« Sur l’Adamant » : Voyage immobile en compagnie d’êtres singuliers

Pour son nouveau documentaire, Sur l’Adamant, Nicolas Philibert nous fait partager le quotidien d’un groupe de patients et de soignants, dans un lieu unique en son genre, en bord de Seine à Paris.

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Copyright Les Films du Losange

Ours d’or à Berlin en 2023, à la surprise générale, Sur l’Adamant, le nouveau film documentaire de Nicolas Philibert, nous plonge dans un centre de jour situé dans un bâtiment aux allures de grosse péniche, en bord de Seine, au cœur de Paris, dans lequel sont accueillis des hommes et des femmes souffrant de troubles psychiatriques divers. Entouré d’une équipe de psychiatres et d’éducateurs bienveillants, ce petit monde se confie à l’équipe du documentariste, chacun, racontant (un peu) son parcours, les troubles dont il souffre, ses attentes, ses espoirs, ses passions, etc…

sur-ladamant-afficheLe documentariste, révélé aux yeux du grand public en 2002 avec Etre et avoir, revient dans l’univers de la psychiatrie et des troubles mentaux après La moindre des choses sorti en 1996, un documentaire tourné à la clinique psychiatrique de La Borde. Cette fois, il a choisi l’Adamant, un lieu singulier, à l’architecture étonnante, un bâtiment sur lequel le réalisateur ne s’attarde, malheureusement, pas plus que ça, hormis quelques plans en début et en fin de film. On aurait aimé savoir, par exemple, en quoi l’architecture et l’organisation intérieure d’un tel lieu avait son importance dans l’organisation et la relation entre patients et soignants.

Non, ce qui intéresse véritablement Nicolas Philibert, c’est les personnages évoluant en son sein, qu’il évoque à travers une série de portraits variés et attachants… Dans ce tableau, cette galerie de personnages contrastée, on croisera un grand type édenté, fan des chansons de Téléphone, un artiste lunaire aux airs de Michel Houellebecq, une mère à qui l’on a retiré son enfant…
Des personnages décalés, parfois drôles, parfois émouvants, tourmentés, desquels se dégage une forme d’innocence et de complexité mêlées, mais aussi de poésie, et qui tentent de se reconstruire à travers la pratique de l’art (danse, peinture, photographie, musique…).

La voie qu’a donc choisie Nicolas Philibert pour ce documentaire à la mise en scène très classique, est de montrer des personnes, toutes évidemment sous tranquillisants, dans un cadre apaisant, dans une dynamique positive de reconstruction, de partage et d’écoute, loin du tableau de la psychiatrie castratrice ou déshumanisée telle qu’elle peut être montrée ou décrite par ailleurs.

On regrettera peut-être que le film n’aille pas plus au fond des choses, qu’il nous raconte plus précisément comment s’organise le travail au sein de cette structure flottante. Reste, au final, l’impression d’avoir vu un portrait partiel de cet univers. Un documentaire auquel il manque un peu d’aspérités, d’accrocs, de contrastes. Un film qui reste en surface, malgré la belle expérience qui constituera ce voyage immobile sur l’Adamant en compagnie de gens presque comme nous.

Benoit RICHARD

Sur l’Adamant
Film de Nicolas Philbert
Genre : Documentaire
Durée : 1h49
Sortie : 19 avril 2023