[Interview] Special Friend et le Questionnaire de Proust façon BENZINE

Si le format « un garçon à la guitare + une fille à la batterie » n’a plus l’originalité qu’il a pu avoir à l’apparition des White Stripes, il serait ridicule de réduire le duo franco-américain Special Friend à ce genre de stéréotype. Depuis la sortie de leur impressionnant premier album, Ennemi Commun, on sait qu’on a désormais en France des gens capables de créer une musique magique, au juste point d’équilibre entre noise et belles harmonies vocales. L’heure était venue de faire mieux connaissance avec Erica et Guillaume en les soumettant au Questionnaire de Proust façon Benzine.

Special Friend
Photo : Coralie Gardet

Quel est le principal trait qui caractérise Special Friend ?

Erica : C’est, je pense, ce croisement de l’expérience musicale à la guitare de Guillaume avec le fait que j’ai vraiment débuté la batterie avec Special Friend, ça apporte sans doute un esprit plus spontané, cette absence de formation classique. Les limitations sont une richesse dans notre cas… On s’exprime avec Guillaume avec beaucoup de spontanéité.

Je viens du Minnesota, je suis arrivée en France dans le cadre des études. J’ai rencontré des musiciens à Rennes qui m’ont fait découvrir la bande de Buddy Records au moment où j’ai déménagé à Paris fin 2015. Ils organisaient des concerts, c’est comme ça que je suis tombée sur Young Like Old Men, le groupe de Guillaume au moment où je voulais apprendre la batterie. J’avais testé la musique avec d’autres personnes mais ça ne collait pas, tandis que Guillaume a joué spontanément sur les premiers rythmes de batterie que je faisais. Et c’est comme ça que nous avons fait nos premières compositions et que le groupe est né.

Quelle est la qualité que vous désirez vraiment avoir chez Special Friend ?

Guillaume : Ecrire des bonnes chansons ! Nos influences seraient Yo La Tengo, Duster, Electrelane aussi… Ces influences se sentent dans notre musique, mais on a plusieurs facettes : on voudrait avoir une identité bien marquée, on n’essaie pas de faire un revival des années 90…

Erica : On veut faire une musique honnête.

Quelle est la qualité que vous aimez retrouver chez les artistes et les groupes que vous écoutez ?

Guillaume : J’ai beaucoup écouté des choses « Rock » au sens large, mais aussi des musiques très opposées, bruyantes d’un côté, d’un autre plus calmes. Mais y a des points communs, quel que soit le style musical, il faut que ce soit de bons morceaux.

Erica : Des sons mélodiques, noisey, ambients, des jolies voix… avec du feeling.

Guillaume : Il ne faut pas se contenter d’écouter les choses que l’on aime, il faut aussi se forcer à écouter des choses qui ne sont pas évidents…

Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans le fonctionnement de Special Friend ?

Guillaume : Il y a de la simplicité, un côté direct… il y a eu dès le début quelque chose d’évident qui a débloqué notre créativité. Et puis quand on n’est que deux, tout est plus facile que dans un groupe !

En fait, on n’a pas défini les rôles, les aspects mélodiques sont développés naturellement par moi, Erica teste des rythmes et écrit les textes. La plupart des chansons de l’album sont vendues ensemble, composées sur le moment, au cours d’une répétition. En fait, même si c’est pour trouver un riff de guitare, je n’aurais peut-être pas eu l’idée sans Erica. On fait des jams, on teste des choses, on enregistre le résultat, on le retravaille ensuite…

Erica : J’aime la spontanéité dans notre fonctionnement. Et puis le rôle du hasard…

Pour les textes, j’ai plus de facilité à écrire en anglais, mais ce sont des sujets qui nous parlent à nous deux, en fait il y a comme de la télépathie entre nous… Oui, le bonus, c’est qu’on est sur la même longueur d’ondes…

 

Special Friend
Photo : Coralie Gardet

Quel est le principal défaut de Special Friend ?

Erica : On n’est peut-être pas assez exigeants…

Guillaume : … techniquement, parce que sur la qualité des compositions on est vraiment exigeants… mais on assume aussi nos petites « faussetés » !

Qu’est-ce que vous faites en dehors de Special Friend ?

Erica : Depuis le confinement, les choses ont changé, naturellement… Mais j’aime beaucoup faire des choses visuelles, consacrer du temps aux Arts Graphiques, j’ai fait les pochettes de nos disques par exemple et nos clips… mais finalement ça rejoint la musique.

Guillaume : Moi je joue dans d’autres groupes, principalement avec Youg Like Old Men, et puis j’enregistre aussi d’autres artistes, d’autres groupes…

Quel est votre plus grand rêve pour Special Friend ?

Erica : Faire enfin une vraie tournée, on n’en a jamais fait ! On a fait deux dates à NY, une mini-tournée en France, mais j’ai envie de jouer plusieurs dates de suite, et dans le monde entier…. Au début, j’avais un peu peur de monter sur scène, et maintenant je ne rêve que de ça, de pouvoir rencontrer des gens et voyager…

Guillaume : Faire des concerts et plusieurs disques…

Quel est votre pire cauchemar pour Special Friend ?

Guillaume : Si le groupe devrait s’arrêter demain…

Erica : Je suis d’accord avec Guillaume, ce projet me tient tellement au coeur !

Si vous n’étiez pas Special Friend, vous seriez quoi ?

Erica : Ennemi commun (rires…). Peut-être graphiste.

Guillaume : Je jouerai du doom black metal dans un groupe de 10 musiciens.

Special Friend ont publié le 26 mars 2021 leur premier album studio : Ennemi Commun

“Ennemi Commun” : Special Friend et ses fantômes nostalgiques et amicaux