Angoulême 2024 : un fauve d’or pour Daniel Clowes

Alors que le Festival d’Angoulême vient de tirer le rideau sur l’édition 2024, jetons un rapide coup d’œil sur le palmarès, dont quelques œuvres ont été déjà mises en avant sur Benzine…

Festival d'Angoulême 2024 : palmarès
Photo : Selbymay

Cette année, le grand jury était présidé par le Daft Punk Thomas Bangalter, paradoxalement redevenu anonyme (ou presque) sans son casque rutilant, aux côtés de Marion Fayolle, autrice et dessinatrice (Les Amours suspendues, publié chez Magnani), Enzo Lefort, escrimeur médaillé, Tony Valente, mangaka français (auteur de la série Radiant publiée chez Ankama), Aurélie Saada (autrice-compositrice-interprète, principalement connue à travers le duo Brigitte), Eva Bester (journaliste et chroniqueuse sur France Inter et Arte) et Vincent Poirier (libraire BDFugue à Annecy).

Les prix annoncés samedi soir viennent couronner Daniel Clowes pour son récit intimiste semi-autobiographique, Monica, publié chez Delcourt. Si Clowes avait déjà reçu un prix Eisner, c’est la première fois que le FIBD honore son travail. Une reconnaissance pour cet auteur américain chef de file de la BD américaine indépendante.

Le prix spécial du jury est attribué à Hanbok, un récit autobiographique signé de Sophie Darcq. L’autrice raconte son parcours pour retrouver sa famille biologique en Corée du Sud, le pays qui l’a vue naître. L’ouvrage est publié chez L’Apocalypse, maison d’édition créée par Jean-Christophe Menu, co-fondateur de L’Association). Le prix spécial du jury « jeunesse » récompense deux ex aequo : Les Petites Reines de Magali Le Huche (Sarbacane) et Bâillements de l’après-midi de Shin’ya Komatsu (IMHO). Précisons que le jury jeunesse est composé d’Aïssa Maïga (actrice-réalisatrice), Katherine Pancol (journaliste et écrivaine), Barbara Carlotti (autrice-compositrice-interprète), Alex Alice (célèbre bédéiste que l’on ne présente plus…), Sophie Guerrive (autrice de Capitaine Mulet et Tulipe), Benjamin Muller (auteur et chroniqueur sur France 2) et Charlotte Foucault (libraire).

Le prix de la série revient au tome 2 de The Nice House on the lake, de James Tynion IV et Alvaro Martínez Bueno (Urban Comics). Ce thriller hallucinant et halluciné aux confins du fantastique et de la SF, sur fond d’apocalypse, embrase nos neurones avec quelques questionnements métaphysiques à l’aune des évolutions technologiques.

A Benzine, on est ravis que Contrition se soit vu gratifié du Fauve polar. L’ouvrage signé de Keko et Carlos Portela, lequel a collaboré à plusieurs reprises avec Antonio Altarriba (Moi, assassin chez Denoël Graphic), nous plonge au cœur d’un ghetto dans l’Amérique profonde où sont confinés les criminels sexuels. Un thème méconnu et malaisant traité avec subtilité par les auteurs.

En plus du Prix spécial du jury jeunesse (Les Petites Reines de Magali Le Huche), l’éditeur Sarbacane reçoit également le prix du public France Télévisions pour Des maux à dire de Beatriz Lema, l’histoire d’une mère possédée par un mal mystérieux et « démoniaque » qui va ébranler le foyer familial.

L’Eco-fauve va à Frontier de Guillaume Singelin, un récit d’aventure SF qui tout en traitant de problématiques très actuelles (notamment l’écologie dans l’espace…) reste dans une démarche positiviste, ce qui nous change des dystopies habituelles…

Les Editions 2024 pourront se targuer d’un prix (le Fauve des lycéens) dans une année forcément fétiche en ce qui les concerne… Après Léa Murawiec pour Le Grand Vide et le trio Roussin-Meltz-Moaty pour Des vivants en 2022, c’est Jérémy Perrodeau qui est récompensé pour Le Visage de Pavil, un récit d’anticipation qui questionne sur l’acceptation et la tolérance, ainsi que la place des croyances dans une société humaine.

Succédant à Riad Sattouf, c’est l’autrice anglaise Posy Simmonds qui reçoit le Grand Prix cette année. Deux de ses romans graphiques, Tamara Drewe et Gemma Bovery, ont déjà été adaptés au cinéma. C’est la cinquième femme récompensée par ce prestigieux prix, signe peut-être que le masculinisme en vigueur depuis la création du festival est disposé à partager enfin ses plates-bandes, après les polémiques de ces dernières années.

Enfin, le Prix René Goscinny (meilleur scénariste) est attribué à Julie Birmant pour sa bande dessinée Dalí – tome 1 : Avant Gala illustrée par Clément Oubrerie (Dargaud). Celui du jeune scénariste revient à Simon Boileau pour sa bande dessinée La Ride illustrée par Florent Pierre (Dargaud).

Festival d'Angoulême 2024 : palmarès

Le Palmarès du Festival d’Angoulême 2024 :

FAUVE D’OR – PRIX DU MEILLEUR ALBUM
Monica, de Daniel Clowes (Delcourt)

PRIX DU PUBLIC FRANCE TELEVISIONS
Des maux à dire, de Beatriz Lema (Sarbacane)

PRIX SPECIAL DU JURY
Hanbok, de Sophie Darcq (L’Apocalypse)

PRIX DE LA SERIE
The Nice House on the lake, tome deux, de James Tynion IV & Alvaro Martínez Bueno (Urban Comics)

FAUVE DES LYCÉENS
Le Visage de Pavil, de Jeremy Perrodeau (Editions 2024)

PRIX ECO-FAUVE
Frontier, de Guillaume Singelin (Rue de Sèvre/Label 619)

PRIX REVELATION
L’Homme gêné, de Mathieu Chiara (Editions L’Agrume)

PRIX DU PATRIMOINE
Quatre Japonais à San Francisco, de Henry Yoshitaka Kiyama (Editions Onapratut/Le Portillon)

FAUVE POLAR SNCF
Contrition, de Keko et Carlos Portela (Denoël Graphic)

PRIX DE LA BANDE DESSINEE ALTERNATIVE
Aline, collectif d’autrices et d’auteurs hollandais qui publie deux fois par an depuis 3 ans un recueil d’histoires courtes selon un thème imposé (Ik Ben Aline)

PRIX JEUNESSE
L’Incroyable Mademoiselle Bang, de Yoon-Sun Park (Dupuis)

PRIX DES LYCÉES
Monsieur Apothéoz, de Julien Frey et Dawid (Glénat)

PRIX DES COLLEGES
Nos Cœurs tordus, de Javier-Rey Calatayud, Séverine Vidal et Manu Causse (Bande d’ados -Bayard)

PRIX DES ECOLES
Tout mou ?, de Marie Baillard (L’Atelier du poisson soluble)

PRIX RENE GOSCINNY DU MEILLEUR SCENARIO
Julie Birmant pour Dalí – T.1 Avant Gala, ouvrage illustré par Clément Oubrerie (Dargaud)

GRAND PRIX 2024
Posy Simmonds

FAUVE D’HONNEUR DE LA 51e EDITION
Moto Hagio, autrice multi récompensée dont la longue carrière est marquée par la diversité – de thèmes, de genres – et une soif absolue de liberté. Elle a révolutionné le shôjo manga au début des années 70.

Les prix OFF :

PRIX SCHLINGO
Zozo le clown, d’Olivier Besseron (Editions Rouquemoute)

PRIX COUILLES AU CUL du courage artistique
Marilena Nardi, dessinatrice de presse italienne

PRIX TOURNESOL (prix du meilleur album traitant de l’écologie)
Circuit court, de Claire Malary et Tristan Thil (Futuropolis)

ELVIS D’OR (prix de la BD rock)
Judee Sill, d’Alonso Iglesias et Diaz Canales (Dupuis, collection Aire Libre)