The Eyes in The Heat – ProgramMe

Quand une référence de la techno minimale trouve en une chanteuse le médium pour faire ressortir un passé post-punk et new wave, cela donne The Eyes in The Heat, entre froideur et étreinte charnelle.

Le nom de l’album pouvait le laisser augurer – un jeu de mot qui humanise les programmations – ainsi que le nom du groupe emprunté à  un tableau de Jackson Pollock : une oeuvre dite abstraite mais débordante de matières, de couches et de coulures.The Eyes in the Heat est un duo : à  ma droite, l’Anglais Oliver Ho connu pour son projet Raudive et ses influences germaniques (Monolake,, Ellen Alien, DJ Hell et avant ça Kraftwerk) maître es synthétique, boîte à  rythme minimaliste et ambiance glaciale. A ma gauche, Ziki Kanaan, chanteuse libano-américaine, électron libre musical et empêcheuse de tourner binaire. Sous son influence, Ho , fait évoluer sa musique en revisitant son passé.

The Eyes in the Heat peut apparaître comme le projet »rock » de Oliver Ho, même si les synthés et autres machines restent au coeur de la musique. Mieux, les rythmiques restent répétitives, obsédantes et acid house. Pourtant, l’impact musical est tout autre. On pourra dresser la liste des instruments bien réels, organiques qui parcourent le disque : des guitares électriques évidemment et parfois très présentes, un violon, un harmonica parfois (The Upper Limits), une voix surtout, féminine et féline qui apporte une animalité certaine à  une musique à  la base aseptisée pour ne pas dire asexué. Avec elle, l’album gagne en mélodie et se cristallise dans un format pop.

Dans ProgramMe, on revisite les influences passées d’Oliver et Zizi, le post-punk sur Amateur, la new wave sur Think in Loops ou Florida (on pense à  Talking Heads), la pop expérimentale de Laurie Anderson sur Blood, le blues crasse sur Taken et, Good Morning Midnight. Zizi apporte une touche moyen-orientale dans sa ligne de chant sur Water (son côté libanais), et adopte une sensualité de cow-girl rock’n roll sur Stare (son côté américain)., Cet album, par essence hybride, est à  la fois homogène dans son rendu et sa moiteur mais varié dans ses détails. The Eyes in the Heat reprend d’ailleurs aussi MC 900 FT. Jesus sur The Perfect Gun. Sur scène, le duo se lachera encore plus pour brouiller les pistes en allant un peu plus vers la chair et la rock en intégrant Jérôme Tchernaryan (Piano Magic) aux percussions. On en salive d’avance.

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Denis Zorgniotti

Date de sortie : 17 Septembre 2012
Label / Distributeur : Kill the DJ / Differ-ant

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