Thomas Belhom – Maritima

thomas belhom
crédit photo – Major Tom

 

Nouvelle réussite d’un artiste hors-pair, Maritima résume en un seul disque tout le parcours de Thomas Belhom et ouvre sa musique sur de nouveaux horizons. Un disque introspectif mais ouvert sur le monde et sur les autres (y compris des amis musiciens de talent)

Thomas Belhom - Maritima

Celui qui a assisté à un concert de Thomas Belhom comprendra tout de suite certaines formules que l’on peut appliquer au musicien, comme celle d' »artisan » de » musicien de traverse » de « voyageur poétique ». Il faut le voir apparaître derrière une batterie envahie de percussion, se saisir au milieu d’un rythme d’un autre instrument, gratter une guitare, empoigner un accordéon avant de reprendre ses baguettes. Thomas Belhom impose un  temps – suspendu – et un espace – bordélique – qui lui sont propres. Au final, sa musique ne ressemble à rien de connu, sauf à lui et à sa propre histoire personnelle.

Avec Maritima – son 4e album, on retrouve tout ce qui fait le charme indéfinissable de Belhom. Enregistré entre La Rochelle, Honfleur, Lisbonne et Budapest, mais toujours près de l’eau, ce nouvel opus ressemble à un carnet de voyages, nourri qu’il est de ces différentes escales. Cela se ressent dans la palette musicale qu’offre le disque, un concert d’instruments à cordes aux sonorités flottantes dont on ne sait s’ils sont ethniques ou anciens. En effet, en plus de ses voyages à l’Est (à l’image de Matt Elliott ou d’Esmerine), Belhom a aussi intégré Jon Darwood jouant d’un instrument du Moyen-Age oublié, le nyckelharpa.

Maritima est ainsi fait : un album de folk, rappelant l’aridité de Giant Sand ou de Lambchop, le velours mat de Tindersticks (des artistes avec qui Thomas Belhom a joué de la batterie) mais appréhendé et joué d’une manière plus libre. Comme si les instruments, largement acoustiques, sortaient sciemment du cadre ;  les percussions s’affranchissent du rythme et deviennent poétiques. Tout cela vrille, résonne, flotte, irradie mais dans une liberté contrôlée et mesurée. En lisière du jazz, de la musique improvisée, de la world et ouvrant des champs de possible. Et de trouver derrière des instrumentaux dégingandés (Earthquake, Manon), des chansons à  l’émotion pure, tout en retenue et délicatesse (Panthère dans les algues ou Color )

Dans cette magnifique -et pourtant modeste – entreprise, Thomas Belhom peut compter sur ses amis musiciens : Adrien Rodrigue au violon, Pierre Favard à l’orgue et aux guitares, Cédric Thimon au saxophone, Kim Ohio et Xavier Plumas de Tue Loup au chant. Une bien belle équipe pour un album redessinant joliment les frontières.

4_5

Denis Zorgniotti

Thomas Belhom – Maritima
Label : Ici d’ailleurs / Differ-ant
Date de sortie : 10 novembre 2014