[Live Report] C’était la fête à la Gaîté Lyrique vendredi soir avec notre pote new-yorkais Adam Green !

Adam Green, égal à lui-même mais porté par un public amoureux et enthousiaste, a véritablement créé une atmosphère de liesse à la Gaîté Lyrique vendredi soir…

Notre pote new-yorkais Adam Green, on imagine facilement qu’il est à moitié inconnu, vu son positionnement arty / (faux) branleur hors des sentiers battus, mais à chaque fois qu’il passe par chez nous, il y a de plus en plus de gens avec nous pour venir le voir et l’écouter… Une Gaîté Lyrique bien remplie, c’est sympathique pour accueillir un artiste aussi doué et versatile (musique, poésie, cinéma, dessin, BD, Adam est sur tous les fronts !). Avec la garantie d’une soirée cool…

20h : jolie surprise que cette réapparition de Ryder the Eagle (a.k.a. Adrien Chassignol), l’ex The Dodoz / Las Aves, cette fois en crooner déjanté, assez loin du souvenir qu’on avait de lui… Accompagné par son « groupe » virtuel sur un mini iPod (ou un bidule du genre…), Ryder se plaint d’entrée qu’Instagram ait supprimé son compte suite à un clip à demi-pornographique, avant de nous interpréter trois « torch songs » façon DIY, dans des circonstances « originales » : le drôle d’oiseau se dénudera peu à peu et finira accroché au balcon, dans une version pastiche – ou pas ? – de l’Iguane. Puis il repartira non sans avoir récité son numéro de portable à l’attention de ceux / celles que ça pourrait éventuellement intéresser. 15 minutes assez strange, mais dénotant une belle liberté.

20h25 : Jackie Cohen, accompagnée par Kevin Basco, nous offre 35 minutes de folk intimiste et joliment barré, qui peut évoquer plein de belles choses qu’on aime, du côté peut-être de Galaxie 500 par exemple, en plus foldingue. Les chansons sont posées mais intègrent pas mal de fantaisie, que la jolie voix haut perchée de Jackie anime de manière joueuse. C’est à la fois souriant et un peu dépressif, c’est en tous cas très spontané, très frais. A la fin, Kevin casse une corde et s’empare de la guitare électrique de Jackie pour une conclusion semi improvisée et cacophonique. Bon, on a bien aimé, même si ça n’a évidemment rien de révolutionnaire. A noter que Jackie est l’épouse de Jonathan Rado (de Foxygen), et que les Lemon Twigs jouent sur ses disques, ce qui constitue quand même de belles références. Il est pourtant clair après ce joli set qu’elle n’a nul besoin de s’appuyer sur qui que ce soit d’autre…

21h20 : Adam Green déboule avec dix minutes d’avance sur le programme, ce qui traduit sans doute son impatience de profiter de ce set à Paris, qu’il prétend avoir « attendu de tout cœur… même si c’est un peu ringard de dire des choses comme ça ! ». La Gaîté Lyrique est vraiment bien pleine, mais ce qui étonne, c’est l’extrême enthousiasme manifesté par les spectateurs : une surprise qui est aussi celle d’Adam, qui va sembler passablement intimidé, voire déstabilisé par un accueil aussi triomphal (bon, il est possible que notre ami New-yorkais ait aussi abusé de certaines substances, car il a aussi un air un tantinet hébété !)… La merveilleuse Emily, en seconde position sur la setlist, a déjà fait exploser tous les compteurs de bonheur de la Gaîté Lyrique, qui n’a pas aussi bien porté son nom depuis des années… C’est d’ailleurs amusant de chanter tous ensemble des paroles comme « Jenny’s got a mouth so full of pigeon’s cum / On top a mountain made a bubblegum », typiques d’une époque où Adam aimait la provocation un peu gratuite.

On avait oublié combien Adam a un réseau d’amis artistes à travers le monde entier, et puis on découvre que le batteur de ce soir est Leo Bear Creek (ex-Coming Soon et demi-Pirouettes), et que le guitariste n’est ni plus ni moins que Ryder the Eagle, d’un coup beaucoup plus retenu et « professionnel » que lors de sa flamboyante prestation en ouverture de la soirée ! C’est assez étonnant d’imaginer Adam rameuter ses copains – qui connaissent quand même un peu ses chansons avant, on imagine – quand il arrive quelque part pour jouer avec lui, mais ça fonctionne visiblement très bien. Sans virtuosité excessive – ce n’est pas le sujet ! -, le groupe assurera parfaitement toute la soirée.

Un autre aspect original d’un concert d’Adam Green, c’est le manque total de professionnalisme de son comportement scénique : Adam danse comme un fou, en courant de droite à gauche et en sautant en l’air, à peu près comme il doit le faire quand il est tout seul chez lui, et c’est absolument délicieux. De toute manière, sa principale préoccupation est de venir tout au long de la soirée faire des « high fives » avec le maximum de personnes dans le public, pour notre plus grand plaisir.

Au fur et à mesure du concert, Adam se ressaisit de sa surprise initiale, et sa voix se raffermit, jusqu’à retrouver ses accents de crooner nonchalant « à la Leonard Cohen », ce qui nous vaut de beaux moments d’émotion. Il fait dire que la set list est un assemblage parfait de la plupart des meilleures chansons du répertoire d’Adam, même si chacun d’entre nous aura probablement attendu en vain l’une de ses favorites : on notera quatre chansons (seulement)de son dernier et excellent Engine of Paradise, dont la formidable Escape from This Brain, et cinq titres de son fabuleux Friends of Mine, mais également des extraits de chacun de ses autres disques… Le rappel se termine sur une version festive du classique de ses débuts, Dance with Me, qui est surtout l’occasion d’une invasion massive de la scène et de clore la soirée en dansant tous ensemble, comme si Adam nous avait invité chez lui pour faire la fête…

Il était ensuite possible de rejoindre Adam au stand de merchandising où il signait sa BD, War and Paradise, mais vu l’empoignade pour aller féliciter notre héros, nous avons préféré ressortir directement de la Gaîté Lyrique avec dans la tête la mélodie enchantée de Jessica, et les paroles poignantes de We’re Not Supposed to be Lovers : « We’re not supposed to be lovers / Or friends, like they’d have us believe / We’re not supposed to know each other / Accept my apology… ».

Avouons-le, nous avions déjà hâte que notre pote new-yorkais Adam revienne nous rendre visite…

Texte et photos : Eric Debarnot

La setlist du concert de Jackie Cohen :
Caught in a Feeling (Zagg – 2019)
Take Care of Your Skin (Zagg – 2019)
Maddy (Tacoma Night Terror – 2018)
Codebreaker
Chico Chico (Zagg – 2019)
Tacoma Night Terror (Tacoma Night Terror – 2018)
Maya
Old Friends
Bold (Tacoma Night Terror – 2018)
Yesterday’s Baby (Zagg – 2019)

La setlist du concert d’Adam Green :
Cigarette Burns Forever (Minor Love – 2010)
Emily (Gemstones – 2005)
Engine of Paradise (Engine of Paradise – 2019)
Hollywood Bowl (Jacket Full of Dangers – 2006)
I Wanna Die (Friends of Mine – 2003)
Cheating On a Stranger (Engine of Paradise – 2019)
Be My Man (Sixes & Sevens – 2008)
Who’s Your Boyfriend (Gemstones – 2005)
Gemstones (Gemstones – 2005)
Never Lift A Finger (Aladdin – 2016)
Freeze My Love (Engine of Paradise – 2019)
Escape From This Brain (Engine of Paradise – 2019)
The Prince’s Bed (Friends of Mine – 2003)
Buddy Bradley (Minor Love – 2010)
Me From Far Away (Aladdin – 2016)
Friends Of Mine (Friends of Mine – 2003)
Jessica (Friends of Mine – 2003)
Encore:
We’re Not Supposed to Be Lovers (Friends of Mine – 2003)
Dance With Me (Garfield – 2002)