Angoulême 2023 : un palmarès en couleurs

La 50e édition du Festival a pris fin sur une note colorée, avec l’attribution du fauve suprême à l’ouvrage remarqué de Martin Panchaud, La Couleur des choses.

Le FIBD semble donc avoir repris son rythme habituel et pu maintenir son grand rendez-vous annuel de la fin janvier, après trois ans d’annulations et de reports liés au Covid, pour le plus grand bonheur des bédéphiles.

Le festival s’est ouvert par l’attribution du Grand Prix de la ville d’Angoulême à Riad Sattouf, une récompense légitime à laquelle personne ne trouvera à redire. Année faste pour cet auteur dont la popularité a dépassé les frontières de l’Hexagone et qui venait de clore son excellente saga-fleuve autobiographique, L’Arabe du futur, avec la parution en novembre dernier du sixième et dernier tome.

Pour ce qui est des albums primés, c’est La Couleur des choses de Martin Panchaud qui reçoit le Fauve d’or. Coup d’essai et coup de maître pour l’auteur suisse qui signe ici sa première œuvre. L’histoire raconte, sous un environnement graphique extrêmement original en vue d’avion où les personnages sont remplacés par des cercles de couleur, le parcours initiatique d’un jeune anglais qui, étant mineur, ne peut empocher la somme colossale de son ticket gagnant au tiercé, alors que sa mère a été gravement blessée par son père qui a pris la fuite. A Benzine, nous ne pouvions que nous réjouir, ayant misé au minimum pour ce livre sur le Prix de l’audace — non attribué cette année, mais il est vrai que selon les années, certains prix sont inexplicablement remplacés par d’autres.

Aux côtés de La Couleur des choses, ce sont deux autres publications des Éditions Ça et là qui remportent un prix : celui du public, pour Naphtaline, signée de l’autrice argentine Sole Otero, preuve de la vigueur de la production sud-américaine, ainsi que le Prix René Goscinny du Jeune scénariste, qui revient à la Belge – et Flamande – Mieke Versyp pour Peau, « une histoire de corps et de mise à nu ». L’éditeur parisien, qui privilégie les romans graphiques d’autrices et d’auteurs venus d’ailleurs, a décidément le vent en poupe et effectue un joli doublé, après l’attribution du Fauve d’or en 2022 à Marcello Quintanilha pour Écoute, jolie Marcia.

Le Prix Révélation revient à la Suédoise Linnea Sterte pour Une rainette en automne, qui raconte les pérégrinations d’une adorable grenouille. Un petit conte initiatique rempli d’une délicate poésie qui a également suscité un fort enthousiasme à Benzine. Ce prix permet également de mettre en lumière le fabuleux travail éditorial des Éditions de la Cerise.

Le FIBD voit cette année la création d’un jury « jeunesse », permettant au genre destiné à nos chères progénitures de passer de 2 à 5 prix, dont l’un (le Fauve Jeunesse) récompense pour la deuxième année consécutive Léonie Bischoff, co-autrice avec Kathleen Karr de La Longue Marche des dindes.

Cette année enfin, on pourra constater que les prix ont été répartis équitablement entre femmes et hommes, contribuant peut-être à éteindre les braises encore fumantes de la dernière polémique à propos de l’auteur Bastien Vivès et de l’exposition qui aurait dû lui être consacrée mais fut annulée au dernier moment. L’édition 2023 put ainsi se dérouler, comme à son habitude, dans une atmosphère des plus conviviales. C’est aussi pour cette raison que l’on aime à se rendre dans la plaisante cité angoumoise.

La Couleur des choses – Martin Panchaud
© 2022 ça et là / Panchaud

Le Palmarès du Festival d’Angoulême 2023 :

FAUVE D’OR – PRIX DU MEILLEUR ALBUM
La Couleur des choses, de Martin Panchaud (Çà et là)

PRIX DU PUBLIC FRANCE TELEVISIONS
Naphtaline, de Sole Otero (Çà et là)

PRIX SPÉCIAL DU JURY
Animan, d’Anouk Ricard (Exemplaire)

PRIX DE LA SÉRIE
Les Liens du sang t.11, de Shuzo Oshimi (Ki-oon)

FAUVE DES LYCÉENS
Khat, de Ximo Abadia (La Joie de lire)

PRIX ECO-FAUVE
Sous le soleil, d’Ana Penyas (Actes Sud L’An 2)

PRIX REVELATION
Une rainette en automne, de Linnea Sterte, (La Cerise)

PRIX DU PATRIMOINE
Fleurs de pierre, Hisashi Sakaguchi (Revival)

FAUVE POLAR SNCF
Hound Dog, de Nicolas Pegon (Denoël Graphic)

PRIX DE LA BANDE DESSINÉE ALTERNATIVE
Forn de Calç (Extincio Edicions)

GRAND PRIX DE LA VILLE D’ANGOULÊME : Riad Sattouf

La longue marche des dindes - Léonie Bischoff & Kathleen Karr
© 2022 Rue de Sèvres

Les Prix Jeunesse 2023 :

PRIX JEUNESSE
La Longue Marche des dindes, de Léonie Bischoff et Kathleen Karr (Rue de Sèvres)

PRIX SPECIAL DU JURY
Toutes les princesses meurent après minuit, de Quentin Zuttion (Le Lombard)

PRIX DES ÉCOLES D’ANGOULÊME
La Petite Évasion, de Marzena Sowa et Dorothée de Monfreid (La Pastèque)

PRIX DES COLLÈGES
Simone, de Jean-David Morvan, David Evrard et Walter (Glénat)

PRIX DES LYCÉES
Les Futurs de Liu Cixin, tome 4 : Nourrir l’humanité, de Sylvain Runberg et Miki Montllo (Delcourt)

 

Prix René Goscinny :

PRIX RENÉ GOSCINNY DU MEILLEUR SCENARIO
Thierry Smolderen, scénariste de l’album Cauchemars ex machina (Dargaud)

PRIX RENÉ GOSCINNY DU JEUNE SCÉNARISTE
Mieke Versyp, scénariste de l’album Peau (Çà et là)

Immonde ! – Elizabeth Holleville
© 2022 Glénat

Autres prix :

PRIX TOURNESOL : Immonde !, d’Elizabeth Holleville (Glénat)
PRIX DU JURY OECUMENIQUE DE LA BANDE DESSINÉE : Le Printemps de Sakura, de Marie Jaffredo (Vents d’Ouest)
PRIX COUILLES AU CUL : La Dernière Artiste soviétique, de Victoria Lomasko (The Hoochie Coochie)
PRIX CHARLIE SHLINGO : Stupide mâle blanc, de Salch (Les Requins Marteaux)

 

Et les expos…

On aura pu aussi se délecter de chouettes expos, même si hélas on a manqué de temps pour tout voir…

Julie Doucet : Toujours de grande classe (Hôtel Saint-Simon)
Junji Itô : Dans l’antre du délire (Espace Franquin)
Les 6 Voyages de Philippe Druillet (Musée d’Angoulême et Chapelle Guez de Balzac)
Couleurs ! (Vaisseau Moebius)
Rock ! Pop ! Wizz ! Quand la BD monte le son (Cité de la BD)