Chroniques Express 108

MOFO PARTY PLAN / SYNTAX ERROR / 1=0 / TWOMONKEYS / DRIVE WITH A DEAD GIRL / MUMBLY  /SONG OF ALTAIR / NASSER / FORTUNE / KAKKMADDAFAKKA / BURNING HOUSE / BIGOTT / JULIEN DYNE

 

 

 

 

cover.170x170-75Mofo Party Plan – Chupacabra EP

On aimerait vous dire : »de ceux-là , on en reparlera » non sans une fierté dans la voix (Mofo Party Plan vient de Nimes et non de Londres ou Manchester). Mais rien n’est moins incertain que la destinée future de ce tout jeune groupe (Mofo Party Plan vient de Nimes et non de Londres ou Manchester). Quoiqu’il en soit, cet EP inaugural enchantera ceux qui auront la possibilité de l’écouter. Emporté par une fougue communicatrice, le quatuor arrive à  combiner énergie rock et aspiration dansante dans une mise en place carrée qui force le respect. Avec leurs compositions gigognes, le groupe arrive à  toujours à  faire évoluer les mélodies de leur morceau, en relançant sans cesse l’intérêt.,  On ne distinguera aucun morceau par rapport à  un autre pour la simple et bonne raison, que tout est bien. Même si le dernier Fire, plus calme, perd un peu le fil magique du reste du disque. A l’instar de Foals,, Mofo Party Plan aurait pu tomber dans un math rock,,  s’il n’avait préféré mettre son étonnante dextérité technique dans une touche tropicale qui ouvre les mirettes vers d’autres horizons et ensoleille l’atmosphère (Mofo party Plan se dit fan de Talkings Heads et on le comprend). Ajoutez à  cela une sensualité dans la voix et la musique et vous obtenez une vraie bombe dance-rock qui vous explose en douceur à  la figure. (4.5) Denis Zorgniotti
Autoproduction / Absilone – Décembre 2013 Bandcamp

Syntax Error – Interesting Results

Le nom, le visuel et l’usage d’un vieux DX7 pourraient nous induire en erreur : Syntax Error n’est pas un ersatz de Telex ou autre amateur d’une culture geek. Le trio français fait dans le punk, le vrai, celui guitare-basse-batterie, imprévisible, rugueux et possiblement violent. Avec eux, on a l’impression qu’ils essayent de canaliser en permanence la folie de leur musique par une rigueur rythmique, parfois répétitive. Ils vont même à  faire durer leur album précisément 30 minutes et 0 seconde. Cela donne un contraste saisissant de colère froide avec néanmoins un Sylvain Chonier, nouvelle incarnation du psychotique vocal et compagnon de cellule rembourrée de David Yow de Jesus Lizard. Il est amusant de constater que Syntax Error arrive à  sortir des pop songs de ce chaotique dilemme musical (If We meet someday entretient un petit côté Weezer) et quand les deux chanteurs passent en voix de tête et que la basse gigote des épaules, nos punkeux évoquerait presque Jon Anderson et ses compères de Yes (Classic). Pas banal, pas dégueu. (3.0) Denis Zorgniotti
Label Vibrant – Décembre 2013

1=0-sabre1=0 – Sabre

Troisième EP en dix-huit mois, 1=0 continue de proposer son équation impossible : une noise qui gratte celui qui l’écoute, une musique convulsive exprimant ses soubresauts dans un chant-parlé en français. C’est pas nouveau, le groupe ressemble énormément à  Diabologum et sa suite Expérience., D’autant plus que la voix évoque particulièrement celle de Michel Cloup (Nada). Mais au-delà  de son caractère opiniâtre sur le sujet, , 1=0, essaye, quand même, de s’en dissocier dans un déluge de guitare fluidifiée (Encensé, morceau insensé qui conduit à  l’ivresse électrique) et de ruptures de ton (le calme après la tempête de Fin). On a beau y voir une filiation évidente, on marche toujours préférant 1=0 à  Fauve. (3.5) Denis Zorgniotti
Quixote Music – Novembre 2013
Bandcamp

twomonkeys-psychobabeTwomonkeys – Psychobabe

Né lors d’un voyage entre Berlin et Amsterdam, le projet Twomonkeys est pour le moins fuyant, insaisissable et déroutant. Deux frères Italiens, les Bornati, deux drôles de singes touche à  tout et malins. En ouverture, Moon donne le ton : rien ne sera d’avance évident et la paire aime,  télescoper des esprits musicaux sensiblement inconciliables : ici une musique électronique de road movie roule des mécaniques sous l’influence diffuse du rockabilly. Le reste sera sans cesse différent, sans cesse en mouvement, Twomonkeys brasse de larges pans du rock – du krautrock au psychédélisme, de la country au le punk (ou les deux ensemble sur More Space) – pour mieux bousculer le tout dans un collage iconoclaste et libéré. Il y a du Fat Boy Slim ou du Rinôcérose dans ce duo, qui lui aussi a trouvé dans l’électronique un moyen de redonner de la vitalité au rock. Et il y a des pièces de choix : Marshmellow qui sample la guitare de 10:15 on saturday night des Cure pour une virée entre guitare noise et programmation électronica guillerette. L’endiablé Fuckfolk ménage un,  intermède assagi, magnifié par des cordes en lévitation que l’on n’aurait pas imaginer dans un tel feu d’artifices. Car, derrière des abords roublards, Twomonkeys sait aussi être d’une finesse rare : derrière les attaques de guitares vrombissantes, les sonorités post-rock associées à ,  l’esprit de Brian Eno flottent sur Refrain et She Knows. Un groupe à  suivre assurément. (4.0) Denis Zorgniotti
Kandisky Records – Novembre 2013 Bandcamp

drivewithadeadgirlDrive with a dead girl – Alma Ata II

La première impression en écoutant Drive With a Dead Girl est de retrouver la Lisa Gerrard des débuts (quand elle ne se prenait pas encore pour une diva new age) dans le Carnage Visors, l’oeuvre la plus expérimentale de Cure. Alexia a ce même lyrisme étrange venu d’ailleurs et la musique cold wave dans l’âme, faite de guitare minimaliste frigorifique et de basse flottante, n’en finit de proposer un hypnotisme de l’ère glaciaire. L’expressionnisme vocal apportée par la chanteuse donne un contraste pour le moins intéressant, d’autant plus que la jeune femme ne se vautre pas dans la caricature. Drive With a Dead Girl pratique le format long (Fabulous Tank dure 17′, Moujik distance, 10) ; le temps nécessaire sans doute pour assoir une atmosphère chaotique et schizophrène. Mais aussi, il peut s’exprimer dans format court. Une fois n’est pas coutume, c’est peut-être dans ces dispositions plus pop (tout est relatif) qu’on préfère Drive With a Dead Girl,  (Russian Bogo Story). L’influence Cure est tout aussi présente (ambiance Faith) mais ainsi troussée, la musique paraît un peu moins prétentieuse (critique possible) pour un effet tout aussi fort et glaçant. (3.0) Denis Zorgniotti
Autoproduction – Décembre 2013 Bandcamp

Mumbly---MumblyBuleMumbly – Mumblybule EP

On connaissait le Mumbly, personnage de chien goguenard d’Hannah Barbara, voici , Mumbly, groupe de pop , à  guitares, vif et alerte. Entre temps, Michael Korchia, son leader, a fondé Watoo Watoo mais a décidé de réactiver un projet commencé en 1997 et laissé en hibernation depuis. Chez Mumbly, L’influence ligne claire des, Smiths est là , notamment dans le jeu de guitare (New Luc). Mais les Français ont aussi un esprit retors, les lignes de chant pas vraiment évidentes et l’interprétation désincarnée d’Aurore Bacman donnent une touche Holden à  la musique, la faisant sortir du cadre stricto sensu d’une pop facile et évidente. Et puis, le duo cultive un côté »qui s’y frotte s’y pique » dans un rock un peu vintage : 1, 2 I Lost You a l’efficacité d’un single de rock band des années 60. Ailleurs, Mumbly rappellera les Feelies, ou Lush, dans un mélange d’immédiateté et de sophistication, de sensibilité arty et d’énergie brut de décoffrage. On marche., (3.5) Denis Zorgniotti
Dufflecoat records – Décembre 2013 Bandcamp

dbr21-SongOfAltair-FreeJazzSong of Altaîr – Free Jazz Music (EP)

Yvan Mercié a le talent discret. Leader de Recife qui avait sorti avec Doldrums, un des meilleurs albums inécoutés de 2010, il revient avec un nouveau projet en solo (seulement aidé d’un batteur). Et force est de constater que Song of Altaîr séduit immédiatement par une interprétation limpide , : Day’s Gone a le charme diffus d’un titre de Mark Kozelek, trouvant matière à  magie derrière une apparente simplicité de ton.Sur la longueur de son EP, le Toulousain va sans cesse faire évoluer ses arrangements, sans toutefois tomber dans le free jazz. Le titre, qui donne son nom à  l’EP, a bien une trompette et il est poussé par une effervescence musicale se transformant en véritable feux d’artifice d’harmonies, le côté free, mais il garde toujours, la finesse d’une indie folk jouant subtilement sur sa fibre électrique., ,  Sur Forbidden Feelings, c’est une touche d’électronique qui pointe le bout de son nez, le rapprochant d’un Go Find, , mais là  aussi, cela s’intègre à  la sensibilité musicale de Yvan Mercié. Sur Mellow Dream, entre mélancolie et légèreté, le Toulousain utilise un orgue pour asseoir , définitivement une montée émotionnelle apte à  élever les coeurs. De toute façon, tout ce que touche Song of Altaîr semble se transformer en or. Le coup de coeur n’est pas près de retomber.(4.5) Denis Zorgniotti
Les Zélectroîdes associés – Dead Bees – Décembre 2013
Soundcloud on Dead Bees Records

Nasser – #7

On parle souvent d’electro-pop, mais avec Nasser on peut franchement parler d’electro-rock. Depuis quelques années, ce groupe marseillais nous fait danser au son de musiques carrées et énergiques, dans un style qui s’affine un peu plus au fil du temps., Découvert en 2009 avec le single Come On, paru son leur premier EP #1, le groupe continue depuis de nous abreuver de leurs refrains entrainants. Entre guitares et machines, ils construisent des chansons solides et entêtantes à  l’image de celles qui parsèment l’excellent #7. Sur ce nouvel album, le son et la production de Nasser ont encore évolué, se rapprochant par moment du style de Poni Hoax (The World Is Ours) ou bien de celui de Depeche mode avec des gimmicks vocaux que l’on jurerait empruntés à  Dave Gahan (I.’m a Man). Mixé et masterisé par Jan Siebert (qui a travaillé notamment pour Mr Oizo, Siriusmo, Modeselektor et Boys Noize), ce nouvel album réussit le parfait grand écart entre techno et rock, avec des hymnes dance-floor aux sonorités acides assez irrésistibles. (3.5) Benoît Richard
Washi Washa/ Bonsaî Music – octobre 2013

Fortune – Blackboard

Découvert en 2010 avec l’album Staring At the Ice Melt, le projet Fortune, groupe conduit par Lionel Pierres, (l’ancien, Abstrackt Keal Agram) et ses compagnons Hervé Loos et Pierre Lucas, continue de creuser son sillon dans la pop moderne avec un second album encore dansant et bien fourni en singles. Malgré tout, comme pour le précédent, l’ombre de Phoenix semble planer en permanence et un peu trop au dessus de Fortune et de sa musique., Résultat, si Blackboard, s’écoutera sans déplaisir, cet album reste malgré tout une production electro-pop assez banale, sans grande personnalité et qui doit uniquement son salut à  la présence de quelques titres très efficaces (Turn Around, Blackboard« ) qui trouveront logiquement leur place dans une playlist pour danser et s’amuser entre jeunes. (3.0) Benoît Richard
Disque primeur – novembre 2013

Kakkmaddafakka – Six months is a Long Time

Troisième album pour Kakkmaddafakka et toujours le même plaisir de redécouvrir cette pop simple et entrainante signée d’un groupe de frangins et de copains Norvégiens qui nous avait déjà  tapé dans l’oreille en 2011 avec l’album »Hest » produit par Erlend à˜ye de Kings Of Convenience« qui est d’ailleurs encore aux manettes de cette nouvelle réalisation., Deux ans après, la bande de copains récidive, nous régalant d’une nouvelle collection de pop songs qui semblent inspirées autant par Phoenix, les Beatles que par les Bee Gees, ABBA ou Elton John., Comme toujours chez Kakkmaddafakka, les morceaux sont construits simplement mais se révèlent pour la plupart très accrocheurs. Il ne faudra donc pas 36 écoutes pour profiter pleinement de cet album aux mélodies imparables et pour se régaler du charme simple et naturel de cette musique ô combien chaleureuse ». Qui a dit que la Norvège était un pays froid ? (3.5) Benoît Richard
Bubbles Records/La Baleine – décembre 2013

House – Walking Into A Burning House

Quand le beatmaker Chief Xcel (Blackalicious) et le clavier Hervé Salters de General Elektriks se rencontrent, ils donnent naissance à  Burning House, un projet musical qui débouche sur un premier album foisonnant, rempli jusqu’à  la gueule de sonorités pop, hip hop, groove, jazz, funk, electro… Composé entre San Francisco, Paris et Berlin, »Walking Into A Burning House » déroule 14 titres qui partent dans tous les sens avec, en guise de fil rouge, un esprit fun et festif qui rend l’album ultra sympathique et plutôt agréable à  écouter. Et si l’on regrettera par moment que l’ombre de General Elektriks plane un peu trop sur l’album, l’ensemble séduit globalement avec une sélection de titres bigarrés dans lesquels les breakbeats et les samples s’en donnent à  coeur joie, dans un style qui rappelle aussi un peu celui de Mr Scruff (Get a move on, !) (3.5) Benoît Richard
Naive – septembre 2013

Bigott – Blue Jeans

Vous rêviez d’un nouvel album de Lee Hazlewood en 2013 ? Et bien voilà  le compagnon de scène de Nancy Sinatra réincarné en crooner espagnol sous le nom de Bigott. Car, effectivement, la voix grave de ce natif de Saragosse évoque immédiatement (avec le titre en ouverture, I Got Dengue) l’auteur de Hey Cowboy. La suite montre que le registre musical de Bigott va bien au-delà  de cette agréable similitude, avec tout au long de ce court album des influences bossa nova, tropical music, exotica lounge délicieuses. Bien décidé à  enregistrer à  l’ancienne (les musiciens tous ensembles), Bigott est parti avec ses compagnons et avec tous ses instruments, au Brésil, plus précisément dans la jungle de Trancoso, pour réaliser ce nouvel album.Le résultat donne un disque aux accents latino, absolument irrésistible, par moment assez proche de ce que peut faire Devendra Banhart. Un disque au charme évident et aux mélodies généreuses qu’il ne faut évidemment pas manquer. (4.0) Benoît Richard
Bigott – novembre 2013

Julien Dyne – December

Julien Dyne , est un Néo-zélandais installé à  Berlin qui vient de sortir en cette fin d’année 2013 son troisième album, le bien nommé December. Si ce dernier n’est pas, à  vraiment parler, un disque de Noël, c’est en tout cas une solide production de beatmaker, un album aux tonalités post dubstep / bass music, avec quelques touches jazzy assez délicieuses, avec en plus quelques variations par rapport à  Glimpse, et Pins & Digits, ses deux précédentes réalisations. Avec une production plus ample et plus étoffée que par le passé, le garçon pourrait se situer, pourquoi pas, dans une version rafraichie de Prefuse 73 avec une suite de tracks que l’on aurait aussi pu très bien retrouver chez Brainfeeder mais qui font encore une fois le bonheur , du label BBE Music.(3.5) Benoît Richard
BBE Music – Novembre 2013