[Disney+] Extraordinary : les super-héros hilarants du quotidien…

Détournant franchement et avec malice les codes des films de super-héros et du « teen movie », la série anglaise fait mouche. Le petit bonbon irrévérencieux et tordant que vous allez adorer, « binger » et conseiller à tous ceux que vous aimez. En cinq points, pourquoi regarder « Extraordinary » ?

Natalie Seery/Disney+ © 2021.

1. Parce qu’on en a marre des séries de Super-héros et que là, ô surprise !

extriardinary-afficheDevant l’avalanche de séries ayant comme thème principal les super-héros, le téléspectateur ne peut que fatiguer. Franchises Marvel, DC Comics ou Star Wars, les plateformes débordent de produits TV originaux ou dérivés, notamment Disney+ qui héberge la série ici chroniquée. Une fatigue vite disparue quand on commence Extraordinary, puisque l’intrigue majeure donne à ses protagonistes des super-pouvoirs qui ne le sont finalement pas complètement. Ils accèdent à leur statut hors du commun qu’à leur majorité, découvrant ainsi ce qui facilitera ou changera leur vie d’après. Et, comme dans la vie, c’est la loterie : on tombe bien (reculer l’existence de sa vie de quelques minutes, pratique pour choisir sa destinée) ou mal voire carrément inutile (hilarante séquence d’un mec attristé car il a juste le pouvoir inconséquent de transformer les gens en PDF…!). Ces idées assez géniales permettent aux scénaristes de s’en donner à coeur joie sur leurs personnages toujours drôles, piégés finalement par leurs atouts qui déterminent leur vie sociale. Et, à la différence des sagas citées plus haut, Extraordinary décide dès le départ de filmer leurs héros à hauteur d’individus lambdas qui, parfois, par nécessité ou devoir, utilisent leurs dons, mais sur des actes du quotidien. C’est frais, efficace, « humain » et donne un ton assez inédit, dans une veine d’humour anglais noir et canaille que l’on adore.

2. Parce qu’on s’éloigne du « young adult movie » avec brio et impertinence

Oubliez l’affiche trompeuse et le label Disney+ accolés à cette nouveauté : la série, comme Pam & Tommy, n’est clairement pas pour les enfants. Car, comme tout jeune adulte, les filles et garçons que l’on suit dans leurs pérégrinations sont, comme tout un chacun, animés de désirs, de pulsions, de colères. Et si les aventures bien punchy des principaux personnages (trois colocataires tout juste majeurs à Manchester) ressemblent à n’importe quelle sitcom faites de dragues, de romances avortées ou pas, de quête d’existence dans un monde compliqué, les pouvoirs attribués à chacun reflètent souvent ce qu’ils se souhaitent vraiment : une vie de couple ou une vie d’éternelle célibataire, une vie rangée ou au contraire à profiter de chaque instant. Malgré cela, malgré cette trame convenue, les scénaristes insufflent assez de moments de folie, d’irrévérence bien sentie et de noirceur diffuse pour en faire un programme inédit, qui se démarque du tout-venant en osant pas mal de choses et quelques scènes mémorables. Un vrai côté « envie de binger toute la saison pour voir jusqu’où ils vont aller ». Et si les deux derniers épisodes s’essoufflent un peu dans le politiquement correct, l’ensemble propose assez de plaisir pour faire oublier cela.

3. Parce que son héroïne, c’est un peu nous tous

Jen n’a aucun pouvoir. Trois ans qu’elle a fêté ses 18 ans, mais rien ne s’est déclaré. A la recherche de son pouvoir caché (s’il existe), elle reste donc Jen, perdue au milieu des autres qui ont tous des dons, et perdue dans une société qui ne lui apporte rien de génial. Gaffeuse, drôle et un peu barrée, inexistante au regard de sa famille et à l’aise avec ses colocataires pas complètement équilibrés, elle est un mix entre une Bridget Jones et une Carrie Bradshaw à la sauce mancunienne. Bref, l’héroïne parfaite à laquelle s’identifier. Et si son chemin de croix pour découvrir son super-pouvoir n’est qu’un fil rouge prétexte, cela permet au talent de la comédienne irlandaise Máiréad Tyers d’exploser à l’écran. Rarement une actrice de série comique aura séduit dès les premières scènes. Elle y est parfaite, campant un personnage irrésistible et pourtant tellement commun. Un régal.

4. Parce que c’est une comédie britannique, dont acte

Aux commandes de ce petit bijou, les producteurs de Killing Eve, déjà bien déjantée, qui lorgnent ici du côté de la comédie assumée. Si vous aimez les Misfits, Derry Girls, Sex Education, Extraordinary est donc forcément pour vous : humour anglais constant, trouvailles visuelles à gogo, scénario efficace et souvent inattendu. Toutes les cases de ce que l’on aime voir sur un écran, un dimanche après-midi sous un plaid avec ses potes, est ainsi réuni, avec des accents irlandais et anglais craquants. Et, comme souvent outre-Mache, une série audacieuse mais jamais prétentieuse, de la comédie humaine fine ou coquine mais toujours empreinte d’une empathie émouvante. Et agrémentée d’une bande-son parfaite as usual puisque vous y entendrez pêle-mêle  Courtney Barnett, Julian Cope, The Shins, Wet Leg, The Go!Team, Beck, Magnetic Fields, Flaming Lips, Yeah Yeah Yeahs… je continue ou vous êtes convaincus ?

5. Parce que c’est probablement et déjà une des meilleures séries marrantes de l’année

…et rien que cela en fait la raison primordiale de la regarder. De rien.

Jean-françois Lahorgue

Extraordinary, saison 1
Série britannique créée par Emma Moran
Avec Mairead Tyers, Sofia Oxenham, Bilal Hasna
Genre : Aventure, Comédie, Fantastique
8 épisodes de 30 minutes
Diffusion : Janvier 2023 sur Disney+