Suicide, de Edouard Levé

suicide.jpgLevé, artiste photographe et écrivain, auteur de  » Autoportrait  » s’est suicidé trois jours après avoir remis son nouvel ouvrage à  son éditeur. Dès lors, il devient très difficile de lire ce court récit de suicide d’ami sans penser que le but même de Levé était de publier une sorte de testament, tout du moins une autobiographie déguisée posthume. S.’il ne fait aucunement référence à  sa future décision de mettre fin à  ses jours, l’auteur choisit pourtant de ne parler que de la lente décision de son ami d’enfance de se tirer une balle dans la tête.

De la découverte du corps par sa femme dans la cave, qui est le début du livre,  » Suicide  » explore et interroge les raisons qu’ont poussé cet homme non nommé, mais personnage principal, à  commettre cet acte irréversible bien que réfléchi. Tout au long de ce portrait d’un homme ordinaire, en proie à  des questions existentielles – comme tout un chacun, la vie d’Edouard Levé se confond avec le futur suicidé, au point que le lecteur se voit dans la quasi-obligation de confondre la destinée de cet homme désespéré et celle de l’artiste lui-même.

Stade ultime de la représentation de soi,  » Suicide  » littéralement parlant, n’apporte par contre pas grand-chose. A la fois récit très simple, clinique, comme souvent chez P.O.L., et à  la fois assez complexe, voire pompeux, dans sa manière de vouloir analyser chaque acte du quotidien comme pressentiment du futur suicide, le livre n’est finalement qu’une succession de faits banals, sans que soit réellement pris en compte le dessein de cet acte d’écriture. La mise en scène fictionnelle d’un suicide, les tentatives (toutes avortées) d’apporter des raisons à  cette tragique décision, ne sont finalement et malheureusement d’intérêt que parce qu’elles répondent ou sont envisagées par le seul biais de ce qui est arrivé à  l’auteur lui-même. Quand le roman sert d’explication au fait-divers.

De ce point de vue, et uniquement de celui-là ,  » Suicide  » devient un témoignage, par moment bouleversant, d’un artiste qui a voulu expliquer les enjeux de son acte suicidaire. Sinon, il s’agit d’un roman presque décevant, d’une banalité et d’une normalité aux grands airs de déjà  vu. Et, de ce fait, la lecture de ce court roman étrange devient malaisée.

Jean-François Lahorgue

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Suicide
de Edouard Levé
Editions : P.O.L
124 pages – 15€¬
Publication : mars 2008

6 thoughts on “Suicide, de Edouard Levé

  1. Un commentaire constructif. En quoi suis-je (ou est-ce) imbécile ?

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