Rue du Premier-Film : la nuit de Thierry Frémaux dans « son » musée

Déambulation érudite et passionnée dans la Villa Lumière où est né le cinéma, Rue du Premier-Film  retrace la saga de la famille Lumière et de l’Institut qui porte son nom à travers le regard de son directeur, Thierry Frémaux. Une réflexion féconde sur le septième art et quelques-uns des films qui ont marqué son histoire.

THIERRY FRÉMAUX
© Julien Falsimagne

Ce n’est pas à « une nuit au musée » comme les autres que nous convie Thierry Frémaux dans Rue du Premier-Film. À la proposition d’Aline Gurdiel, directrice de la collection chez Stock, il a en effet répondu en choisissant un lieu qu’il connaît bien : la Villa Lumière. Le délégué général du Festival de Cannes est aussi depuis 1995 le directeur de l’Institut Lumière, situé dans le quartier de Monplaisir, à Lyon, et voué à la conservation et la diffusion du patrimoine cinématographique. Thierry Frémaux y est entré comme bénévole en 1982 et il ne l’a, depuis, jamais quitté. Cette nuit – malicieusement rebaptisée par ses soins « Ma nuit dans mon musée » – sera pour lui l’occasion de poser un regard différent sur sa seconde maison – qui n’est d’ailleurs pas officiellement un « musée » – où a été tourné le premier film de l’histoire du cinéma et ce, tout en racontant comment, depuis les frères Lumière, cette histoire se poursuit à travers les multiples activités de l’Institut.

Rue-du-Premier-FilmSomptueuse demeure sise sur un terrain acquis il y a exactement un siècle par Antoine Lumière pour sa famille – sa femme Joséphine et ses deux fils, Louis et Auguste, passés à la posterité – la Villa Lumière fut longtemps appelée « le Château Lumière » et c’est ainsi que l’appelle encore Thierry Frémaux. Elle est située dans la rue du Premier-Film qui doit ses majestueuses majuscules, nous dit-il, à Bernard Pivot… D’emblée, il affirme son intention de « traîner partout » et le récit de cette singulière aventure nocturne se fera, en effet, au gré d’une déambulation passionnée et érudite, riche en souvenirs personnels, en rêveries et en réflexions émues. C’est une liberté nouvelle qu’offre à Thierry Frémaux ce statut d’écrivain invité dans la nuit qui enveloppe l’Institut, nuit propice aux expériences inédites, propre à faire revivre le passé et à donner un aspect insoupçonné aux choses les plus familières.

En exergue à Rue du Premier-Film, une citation de Damien Chazelle tirée de Babylon : « Ce qui se passe sur l’écran a du sens ». C’est à la recherche de ce sens que part, seul et enthousiaste, Thierry Frémaux, après avoir rendu un vibrant hommage à Bernard Chardère, le fondateur et premier directeur de l’Institut, celui qui, dit-il, l’a fait « se sentir légitime », et à tous ceux qui, comme Bertrand Tavernier, un autre Lyonnais, ont oeuvré pour en faire un lieu exceptionnel. Au-delà des splendeurs architecturales qui constituent son cadre quotidien mais l’émerveillent toujours autant, c’est dans le cinéma lui-même que s’immerge l’auteur, au fil des pièces qu’il traverse, nous livrant une réflexion féconde sur les réalisateurs qu’il y rencontre, Ozu, Coppola, Godard, Tarantino... Et c’est sur Melville et son Armée des ombres, mémoire des années noires, qu’il arrive, au petit matin, au terme de son « épopée muette », tandis que le lecteur, lui, n’ a plus qu’une envie : découvrir cette fabuleuse Villa Lumière.

Anne Randon

Rue du Premier-Film
Roman de de Thierrry Frémaux
Editeur : Stock / Collection Ma nuit au musée
252 pages – 19,90€
Date de parution : 11 septembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.