les arpèges de guitares et les harmonies renvoient à  chaque fois au compositeur de »Five Leaves Left »et de »Bryter Layter ». Car sur ce cinquième album, c’est encore une fois sa voix fragile et posée, son jeu de guitare lumineux et ses arrangements de cordes qui épatent, avec un sens de la mélodie et de la mélancolie qui ne se tarit pas malgré les années. Album court mais intense, »Gray Lodge Wisdom » montre que ce garçon de 27 ans a déjà  acquis une maturité incroyable et que si la maladie veut bien le lasser définitivement en paix, une longue et belle carrière pourrait bien s’offrir à  lui. (4.0) Benoît Richard
Talitres – avril 2014