Paddang – Chasing ghosts : du rock, du bon ! On en redemande

Paddang fait vivre avec brio une longue tradition de rock à guitares. Avec une rythmique impressionnante, un chant convaincant et des synthés intelligents. Un premier album jouissif et addictif. Une réussite.

PADDANG
© Gabbie Burn

Il n’y rien à jeter dans cet album ou presque (le presque n’étant là, en réalité, que pour éviter un enthousiasme adolescent excessif) ! Paddang fait tout ce qu’il faut dans ce premier album pour nous enchanter, en nous transmettant une énergie sauvage, un peu primaire, mais très humaine. Et c’est fait avec suffisamment de conviction que cela ne donne pas seulement envie de bouger, de danser, de pogoter.

Padddang - Chasing Ghosts

Paddang donne envie de pousser les murs le plus loin possible, d’aimer son prochain, de courir sous la pluie, d’embrasser le monde. La musique de Paddang donne surtout envie d’agir, de devenir soi-même musicien, artiste, acteur du changement qui devient nécessaire. Un enthousiasme juvénile, mais salutaire ! Chasing ghosts est un de ces albums qu’on aime du début à la fin, sa batterie omniprésente, les synthés intelligemment glissés entre les charges à la guitare, et les roulements de la basse, pour la voix souvent énervée.  Chasing ghosts est un de ces albums qu’on aime pour ses nombreux solos et pour les arrangements, pour ses rythmes que Paddang aime bien casser régulièrement, pour son côté hargneux et très mélodique en même temps. Tant qu’à chasser les fantômes, autant le faire avec entrain et dans une certaine gaîté.

Neuf morceaux de rock ! Un rock qu’on peut appeler post-punk si on veut – ce que fait le groupe d’ailleurs – si ça ne catégorisait pas inutilement la musique qu’on entend sur Chasing Ghosts. L’irrévérence revendiquée, c’est celle du rock. Le côté noisy, c’est celui du rock, d’un rock qui prend ses racines dans le hard-rock pré-punk, auquel ont contribué Blue Oyster Cult, et Quartiers Nord. Cela évite les classements, et ça laisse l’oreille apprécier tranquillement et sereinement. Avec Paddang, on est en bonne compagnie. Paddang fait vivre une longue tradition avec talent.

Ça commence avec The Cave, par exemple, le premier morceau. Jouissive intro à la guitare solo reprise en chorus avec la basse et la batterie après quelques secondes pour un morceau qui va à 200 à l’heure. Mais ce morceau n’est que le premier de la série. On a plaisir à retrouver ce même rythme effréné sur tous les morceaux. Paddang ne s’arrête pas un instant, jamais. Terima Kashi – qui veut dire quelque chose comme merci en malaisien – est construit sur le même modèle, intro à la guitare qui laisse planer un certain suspense avant que les autres instruments et le chant ne viennent donner le rythme. Il y a quelque chose de ludique et de festif dans ce morceau, quand le groupe reprend en chœur le titre de la chanson, et les riffs de guitare qui termine le morceau est totalement grisant. Animals est un peu moins fluide, plus heurté, les guitares plus acérées, le chant plus violent, mais tout aussi imparable. 3.0, avec son solo de synthé au milieu – surprenant mais pas déplacé du tout – ou Dead on Tuesday – avec une bonne minute d’accalmie mélancolique qui donne envie de pleurer au milieu – sont tout aussi irrésistibles. On a l’impression que le groupe a atteint son meilleurs, mais non, les riffs de guitare de The way you move sont fantastiques – on est un peu moins fan du refrain. Et que dire d’Island of Gods ? Encore une fois, la guitare en solo est capable de tailler de vraies mélodies, fantastiques et addictives, et la fin du morceau avec ces fuzz de guitares fait penser un instant que c’était le meilleur morceau de l’album. Peut-être. Peut-être pas. Allez, on le remet pour être sûr, ça vaut le coup. Avant, écoutant quand même le dernier morceau, moins emballant que le reste, moins rythmé, non, au rythme différent, plus blues, plus boogie.  Pas forcément le meilleur morceau de l’album (malgré un bien bon solo de guitare tout de même). Cette fois, c’est bon, on peut recommencer. Avec plaisir !

Alain Marciano

Paddang – Chasing ghosts
Label : Alligataure / Noise Circle
Parution : 31 mars 2023