Comme il l’avait fait pour ses précédents films, Thomas Lilti tente de dresser un portait le plus juste, le plus actuel et le plus nuancé possible d’un système. Après le monde médical, c’est le monde des enseignants qu’il dépeint dans Un métier sérieux.
Thomas Lilti a connu un beau succès avec ses film Hippocrate (2014) puis Médecin de campagne (2016), s’attachant à raconter l’univers du monde médical sous tous les angles, proposant des fictions les plus réalistes possibles, sans pour autant revêtir une dimension documentaire. Avec Un métier sérieux, il investit cette fois le champ scolaire, pour dépeindre la vie des profs de collège, en usant grosso modo des mêmes recettes que pour ses précédents films.
Le réalisateur parle du travail au contact de collégiens, en dressant le portrait d’une bande de profs assez hétérocycle avec un mélange d’humour, de gravité, de réalisme, et en tentant d’aborder les nombreuses problématiques liées au métier d’enseignant… En montrant des profs de tous âge, débutants ou proches de la retraite, chacun avec ses problèmes liés au métier, ses états d’âme, sa vie en dehors du boulot…
Le monde de l’école, un thème qui a été maintes fois abordé au cinéma, et ce dans tous les registres (comédie, documentaire, drame…) : pas facile donc de faire dans l’originalité ! Et ce n’est pas ce que semble rechercher Thomas Lilti qui propose là une fiction plutôt classique, avec un Vincent Lacoste jouant un prof de maths débutant, François Cluzet, un vieux prof ronchonnant et autoritaire dont tout les élèves ont peur, Louise Bourgoin, dans le rôle d’une enseignante de SVT dépressive, William Lebghil incarnant un jeune prof d’anglais très cool, ou encore Adèle Exarchopoulos jouant une enseignante carrée et très motivée par son boulot…
… Soit une brochette d’archétypes déjà vu maintes fois au cinéma, mais que Thomas Lilti arrive à faire vivre avec une certaine cohérence, mêlant moments de vie fraternels, instants de solitude, esprit potache et passages de tension très réalistes. Une recette qui a fait ses preuves et qui continue de fonctionner dans un film qui sait pointer les failles et les absurdités d’un système, notamment les nominations de professeurs contractuels sans formation préalable, et qui sont lâchés dans les classes sans aucune expérience.
Voilà donc un film qui tente de rendre hommage de manière plutôt honnête au métier de professeur de collège, en choisissant surtout de mettre en avant les conditions de travail plutôt que de parler du métier en lui-même.
Le résultat donne un film populaire, assez juste dans ce qu’il montre – la scène du conseil de discipline est plus vraie que nature –, qui aura le mérite de soulever pas mal de questions sur un métier que l’on choisit de moins en moins par vocation mais plutôt pas nécessité, et que de plus en plus de personnes, très vite usées, lâchent au bout de quelques mois, au mieux quelques années.
Benoit RICHARD