Serph – El Esperanka

Pur produit de Noble Label, Serph, entretient, la flamme, de la musique électronique japonaise avec un art consommé du mélange et une pincée de magie.

Quatrième album de Serph, , El Esperanka,, , sans rapport avec l’Espagne ou la langue espagnole, traduit par son titre, le positivisme diffus du disque et de son compositeur. Serph n’est pas japonais pour rien et il s’inscrit, en partie, dans la même filiation de Joe Hisaishi. Mais, si la musique a des côtés kawaî, avec notamment des lignes de chant qu’esquissent des petites filles diaphanes, elle n’est pas à  proprement dite, identique à  celle d’un film de Miyazaki. A l’origine, elle s’en rapproche mais in fine, après le travail proprement dit de Serph, elle s’en éloigne largement.

Le style Serph est un mélange de musique de film, de musique classique, d’électronique, de jazz ;, un alliage souvent présent chez d’autres artistes de Noble Label comme Kazumasa Hashimoto, Piana, ou,  Films. Nous sommes là  dans une approche contemporaine, d’agrégation mais aussi de dispersion, de styles.

A partir d’un thème jazz ou classique, Serph s’amuse à  re-traiter les mélodies, sur un mode, l’électronica : elles, sont , toujours présentes mais échantillonnées, remontées ou, éclatées., A la manière du collage, il leur adjoint aussi, des, flutes guillerettes, des sons de claviers-jouet, faisant souffler un vent de fantaisie dans une musique dîte sérieuse (parade rappelant la folie créatrice des Pascals). Les pizzicati de cordes et, les, beaux thèmes pour piano (parfois proche de keith Jarrett ou de,  Bill Evans),, le côté trio jazz ou la musique de, chambre, tout cela, n’a plus, dès lors, la même valeur ; l’électronique fait entrer un souffle de liberté dans ce, qui aurait pu paraître académique (Vesta, particulièrement réussi et aéré)., Cela prémunit aussi Serph d’un trop plein de sensiblerie – ce qui pouvait parfois être le défaut de ses premiers disques. Par exemple, la dream pop de Sessions prend une vitesse de TGV, ce qui accentue son allégresse mais l’empêche de s’appesantir sur l’émotion dégagée par la musique. L’album est sans doute trop long (il aurait pu être allégé d’un ou deux morceaux), mais le voyage musical proposé par Serph est loin d’être inintéressant. Ou comment une musique contemporaine arrive à  être largement séduisante.

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Denis Zorgniotti

Date de sortie : 26 avril 2013
Label : Noble Label

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