Tristesse Contemporaine – Stay Golden

Tristesse Contemporaine 2013Ce n’est pas parce que la fin d’année approche à  grand pas qu’il faudrait passer à  la trappe un album qu’on a bêtement négligé de visiter à  la dernière rentrée. Et ce n’est pas parce qu’un groupe s’affiche sous un intitulé fataliste emprunté à  un philosophe déprimé qu’il faut penser que leur musique engendre pour autant la morosité.

À l’endroit de Tristesse Contemporaine, on parlerait même d’une claire jubilation, malgré le minimalisme électro, le groove cold et les teintes sombres de leur pop post-moderne. Ou justement grâce à  la flamboyance bravache avec laquelle le groupe ressuscite la noirceur hédoniste de l’ère new wave.

Si l’an dernier, leur premier album sans titre aux réminiscences cold wave avait déjà  révélé, malgré quelques faiblesses, la facilité avec laquelle ce trio d’apatrides parisien, (Narumi Herisson, Japon/ Léo Hellden, Suède/ Maîk, Angleterre) marie en un hypnotique ballet la froideur des machines et la sensualité des dancefloors, Stay Golden enfonce le clou avec plus de vigueur et de couleurs chatoyantes.

Une collection de neuf titres hypnotiques et catchys, nocturnes et lumineux, reliés par la voix blanche et intime de Maîk, leur chanteur masqué. Entre morgue et sensualité, le son de Tristesse Contemporaine a beau jouer les poseurs, il n’en déroule pas moins avec inspiration le meilleur du vocabulaire cold wave et électro pop relus à  la lumière du groove du XXIème siècle.

Toujours glacés et minimaux (Waiting), mais de tempérament plus joueur et branchés dancefloor (Going Out), voire carrément solaires (Fire), les parisiens, devenus ici leurs propres producteurs, convient sur ce disque plus abouti autant l’électro crashée des séminaux Suicide d’Alan Vega ou des cultes Kas Product français (I Do What I Want) qu’ils rejoignent dans leur danse altière les très contemporains Chromatics ou Glass Candy drivés par Johnny Jewel.

Un goût comparable pour les sons vintage, les atmosphères nocturnes en lévitation et les transes vénéneuses sur boîtes à  rythmes qui fait d’ailleurs du trio aux goûts esthétiques affirmés un brillant équivalent français au label américain Italians Do It Better.

Mais, en fait, il n’est finalement nul besoin de jouer le jeu des éternelles références, pour s’avouer, en dehors de toute analyse logique, assez fasciné par le ballet hypnotique intemporel du groupe, captifs heureux de ses transes froides, métronomiques et détachées dehors, enfiévrées et habitées dedans (l’addictif Burning).

Comme la bande-son d’une virée nocturne vécue comme une dérive sans illusion aux rencontres partageuses, la musique de Tristesse Contemporaine, même aux ingrédients bien connus, agit comme un philtre insidieux entre danse du spleen et euphorie des nuits sans fin. N.’ont-ils d’ailleurs pas nommé un de leurs titres Can’t Resist, ? Aucune raison donc de ne pas y succomber.

Franck Rousselot

Tristesse Contemporaine. Stay Golden
Label : Record Makers / La Baleine
Sorti le : 16 septembre 2013

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