5 + 5 = Les disques préférés de Jonas Munk aka Manual

Repéré récemment aux cotés de Ulrich Schnauss pour l’album Eight Fragments Of An Illusion, le guitariste danois Jonas Munk (Manual, Billow Observatory, Causa Sui, Ellis Munk Ensemble, Limp) nous livre une très belle sélection de ses écoutes du moment et de toujours.

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© Elliot Ireland

5 disques du moment :

Sobrenadar – Y (2018)

Sobrenadar est le projet solo d’une certaine Paula Garcia. Je ne peux pas dire que je sache grand chose d’elle, si ce n’est qu’elle est originaire de Buenos Aires et qu’elle a sorti un album et plusieurs EPs sur différents labels au cours des dix dernières années. « Y » est sorti sur le label londonien Sonic Cathedral il y a quelques années et rassemble deux EP. Je pense que la meilleure description que je puisse donner de sa musique est « dream pop », mais alors que la plupart des gens qui s’engagent dans la dream pop ou le shoegaze ont tendance à revisiter le passé, Sobrenadar est plutôt à part. Je ne peux pas vraiment expliquer pourquoi sa musique me fait une si forte impression, mais je pense que la magie réside dans l’écriture de ses chansons – il y a une telle facilité, un tel flux naturel dans ses progressions d’accords. Je peux écouter cet album en boucle pendant des heures.

Anton Carlos Jobim – Stone Flower (1970)

Ces dernières années, j’ai développé une dépendance assez sérieuse à la bossa nova, et Carlos Jobim était un véritable maître de ce style. Je n’ai jamais entendu un album de Jobim que je n’ai pas apprécié, mais Stone Flower est le point culminant de son travail dans les années 1960 et 1970. Les arrangements brillants et l’enregistrement chaleureux et détaillé de Rudy Van Gelder respirent la qualité, la beauté et la sophistication.

Marine Eyes – Idyll (2021)

Marine Eyes est le projet ambient solo de Cynthia Bernard de Awakened Souls, basée à Los Angeles. Elle utilise des guitares, des voix, des enregistrements de terrain et des synthétiseurs pour créer des paysages sonores ambiants ultra luxuriants qui s’écoulent régulièrement vers l’horizon. Cet album est sorti récemment et je l’ai beaucoup apprécié tard dans la nuit. Un minimalisme magnifique.

Alessandro Alessandroni –  Panoramic Feelings (1971)

Alessandroni Alessandroni était un compositeur italien, principalement de musique de film et de Library Music pour la télévision. Il est surtout connu pour avoir collaboré avec Ennio Morricone sur les bandes originales de westerns spaghetti classiques – c’est le guitariste derrière le riff classique de The Good, The Bad and The Ugly ! Cependant, son œuvre solo des années 1970 est pratiquement tombée dans l’oubli, ce qui est dommage, car son style décontracté, alliant bossa nova, psychédélisme, jazz et musique lounge, est l’une des meilleures musiques produites en Europe au début des années 1970. Son jeu de guitare est extrêmement lyrique. Simple, mais très efficace. Le LP original de Panoramic Feelings est méga rare de nos jours, mais heureusement il y a eu une réédition il y a quelques années, rendant à nouveau disponible cette fantastique collection de musique instrumentale.

Nicolas Godin – Concrete and Glass (2020)

L’un de mes meilleurs souvenirs est d’avoir joué à un petit festival quelque part dans le sud de la France – à Hyères, si je me souviens bien – où Air était en tête d’affiche. J’ai toujours aimé leur mélange élégant de pop vintage, de lounge et d’électronique. Leurs arrangements sont toujours d’une grande classe, et chaque élément sonore a beaucoup d’espace pour respirer. On peut dire la même chose du dernier album solo de Nicolas Godin de 2019 – pour moi, il est à la hauteur des meilleurs disques d’Air. Chaque accord de synthétiseur dégage de l’émotion !

5 disques pour toujours :

Ashra/Manuel Göttsching – New Age of Earth (1976)

Comparé à une grande partie de la musique électronique des années 1970, New Age of Earth semble vraiment intemporel. La combinaison d’optimisme et de mélancolie – qui se reflète également dans le titre du premier morceau, « Sunrain » – m’a toujours énormément plu, et c’est quelque chose que j’ai toujours recherché dans mon propre travail. Un disque électronique essentiel pour moi.
Essential track: ”Sunrain”

Mark Isham – Vapor Drawings (1983)

Mark Isham est surtout connu pour ses bandes originales de films hollywoodiens, mais dans les années 1980, il a réalisé une série de disques à orientation électronique pour Windham Hill. Vapor Drawings est en quelque sorte un joyau électronique caché de cette époque. Il a un ton très particulier. On sent qu’Isham a une formation jazz, son jeu de trompette caractéristique est en effet le centre d’attention de quelques morceaux. Mais on peut également entendre le minimalisme classique à la Steve Reich dans ces morceaux, ainsi que les vibrations tranquilles new age pour lesquelles Windham Hill était connu. Le travail au synthétiseur sur ce LP est absolument magnifique.

Tortoise – TNT (1998)

J’ai vu Tortoise au festival Roskilde peu de temps après la sortie de cet album. C’est devenu un disque extrêmement important pour moi. Au moment où je l’ai acheté, je ne connaissais pas encore Talk Talk, Steve Reich, Stereolab, Can et Autechre. Mais six mois plus tard, j’étais à fond dans tout ça, et plus encore. Ce disque m’a ouvert l’esprit à la musique bizarre et expérimentale de toutes sortes. Mais c’est aussi un très bel album en soi. Je trouve toujours l’écriture des chansons et la production très inspirantes.

Kate Bush – Aerial (2005)

J’adore Kate Bush et il est difficile de sélectionner un album, mais pour moi Aerial est le point culminant de sa carrière. L’atmosphère est plus décontractée que sur ses albums des années 1980 et du début des années 1990, et elle repousse vraiment les limites de son sur quelques morceaux. Un disque courageux qui n’a pas reçu les éloges qu’il mérite, à mon avis.

Durutti Columns – LC (1981)

J’ai toujours aimé le jeu de guitare de Vini Reilly depuis que j’ai entendu ce disque pour la première fois. Comme pour la musique de Manuel Göttsching, cela a quelque chose à voir avec la combinaison de mélancolie et d’optimisme. J’aime la façon dont il brouille les pistes entre composition et improvisation, et entre électronique et organique. Il y a quelques morceaux sur Eight Fragments Of An Illusion où vous pouvez entendre un lien direct avec le style de Vini dans mon jeu de guitare. Il était très en avance sur son temps dans ce domaine.

Ulrich Schnauss & Jonas Munk – Eight Fragments Of An Illusion