5 + 5 = les disques préférés de Kit Sebastian

Le duo franco-turc composé de Kit Martin et Merve Erdem de retour avec Melodi, un second album léger et charmant, bourré d’influences que l’on va sans doute retrouver dans leur passionnant 5+5. Pépites et découvertes vintage garanties !

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© Munéyuki Sugiyama/Mr Bongo

Après le pétillant  Mantra Moderne (2019), aux allures de BO pour un nouveau volet des aventures d’Austin Powers, le duo Kid Sebastian nous revient avec Melodi, un disque qui s’inscrit dans la continuité du précédent, avec toutefois quelques nouveautés. Un joli assemblage fait de pop 60’s façon BO de films à  la sauce easy listening, mais aussi de jazz et d’influences venues de Turquie ou d’Amérique du Sud.

5 disques du moment :

Mikael Tariverdiev – Irony of Fate

Kit : Il a composé de nombreuses bandes originales de films russes dans les années 60 et 70, mais la bande originale de Irony of Fate semble être la plus personnelle ; malgré de grands passages orchestraux, il y a aussi des chansons avec seulement des voix et une guitare, qui possèdent une vraie honnêteté. Il est toujours difficile de séparer la qualité de la bande originale des images qu’elle hante, mais cette bande originale est un album à part entière.

Nino Ferrer – Nino et Radiah 

Kit : Réticent à laisser partir un été que nous n’avons jamais vraiment eu cette année (le Royaume-Uni a été constamment couvert cette année), cet album me remplit du sentiment du mois d’août quand l’herbe a jauni, que les arbres sont fatigués et que nous avons dépassé La Fête de la Moisson.

Krzysztof Komeda – Soundtrack to Bariera

Kit : De nombreuses bandes originales des années 60, bien qu’imaginatives, ont tendance à incorporer un jazz qui semble inauthentique. Komeda, en tant que brillant musicien de jazz, est capable de mélanger le jazz polonais avec des textures cinématographiques orchestrales, créant ainsi une atmosphère poignante qui reflète la mélancolie présente dans de nombreux films de la Nouvelle Vague polonaise.  

Hōzan Yamamoto With Sharps & Flats – Beautiful Bamboo Flute 

Merve : J’ai découvert cet album grâce à Gareth de Mr Bongo il y a quelques années. Il est de retour dans ma Heavy rotation alors que l’automne est de retour. Il mélange avec succès le jazz funky et les grooves cinématiques avec la flûte de bambou japonaise et parvient à produire un son à la fois mélancolique et énergisant. L’écoute de cet album ressemble à un voyage contemplatif et exaltant dont on aimerait qu’il ne se termine jamais.

Corviria ‎– Descriptive 

Merve : Sorti en 1980 sur le label italien Titian Records, cet album est le disque de library music le plus obsédant, sombre et étrange que j’aie jamais écouté. L’artiste qui en est à l’origine, Vittoria Corona, est introuvable, ce qui ajoute une part mystère au disque. La façon dont les morceaux se déroulent et le son électronique minimaliste mélangé à un doux rock progressif vous hypnotisent. C’est surtout troublant, même s’il y a de brefs moments de légèreté et de joie enfantine qui rendent le tout encore plus effrayant. C’est comme une malédiction poétique ou un charmant cauchemar.  

5 disques pour toujours :

Manfred Krug – Ein Hauch Von Frühling 

Kit : À mon avis, le meilleur album pop jamais produit. Les mélodies sont simples et mémorables, mais elles sont traitées à la manière du jazz. Les membres du groupe, qui étaient des musiciens de jazz, manifestement ennuyés par une musique aussi simpliste, étendent leur jeu au-delà de ce qui est nécessaire, nous faisant dériver entre l’Easy Listening bien conçu et le jazz rock improvisé.

Michel Polnareff – Polnareff’s

Kit : Depuis que j’ai 17 ans, j’ai suis fasciné par la quantité de genres et de mondes auxquels il est fait allusion dans ce disque. Du jazz, du blues, de la musique électronique, de la musique latine, du folk français et du hard rock. La façon dont ils ont été tricotés les uns dans les autres semble transparente, comme une bande originale de film, et il est logique que Polnareff ait écrit ce disque l’année même où il a terminé son B.O. de La Folie des Grandeurs.

Азербайджанский Государственный Театр Песни 

Kit : Cet album possède un niveau de rigueur que l’on retrouve dans de nombreux orchestres légers de big band des années 70, mais l’Easy Listening est porté par des chansons folkloriques traditionnelles d’Azerbaïdjan arrangées dans un nouveau cadre jazz. L’Easy Listening est souvent décrite comme fade, mais le chant de Mubariz Tagiyev, imprégné d’émotion, guide l’album vers un voyage imaginatif.

Mina – Studio Uno ‘66 

Merve : La musique de Mina est toujours très ludique, rebelle et expressive. Studio Uno 66 est une excellente démonstration de la manière dont la musique populaire grand public peut sonner de manière complexe et multicouche sans perdre sa capacité à s’adresser à un large public. Son interprétation touchante du classique Se Telefonando de Morricone ou de ‘Una Casa in Cima al Mondo‘ de Pino Donaggio n’en sont que quelques exemples dans cet album. Mina est un exemple parfait de la façon dont un chanteur peut devenir un conteur et une figure musicale transnationale, incarnant une sensualité mélodique non conventionnelle.

Jacqueline Taïeb ‎– Jacqueline Taïeb 

Merve : Bravo et Le Printemps à Paris sont les premiers titres que j’ai entendus de Jacqueline Taïeb – j’ai été profondément enchantée par sa voix et son interprétation. Elle représente tout ce que j’aime dans la musique française des années 60 : l’authenticité artistique, l’intensité et la sincérité émotionnelles et sensuelles, la richesse et l’élégance sonores et compositionnelles, le lyrisme accrocheur et touchant et la coexistence sans effort de différents genres.

Kit Sebastian – Melodi
Mr Bongo – 1er octobre 2021