[Interview] Bilbao Kung-fu : « On cherche à rendre le français musical par la conviction qu’on y porte… »

Parce qu’ils ont enflammé la Terrasse du Trabendo lors de la finale du Tremplin Rock & Folk Radio avec leur musique inclassable, il nous fallait absolument rencontrer Bilbao Kung-fu, OVNI de la scène Rock bordelaise…

Bilbao Kung Fu - Photo Jessica Calvo
Bilbao Kung Fu – Photo Jessica Calvo

Benzine : Racontez-nous un peu les origines de Bilbao Kung-fu !

BK-F : On a commencé à jouer au collège entre frères (Mateo et Natty sont frères…) en 2011, avec notre groupe qu’on avait appelé Rockyknockers… on a fait des concerts assez rapidement, on avait respectivement 12 et 14 ans ! 4 – 5 ans plus tard, on a rencontré au lycée de Royan Rémi, qui avait un autre groupe, et Jeff, guitariste classique de formation. Dès qu’on a commencé à jouer ensemble, c’était en 2015, on s’est rendu compte qu’il y avait une super osmose avec nos quatre sons. Le projet Rockyknockers a alors trop évolué pour qu’on garde le même nom, et on l’a rebaptisé Mamapsyché. On a eu une période prog, on faisait de la musique plus déconstruite qu’aujourd’hui. On s’est basé à Bordeaux, où on s’est fait un petit nom, on avait rencontré Guillaume Sciota qui nous a guidés : il nous a dit qu’il fallait bosser si on voulait vivre de notre musique…

 

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Photo : Studio Manon Gardelle

Benzine : Et le nom du groupe ?

BK-F : Il fallait choisir un autre nom car il y avait déjà deux autres groupes à Bordeaux qui s’appelaient Mama-quelque chose. Rémi est arrivé un jour avec « Bilbao Kung-fu », ça lui était venu comme ça, au milieu d’une liste de noms, et ça nous a paru intéressant… Mais on n’est jamais allés à Bilbao ! (rires) On en parle à notre entourage et on découvre alors qu’il y avait un moine shaolin à Bilbao qui tuait ses disciples avec des prises, et qui gardait leurs corps sous les tatamis ! C’est assez glauque comme histoire, mais on s’est dit que c’était un signe. On a donc changé de nom en 2020… Et le côté humoristique du nom est assumé, et en plus ça a l’avantage de ne pas créer d’attente particulière chez les gens par rapport à la musique qu’ils vont entendre.

Benzine : Et à partir de là… ?

BK-F : Avec le Covid, on a commencé à tourner un peu en tant que Bilbao Kung-fu durant l’été 2020, puis on a repris en mai 2021. Dans l’intervalle, on a bien pris le temps de gérer la structuration interne du projet pour que ça se passe bien avec tous les nouveaux collaborateurs. Aujourd’hui, on est content d’avoir une équipe pour faire avancer le groupe au mieux.

En tous cas, on ne laisse pas les gens indifférents, et il y a pas mal de gens qui nous font des bons retours. On a d’ailleurs remporté deux autres tremplins avant le tremplin Rock & Folk Radio de samedi dernier. Mais Cheap Teen méritaient de gagner, ils sont très bons…

Benzine : Quelles seraient les influences musicales que vous revendiquez dans le groupe ?

BK-F : On essaie de se comparer à la musique qu’on écoute, ça monte notre niveau d’exigence… Nos influences communes à tous seraient la scène garage actuelle, et en particulier australienne, japonaise, états-unienne. Avec, évidemment en premier lieu The Oh Sees et King Gizzard. Et en France, Lysistrata, le trio de Saintes, qui a eu un parcours incroyable, même s’ils sont plus discrets en ce moment. Rémi, lui, vient du punk 70’s et du grunge des années 90. Jeff a un regard un peu plus neuf, il écoutait des choses comme Muse, et il a apporté des guitares incroyables sur notre musique : il nous a permis de moderniser notre son pour ne pas rester trop dans le Psyché années 60/70… Même si on revendique tous cet héritage des années 70, avec les polyphonies des Beatles, et des mélodies qu’on essaye de développer.

Benzine : Chanter en français, c’est un choix fort…

BF-K : Le français, c’est naturel, ça nous vient comme ça. On a fait quelques chansons en anglais, mais le français, c’est finalement plus original par rapport à ce qui se fait aujourd’hui. Dans le Rock, il y a si peu de groupes chantant en français, mais on veut que les gens comprennent les émotions qu’on passe… Et puis, on cherche à rendre le français musical par la conviction qu’on y porte. En tout cas, c’est vrai que c’est du travail, il faut par exemple absolument ne pas « faire du Téléphone » dans les paroles, parce que c’est une référence pour tellement de gens…

Benzine : Parlez-nous un peu de cet EP, l’Arc en Ciel, sorti cette année, et aussi de vos projets…

BK-F : Dans cet EP, les chansons sont plus pop, même si on aimerait que la puissance live soit encore mieux retranscrite. Mais on a beaucoup travaillé pour tirer le meilleur des chansons, des mélodies. En tout cas, notre prochain disque sera plus assumé, plus brut. On veut trouver le juste milieu, et en plus le groupe a bien cheminé depuis 2019, quand nous avons enregistré l’Arc en Ciel… Toutes les chansons du prochain sont prêtes, mais on cherche encore le titre. Tu n’aurais pas une idée ?

Propos recueillis par Eric Debarnot

Bilbao Kung-fu, c’est :
Natty – chanteur, guitariste
Jeff – guitariste
Rémi – bassiste
Mateo – batteur, chanteur

EP 5 titres : Arc-en-Ciel, disponible depuis décembre 2020