Robert Forster – The Candle and The Flame : ce qu’élégance veut dire

Robert Forster, leader des Go-Betweens, revient avec un 9ème album solo qui recèle, comme toujours, des pépites pop. Accompagné de son fils Louis de The Goon Sax, il nous chante avec élégance les affres de la vie qui passe…et sa guitare fait le reste.

Robert-Forster-2023
crédit Stephen Booth

Chroniquer le dernier Robert Forster c’est finalement être en phase avec le dernier titre de son EP When I was a young man. Ne comptez pas sur moi pour dire le moindre mal d’un garçon qui a chanté, en 1978, avec ses Go-Betweens son amour pour Karen une bibliothécaire qui helps me find Genet helps me find Chandler helps me find James Joyce…Nous étions là aussi en phase…

The Candle and The FlameSi jamais (?) il y a un jeune lecteur qui parcours cette chronique, il n’est pas vain de rappeler que les Go-Betweens participèrent vers 1980 à un renouveau du rock qui fit le pont entre la pop et le mouvement punk. Ils furent une des voix majeures de l’indie-rock qui alimenterait en France l’émergence d’une nouvelle critique rock notamment Les Inrockuptibles et Lenoir sur Inter. Par ce biais Rock’n Folk, Best et les artistes qu’ils défendaient deviendraient les ringards de l’histoire…et même si j’ai lu dans Benzinemag qu’un jeune groupe actuel mettait Close To The Edge de Yes comme un de leurs albums favoris (je ne m’en suis toujours pas remis). Pour conclure sur les Go-Betweens, n’oublions pas l’alter égo de Forster, Grant McLennan, mort en 2006, qui a publié lui aussi des albums solos lumineux, Watershed notamment.

Dans She’s a fighter qui ouvre The Candle and the Flame, Robert Forster revêt, une nouvelle fois, ses oripeaux de Jonathan Richman des Antipodes, comme il le dit malicieusement, « j’ai écrit ma première chanson de deux lignes. J’ai battu les Ramones ». A l’instar de When I was young, ce morceau nous ramène au temps qui passe et ses cruels à-cotés… Ici le combat que mène sa femme contre un méchant crabe. L’enregistrement de cette chanson (ainsi que l’album) s’est fait comme il se doit en famille et notamment avec son fils Louis des excellents The Goon Sax. Coté production, c’est aussi en terrain connu puisque Robert Forster a confié le mixage à l’Australien Victor Van Vugt qui officia avec Nick Cave, mais aussi avec Epic Soundtracks pour l’immense Rise Above.

Une fois lu tout cela… le jeune lecteur courageux qui n’a pas abandonné d’aller au bout de la chronique se dit mais « what the fuck pourquoi irai-je écouter cet EP et pas la magnifique Box-Set G Stands for Go Betweens (voire Close To The Edge) ? », tout simplement car il raterait des pépites pop comme Always, There’s A Reason ou Go Free et cela lui donnerait encore plus envie de se plonger dans la richesse de la discographie du natif de Brisbane.

Pour les autres, les vieux je veux dire, il est toujours agréable de se plonger dans un nouvel opus de Robert Forster, au-delà de l’effet madeleine indie 80’s, l’australien ne révolutionne plus grand-chose mais reste un immense songwriter n’ayant rien perdu de son art de trousser des mélodies impeccables et comme chanté dans When I Was Young, Lou Reed, Bowie ou le récemment disparu Tom Verlaine ne sont pas loin et c’est finalement plus élégant que d’avoir des accointances avec Yes

Éric ATTIC

Robert Forster – The Candle and the Flame
Label : Tapete Records / Bigwax
Date de sortie : 3 février 2023