Kafka – Geografia

m_KAFKA1.jpgAvec son troisième album, le trio auvergnat a trouvé le sujet parfait pour dépasser le déjà  excellent, O se dépasser lui-même et  accoucher d’une oeuvre majeure entre rock et musique contemporaine.

Geografia a été crée spécialement pour une occasion : il s’agit en effet de la musique d’ un spectacle de danse du même nom, chorégraphié par Franck Micheletti de la compagnie Kubilaî Khan Investigation et crée pour la Biennale de la danse de Lyon., Kafka est familier de ce genre de création multipliant les travaux en résidence (notamment avec le compositeur Benjamin de la Fuente) mais aucun de ces enregistrements n’est encore parvenu jusqu’à  nous.

Contrairement à  ce que l’on pourrait craindre,, Geografia n’a en soi pas besoin de support visuel pour pleinement exister et il nous arrive donc naturellement en CD et non en DVD pour nous faire vivre des émotions fortes. Fort du carcan et de la contrainte de travailler pour un autre artiste dans une autre discipline, le trio paradoxalement se révèle plus libre que jamais, proposant un post-rock décomplexé entre âpreté et douceur, entre harmonie et dissonance, , entre épure et trop plein, , entre enfermement sur la base guitare-basse-batterie et ouverture vers des horizons nouveaux. Le groupe n’a jamais été aussi proche parfois de la musique contemporaine où chaque bruissement, roulement de cymbales ou nappe sonore devient musique. Il touche parfois à  la world dans le choix d’une rythmique (Idio’s groove, sphere) ou le jeu d’une percussion (The Stream, Rapt ou Streches à  la déambulation Morriconienne). Il revient à  un folk blues chevrotant le temps d’un court, Crumpled paper, un intermède presque acoustique dans un album hautement électrique. L’ouverture de, Kafka se ressent aussi dans le jeu de guitare qui peut rechercher aussi bien la dureté d’un riff (The Throb of time), l’harmonie d’une ligne claire que la fluidité liquide à  l’image du jeu d’un Dave Gilmour ou d’un Pat Metheny. Pourtant, rien ne paraît artificiel et le trio est crédible dans toutes ses variations et ses tentatives.

Kafka évoque autant, Pink Floyd, Steve Reich que, Tortoise pour un album qui se vit comme un long voyage vers des territoires inconnus. L’image du voyage est devenue cliché (je m’en excuse par avance) mais elle semble avoir été faîte pour un tel disque aux ambiances cinématographiques où pourtant il n’y aucun sample. Geografia n’est pas toujours facile d’accès mais le bonheur est au bout de cette route sinueuse. On aimait déjà  l’écrivain, on adore désormais le groupe.

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Denis Zorgniotti

Date de sortie : 27 janvier 2011
Label / Distributeur : Pyromane records / Discograph

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