A la rentrée 1963, la vie d’un lycée de province est bouleversée par l’arrivée des filles. C’est ce changement que raconte Mixte, une série française pleine de charme qui parle de l’évolution d’une société française qui annonce Mai 68.
Les séries françaises sont rares sur Amazon. Quant aux séries originales, elle étaient inexistantes jusqu’à la sortie de Mixte, une série créée par Marie Roussin (Les Bracelets rouges, Un Village Français, Borgia…).
En 8 épisodes, Mixte raconte l’arrivée des filles dans un lycée de province au milieu des années 60. Un thème qui de prime abord paraît plutôt daté mais qui, pourtant, à travers cette série, nous renvoie quelques échos de notre époque actuelle.
Il y a 60 ans, dans les écoles publiques, les garçons n’étudiaient pas dans les mêmes établissements que les filles jusqu’au jour où la réforme Berthoin en 1959 légalise les lycées mixtes. C’est le début de cette aventure sociale que raconte cette petite série pleine de charme.
Mixte nous plonge à la rentrée 1963 dans les couloirs du lycée Voltaire de Saint-Jean-d’Angély en Charente-Maritime. Et en ce début septembre, c’est un peu le branle-bas de combat pour le directeur et pour ses adjoints qui doivent tout mettre en œuvre pour accueillir au mieux les quelques filles désignées pour participer à cette expérience de mixité nouvelle. Au fil des épisodes, on va suivre la vie de ce lycée pour voir comment est accueilli ce changement de la part des enseignants, des élèves et des parents tous plus ou moins réfractaires à cette évolution.
Avec une reconstitution de l’époque assez soignée, jamais tape-à-l’œil, les scénaristes ont réussi à aborder, dans un subtil mélange entre drame et et humour, des thèmes toujours bien actuels comme le féminisme, les différences de classe sociale, l’homosexualité, l’avortement, le droit de disposer de son corps, le choc des générations qui annonce mai 68…
Côté acteurs, on retrouve chez des adultes François Rollin dans le rôle du directeur, Gerald Laroche en vieux prof de latin réac, Anne Le Ny parfaite en vieille fille et Pierre Deladonchamps touchant dans le rôle du surveillant général très coincé, marié à l’infirmière (Maud Wyler), et amoureux transi le jeune prof d’anglais interprétée merveilleusement par Nina Meurisse. Du côté des élèves, la palme revient à l’actrice belge Lula Cotton-Frapier dont on reparlera sans doute beaucoup au cours des années à venir.
Sans être totalement aboutie, la série a le mérite de vouloir proposer un portrait le plus large et le plus juste possible de cette époque de changement, dans une reconstitution parfois trop scolaire et trop calibrée mais qui trouvera ses moments les plus intéressants sur la seconde partie, quand elle s’éloigne un peu du lycée, devenant pour le coup plus sombre mais aussi plus forte.
Quoi qu’il en soit, pour une première production « made in France » sur Amazon, la série dirigée par Marie Roussin est plutôt une réussite et on suivra donc avec curiosité la saison 2 qui semble se profiler à l’issue de l’ultime épisode.
Benoit RICHARD