INITIALES S.G : You’re Under Arrest : Bye Bye Gainsbarre… Adieu Serge !

Pour les 30 ans de la mort du grand Serge Gainsbourg, ses 16 albums studios chroniqués par lui-même ou presque. Cette semaine You’re Under Arrest enregistré en compagnie du producteur Billy Rush et sorti le 2 novembre 1987.

Ce sera surement le dernier.

30 ans que j’promène mes feuilles de choux, de cabaret poisseux en studio télé clinquant.
J’en ai marre !
30 ans qu’tout l’monde voit ma sale gueule s’étaler dans les journaux à scandales, que j’fais mon petit numéro de provoc’ à la téloche. Pas par méchanceté, ni par goût du risque, mais par timidité excessive sûrement, par peur de l’oubli; cette petite mort bien moins marrante que celle qui s’fait à l’horizontale.

Elles sont marrantes ces années 80 !
J’ai passé la décennie précédente à enchaîner les albums, qui sont c’qu’ils sont, mais qui ont pour eux la marque de l’inédit, de l’originalité…et de l’innovation ( Quoique certains en disent !).
J’ai dû en vendre 50 000 sur 10 ans. Et tout à coup: Les Eighties ! V’là Gainsbarre !
Les lunettes noires cachant ses insomnies, la chemise en jean froissée, une barbe râpeuse de 3 nuits, un mégot et une insulte constamment aux lèvres. Et hop, ça cartonne !!

J’ai jamais autant vendu que Love on the beat. Et pourtant c’est pas c’que j’ai pondu de meilleur. Partout du Gainsbarre ! Et du bien lourd ! Qui colle aux semelles !

Gainsbourg ? Disparu !
Pas tout à fait. Ses albums made in seventies se vendent à merveille.
Ma Melody qui se faisait fesser il y a presque 20 ans par le public, vient de terminer sa punition et peut enfin sortir de sa chambre.
Mon Vu de l’extérieur finalement compris de l’intérieur.
Mon Rock around the bunker déterré de sous les tonnes d’injures qu’il reçut à sa sortie.
L’homme à tête de chou effeuillé et dégusté façon 3 étoiles par les fins gourmets de la nouvelle génération.
Et ma Marseillaise aux douces effluves cannabiques encensée dans un grand rire idiot et mécanique.

Gainsbourg est donc encore vivant. Vivant mais perdu.
Perdu quelque part dans un cabaret enfumé des années 50, dans un jupon à carreaux et « froufrouteux » des sixties ou dans un club dégoulinant de Champagne, arrosée de flashs de paparazzis braillards des 70’s.

En tout cas, il n’est pas là dans les années 80.
Il ne reste que Gainsbarre.
Gainsbarre alcoolisé et lové dans le fauteuil de velours rouge d’une backroom de boîte à partouze, tel un Caligula des temps modernes, détruisant les tabous et scénarisant une sexualité malsaine.
Il en est là, le Gainsbarre ! Et c’est pas son dernier opus qui dira le contraire.

Son dernier disque, c’est Samantha.
Cousine lointaine de Melody et petite soeur nymphomane de Marilou, encore plus dévergondée que son aînée.
La virée sordide d’un vieux dégueulasse amateur de nymphettes peu farouches. Une pochette façon photos anthropométriques, empreintes digitales et inculpation de, tiens, détournement de mineures.
J’avais fait les gays et les putes sur le précédent album. Aujourd’hui, j’fais pire : J’m’en prend aux mineures !

C’est vrai qu’il y a un petit côté « course à la provocation ».
De plus en plus loin.
Toujours.
Quitte à ne plus être soi-même.

Je ne suis pas aveugle.
Je sais bien que ma Samantha n’est que l’ersatz taré de Melody, que la pâle copie fadasse de Marilou.
Je le sais.
Il reste quand même des jolies chansons. Des rimes en « ex », en « ix ». Des instrus qui n’existent pas en France. De la basse qui claque et des grattes qui « Funkent »

Il reste encore un peu de Gainsbourg dans l’écuelle de Gainsbarre… Mais, dépêchez-vous le repas touche à sa fin…

Renaud ZBN